L’Observatoire de la diffusion du CNC confirme la hausse de la concentration

L’étude publiée ce 17 janvier revient sur les évolutions qui ont marqué les deux années de crise, jusqu’à l’automne 2022. 

Dans le contexte de la crise sanitaire, l’Observatoire de la diffusion et de la fréquentation du CNC a constaté des plans de sortie bien plus larges sur les premières semaines et un meilleur accès des salles aux films. L’offre a été quantitativement importante depuis la réouverture de 2021 (27 % de films en plus en première semaine par établissement par rapport à la moyenne 2017-2019), mais on sait qu’elle a été moins porteuse, notamment à cause du peu de blockbusters américains. L’écart s’est creusé en 2022 avec 1,3 film US contre 7,6 films français, quand le ratio avant-crise était de 2,4 films US pour 7 films français. 
De façon générale, les films ont donc été diffusés dans un plus grand nombre d’établissements : en 2021, 178 cinémas en moyenne ont eu accès à des sorties nationales, contre 140 en 2019. Une situation qui s’est maintenue : à fin septembre 2022, 177 établissements étaient servis en première semaine. Les films restent toutefois moins longtemps à l’affiche, en particulier ceux qui sont recommandés art et essai. Quant au nombre de séances par film et par établissement, il a retrouvé en septembre 2022 son niveau d’avant Covid.

Moins d’entrées par séance, et une concentration sur les dix premiers films

Toujours autant de séances, mais pas encore assez de spectateurs : de fait, les moyennes par séance sont très inférieures à celles d’avant crise. En 2021, on comptait en moyenne 19 entrées par projection (15,3 pour les films français et 23,2 pour les films américains), soit 23 % de moins que pour la période 2017-2019. Et à l’automne 2022, on est tombés à 16,2 entrées par séance (-30 %). Sans surprise, 10 films par semaine concentrent à eux seuls 20 % des séances, contre 18 % en 2017-2019. 
L’étude confirme aussi que la concentration des entrées sur les 10 premiers films n’a jamais été aussi forte. Si les films art et essai avaient proportionnellement moins perdu de spectateurs au début de la crise, le public privilégie désormais les “valeurs sûres ». En 2022, 38 % des entrées sont réalisées sur le top 10, contre 29 % en 2021, et 23 % en 2017-2019. Il faut toutefois relativiser ce chiffre tant que la fréquentation totale n’a pas retrouvé son niveau “d’avant ».  

Domination des majors US et des trois premiers circuits de salles…

Concernant les performances des distributeurs, l’étude du CNC s’arrête à 2021 mais montre déjà un renforcement du poids des majors par rapport à 2017-2019. Warner Bros. et Universal Pictures ont retrouvé leur niveau d’avant-crise dès 2021… et Disney, qui ne représentait que 13 % des entrées « majors » en 2021, s’est rattrapé en 2022 [voir le top distributeurs de l’année dans le Boxoffice Pro de ce 18 janvier]. Les studios américains enregistrent plus de la moitié des encaissements (58 % en 2021 et 54 % à septembre 2022), même si leur part de marché reste beaucoup moins importante que chez nos voisins : 53,8 % des entrées en France en 2021, quand elle est de 83,1 % en Espagne ou de 90,9 % au Royaume-Uni
Concentration aussi du côté exploitation : les trois premiers circuits encaissent plus de la moitié des recettes (53 % en 2021, soit +2,7 points vs. la moyenne 2017-2019) pour 46 % des entrées salles. Une hausse en partie liée à leur poids plus important dans le parc de salles (à 34 %, soit +2,5 points) et aux tarifs pratiqués (un écart de près de 1 € entre les 3 premiers opérateurs et la moyenne nationale et une forte progression de la part des entrées à 10 € et plus pour les circuits). Le taux d’occupation des fauteuils, pour les trois premiers opérateurs, est toutefois égal à la moyenne nationale en 2021 (10,5 %).

… mais un renforcement des établissements art et essai en 2021

En 2021, près de 1 300 établissements sont classés art et essai, soit 82 cinémas de plus que la moyenne 2017-2019 (+7 %), ce qui représente 63 % du parc de salles (+4,5 points). Cet “effet parc” entraîne un moindre recul des cinémas art et essai en termes d’entrées, (- 49 % vs. la moyenne 2017-2019, -56 % pour les cinémas non classés), mais une moyenne par séance du même ordre que pour les cinémas non classés. Les salles art et essai proposent aussi davantage de films en 2021 : 30 % en plus en première semaine par rapport à la moyenne 2017-2019, soit une hausse plus importante que pour l‘ensemble des salles (+27 %).L’étude détaille la programmation et les résultats des films et des salles art et essai pour 2021… en attendant d’avoir des chiffres précis pour 2022.

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