Rachida Dati : « La culture doit être un service public, notamment pour les plus démunis »

Voeux de la ministre de la culture Rachida Dati aux acteurs culturels et à la presse au musée de l'immigration à Paris, France, le 29 janvier 2024. "Je suis absolument déterminée (...) Quand je vous quitterai, vous ne pleurerez pas. Vous m'applaudirez!". © Christophe Clovis/Bestimage

Lors de ses vœux aux acteurs culturels le 29 janvier, puis ce matin sur France Inter, la nouvelle ministre de la Culture a insisté sur le droit à la culture pour tous, qui doit passer, entre autres, par un audiovisuel public puissant.

À tous ceux que sa nomination a surpris, l’ancienne garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy a d’abord tenu à affirmer l’importance de la culture dans sa vie. Ce n’est pas un hasard si elle a choisi de s’adresser aux acteurs culturels depuis le musée national de l’histoire de l’immigration : « Quand on a un parcours comme le mien, je peux vous assurer que la Culture entre dans votre vie d’une manière qui ne vous quitte plus ». Citant le service public audiovisuel qui l’a nourrie avec des émissions comme “Mosaïque”, “Au théâtre ce soir “ ou “Le cinéma de minuit”, l’importance de l’école mais aussi des MJC et des bibliobus, ou encore d’associations comme le Genepi qui intervient en prison, la ministre a insisté sur l’importance de la culture « qui fabrique un citoyen » et qu’il faut « replacer au cœur de notre projet de société, pour que plus personne ne puisse se dire : “ce n’est pas pour moi” ». Et si elle n’a pas annoncé de mesure concrète, Rachida Dati a martelé que la question des droits culturels « doit être notre obsession ». Deux jours après sur France Inter, elle a fait part de sa volonté de développer l’apprentissage en alternance dans les métiers de l’art et de la culture, « et d’augmenter le nombre de boursiers dans ces filières d’excellence ». 

Priorité à la ruralité

Le tout en essayant de rassurer les créateurs – « la culture pour tous, ce n’est pas du nivellement par le bas »soulignant que l’éducation populaire ne s’oppose pas à l’ambition artistique. « Le pass Culture est le meilleur exemple de ces dépassements. Il constitue une formidable opportunité de réinvention de notre offre culturelle, à distance des algorithmes qui en abîment la diversité », estime la ministre qui insiste aussi beaucoup sur les lieux. Tout en reconnaissant que la France est forte du « maillage d’équipements culturels le plus fin et le plus divers du monde », souvent grâce à l’investissement des élus locaux, elle s’inquiète particulièrement des territoires ruraux où vivent 22 millions de Français mais qui ne comptent que 5 % des scènes labellisées « spectacle vivant ». Elle vient ainsi de lancer « le Printemps de la ruralité, une concertation nationale sur l’offre culturelle en milieu rural, qui va durer deux mois ». Plus largement, elle affirme être « complètement mobilisée pour que les lieux aient toujours les moyens d’accomplir leur raison d’être : créer, se produire, être diffusé ».

Audiovisuel public et liberté d’expression

Sur l’avenir du service public audiovisuel, Rachida Dati réaffirme le rôle des médias, « l’un des piliers de notre démocratie » dans un contexte de transformation technologique, tout comme le « besoin d’un audiovisuel public puissant ». Sans parler directement de fusion entre Radio France et France Télévisions, la ministre « souhaite accélérer la coopération des sociétés, pour aller plus loin dans une offre ambitieuse, et dans ces conditions obtenir un financement pérenne ». Car la création audiovisuelle « doit évidemment beaucoup au CNC, mais aussi aux médias eux-mêmes ». Et d’ajouter sur les ondes de France Inter « Il faut faire cette réforme vite, et là-dessus vous pouvez compter sur moi ».
Au passage interrogée sur Justine Triet et son discours cannois, Rachida Dati dit d’abord avoir été « bouleversée » par ce film, et notamment par « le point de vue de l’enfant, pour moi qui ai vécu dans la violence », et sa vision de la justice. Quant à la liberté d’expression, « Justine Triet est artiste, elle a le droit de s’exprimer ».

Parmi les autres sujets évoqués, l’intelligence artificielle, et l’urgence « à inventer un nouveau cadre éthique, pour que la technologie soit au service de la Culture et de la rémunération des créateurs » mais aussi « de développements créatifs inédits ». Rachida Dati a annoncé la publication le 30 janvier de l’appel Création immersive et métaverse, « avec une dotation inédite ».

Voeux de la ministre de la culture Rachida Dati aux acteurs culturels et à la presse au musée de l'immigration à Paris, France, le 29 janvier 2024. "Je suis absolument déterminée (...) Quand je vous quitterai, vous ne pleurerez pas. Vous m'applaudirez!". © Christophe Clovis/Bestimage

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