Thierry Tabaraud ouvre son complexe vers Nancy

©StéphaneGoubault

Après plus d’un an de travaux, le Néopolis de Neufchâteau, à 40 minutes de Nancy, a ouvert ses portes au public le 3 octobre. Un complexe flambant neuf de 3 salles, implanté dans un quartier en adéquation avec son temps.

C’est à la fin des années 2010 que remontent les premières discussions sur la construction d’un cinéma moderne au cœur de la ville de Neufchâteau. Initié par la communauté de communes de l’Ouest vosgien, le débat a abouti dans un premier temps à une étude de marché puis un appel à candidature en délégation de service public. C’est à ce moment-là que la société de Thierry Tabaraud a pointé le bout de son nez et obtenu l’exploitation du futur complexe en 2014. Un multisalle qui a été confié à l’architecte Maria Godlewska, pour des travaux qui auront duré environ un an, autour d’une base réalisée notamment en voiles de béton. « L’extérieur du cinéma est d’ailleurs une vraie restructuration », glisse Thierry Tabaraud, président de la SARL « Les Écrans de Neufchâteau », chargée de l’exploitation du cinéma en service public. Au total, le projet soutenu financièrement par le Département, l’Etat, le CNC et la Région Grand Est, aura coûté 3,35 millions d’euros. À son ouverture, le complexe est devenu le seul espace dédié au cinéma, l’icône locale, feu le Scala, ayant quitté son tablier de salle de cinéma.

Se rapprocher du public

Seul diffuseur d’œuvres cinémas, la jeunesse du Néopolis et de ses 3 salles (respectivement de 200, 110 et 70 fauteuils) porte d’emblée ses fruits. « Nous avons accueilli 2 800 personnes en première semaine et 2 200 en deuxième », se réjouit Thierry Tabaraud. Une prouesse pour un établissement qui vise les 60 000 entrées annuelles dans une commune de quelque 8 000 âmes. Comptoir confiserie, loveseats et bornes billetterie complètent l’offre proposée au public, en attendant la mise en place prochaine de la réservation en ligne. « Et surtout, nous ouvrons une salle entièrement Atmos, ce qui en fera l’une des rares salles équipées de ce son immersif dans toute la Lorraine. » En pleine réalisation du dossier, le Néopolis s’appuie sur une programmation diversifiée et espère obtenir rapidement les labels Art et Essai. Le cinéma compte aussi attirer son public en insistant sur un emplacement idéal. « Nous sommes en plein centre-ville, ce qui va dans le sens de l’idée que pour que le cinéma survive, il doit se rapprocher de son public. Là, on veut pousser les gens à ne pas se poser de questions pour venir. À laisser leur voiture, et venir à pied. »

La qualité des films mise en cause

Le Néopolis propose des doubles séances en soirée, adaptées pour permettre aux spectateurs d’avoir le temps de se restaurer, en amont ou en aval du film, dans les établissements voisins. Des restaurants et commerces qui constituent un tissu de partenariats potentiels sur lesquels le multiplexe entend bien s’appuyer, au même titre que les différentes associations locales, friandes d’événements et d’animations autour du 7e art. Autant d’éléments qui favorisent un regain évident de spectateurs. « En plus du public qui allait au Scala, nous attirons de nouvelles personnes qui pouvaient avoir l’habitude d’aller à Nancy pour voir un film, à 40 minutes de route. Mais de nouvelles problématiques se dressent devant nous, évoquées par les spectateurs eux-mêmes : la qualité des films. » Issu d’une famille de cinéphiles et ayant découvert le milieu de l’exploitation assez tôt, Thierry Tabaraud dresse un constat implacable : « Il y a un véritable mécontentement de la part du public sur les films qui sont proposés », juge celui qui possède aujourd’hui 5 cinémas dans le Grand Est (25 salles). « Si on veut garder nos spectateurs, il faut créer des émotions, faire des choses qui les perturbent. Et surtout, il faut absolument que l’on donne du temps et des moyens à l’écriture. »

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