« Nous espérons prolonger notre innovation historique et mettre fin à l’opposition entre les plateformes et le cinéma »

Samuel Loiseau, directeur des opérations d'UGC © UGC

ENTRETIEN – Il y a près d’un mois, le circuit lançait une gamme de nouvelles cartes illimitées et annonçait un partenariat inédit avec Canal+ dans le cadre d’une offre conjointe aux moins de 26 ans. Le directeur des opérations cinéma d’UGC, Samuel Loiseau, revient sur les réflexions et les enjeux qui ont accompagné ces évolutions.

 24 ans après l’introduction de ses abonnements d’accès illimité au cinéma, le circuit a fait évoluer son offre avec de nouvelles cartes, en série limitée. Les offres UGC Illimité semaine, week-end, famille et Viva l’opéra viennent ainsi s’ajouter aux formules historiques 7/7, duo et moins de 26 ans. Pour ces derniers, un abonnement pour moins de 26 euros par mois leur permet de bénéficier conjointement des services de la plateforme Canal+ et du circuit. Retour sur ces évolutions en compagnie de Samuel Loiseau, directeur général des opérations cinéma d’UGC.

Comment expliquez-vous « le besoin de flexibilité » que vous avez évoqué lors de l’annonce de cette nouvelle gamme de cartes illimitées ? 

Flexibilité au sens de s’adapter aux habitudes de nos clients, actuelles comme potentielles. Nous avons des spectateurs qui ont des usages très différents ; certains vont au cinéma exclusivement le week-end, d’autres en semaine. Ils aimeraient bien payer moins cher leur carte, dans la mesure où ils n’y vont pas tous les jours. Nous nous adaptons donc au rythme de vie des clients, qui peuvent par ailleurs venir seul ou en famille, d’où l’extension de notre gamme. 

La réduction de la durée d’engagement initial à six mois pour les formules historiques est également une demande que l’on a corroborée par les études que nous avons menées. De plus, réduire cette durée peut déclencher l’envie de s’engager pour certains spectateurs. De même pour le tarif accompagnant à 8 euros la place pour les abonnés qui veulent venir accompagnés de temps à autre.

Avez-vous également observé des pratiques qui nécessitaient de lier les séances Viva l’Opéra à une offre illimitée ? 

Au global, l’abonnement favorise l’usage, donc la croissance des usages est souvent liée au développement et à la multiplication des formules d’abonnement. On le constate dans plusieurs secteurs, tels que la SVoD, la presse ou les salles de sport. Il n’y a pas de raison que cela soit différent pour le cinéma. Nous savons qu’il y a des clients amoureux à la fois de cinéma et d’opéra, donc s’ils ont accès à une formule d’abonnement qui réunit ces passions, cela facilitera leur déplacement.  

Chacune de ces formules est limitée aux 5 000 premiers souscripteurs, le temps qu’UGC puisse évaluer les nouvelles pratiques de sa base d’abonnés. Qu’en est-il de ces observations, presque un mois après le lancement de ces nouvelles cartes ?

Nous avons engrangé des données, mais elles sont confidentielles et concurrentielles. Cependant, ces séries n’ont pas vocation à rester limitées dans la durée. Elles ont surtout pour objectif de mesurer les usages liés à ces nouvelles formules afin d’adapter notre proposition, avec une volonté ferme de les prolonger, à l’instar de nos offres historiques, sur lesquelles nous avons 24 ans de recul.

Dans quelle mesure le décret issu du rapport Lasserre sur l’assouplissement des offres illimitées a simplifié l’intégration de ces nouvelles cartes ?

Les pouvoirs publics sont pleinement conscients de la nécessité de renforcer le cinéma en salles. La série de travaux issue du rapport Lasserre, qui a commencé en octobre dernier et qui visait à modifier la réglementation en lien avec les cartes illimitées, était évidemment une attente de notre part. Cela nous aide à répondre aux souhaits des spectateurs, à être beaucoup plus offensifs et agiles face aux offres commerciales des plateformes. L’évolution de cette réglementation a donc rendu possible le lancement de cette nouvelle gamme. 

Il y a une attention particulière pour le jeune public, notamment avec l’offre UGC x Canal+ pour les moins de 26 ans. Quelles sont les motivations de ce partenariat et pourquoi autour de cette frange de la population ? 

Pour commencer, nous savons que nos clients “illimités”, et a fortiori les plus jeunes d’entre eux, sont des grands utilisateurs de tous les produits audiovisuels, quelles que soient leurs sources. Ils sont passionnés de cinéma, mais également de séries, qu’ils visionnent sur leurs télévisions, leurs tablettes ou sur grand écran. Nous nous sommes très rapidement dits qu’il fallait proposer une formule qui lie le cinéma et le visionnage en illimité de films et séries sur des plateformes, comme le propose Canal+ dans ses abonnements. 

Nous avons testé cette formule, notamment sur des jeunes, qui nous ont répondu : « Je ne veux pas avoir à choisir entre voir un film dans mon salon ou dans mon cinéma, je veux une formule d’abonnement avantageuse, qui me permette d’aller voir tout ce que je veux, sans me poser la question. » Nous avons donc voulu répondre à cette attente forte, avec notre partenaire Canal+ qui compte également des centaines de milliers d’abonnés. Avec cette proposition, on espère prolonger notre innovation historique des abonnements illimités et mettre fin à l’opposition entre les plateformes et le cinéma que certains pouvaient caricaturer. 

Samuel Loiseau, directeur des opérations d'UGC © UGC

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