Congrès FNCF – Ce mercredi matin s’est déroulé le traditionnel échange entre exploitants et le CNC, qui a permis d’aborder les principaux sujets qui animent le secteur, de la réforme art et essai au piratage en passant par la concentration des salles.
Si Richard Patry, président de la FNCF, s’est attaché en préambule à rappeler l’importance d’un centre national du cinéma qui soit un partenaire et non une autorité, Dominique Boutonnat, dont c’est le premier congrès en tant que président du CNC, a affirmé que « c’est la salle qui donne le « la » à tout le milieu du cinéma ». Et de prendre trois engagements sur les points de friction : d’une part, l’instauration d’ici fin décembre d’un dispositif spécial permettant d’accompagner les salles qui ont besoin de renouveler leur équipement numérique ; d’autre part, trouver des solutions pour donner plus de souplesse à l’aide sélective à la modernisation des salles, bien qu’elle s’inscrive dans un budget contraint ; enfin, la publication d’ici la fin de l’année d’un premier bilan de la réforme art et essai, afin d’évaluer et d’ajuster les effets de seuil et l’aide à la programmation difficile. L’occasion pour lui d’annoncer que les subventions sur ce point seront versées dès le mois de mars 2020.
Sur le financement du CNC, Dominique Boutonnat a rappelé que les recettes affectées sont passées sous la barre des 700 millions d’euros, alors que les dépenses n’ont pas baissé. « Il est temps d’aligner les dépenses du Centre sur ses ressources. »
« Quatre défis font face à la salle : la fidélisation du public, l’exposition des films, l’amélioration de l’écriture des œuvres et le développement de la cinéphilie des publics jeunes. »
Dominique Boutonnat,
président du CNC.
Ont ensuite débuté les échanges avec la salle. Jean Labadie, en qualité de distributeur indépendant, et Michel Humbert, en tant que programmateur indépendant, ont tous deux fustigé l’ouverture de la publicité pour le cinéma à la télévision, qui ne présente selon eux aucun intérêt et menace l’ensemble de la filière. « Cette ouverture sera expérimentée et si elle ne marche pas, nous l’arrêterons », a répété Dominique Boutonnat.
Face à la concentration des grands circuits, les exploitants indépendants demandent un accompagnement plus que financier. Xavier Lardoux, directeur du cinéma au CNC, s’est engagé à mettre en place un groupe de travail pour évaluer ce phénomène en s’appuyant notamment sur le récent rapport de la CNACi et à instaurer un groupe sur l’économie des salles de la petite et moyenne exploitation avec la Banque publique d’investissements.
Interpellé par la grande exploitation qui se dit entravée par les engagements de programmation, Xavier Lardoux a annoncé un bilan sur ce sujet en octobre mais a réaffirmé la nécessité « d’un cadre pour limiter la multidiffusion et laisser la place à la diversité ».
Sur l’éducation à l’image, a été évoquée la notion d’égalité d’accès aux salles sur tout le territoire (coût des transports, rôle des circuits itinérants…). Xavier Lardoux a incité les salles à faire pression sur leurs élus dans le cadre des élections municipales et de la négociation des nouvelles conventions triennales CNC/État/Régions. Sur la volonté de toucher 100 % des élèves avec les dispositifs nationaux, Dominique Boutonnat a reconnu son caractère « illusoire », encourageant les exploitants à se concentrer « davantage sur la qualité que la quantité ».
Par ailleurs, aucune réponse concrète n’a été apportée concernant l’enveloppe allouée à l’aide sélective à la modernisation des salles, tandis que celle allouée à l’art et essai est par principe contrainte.
À l’issue des débats, la députée LREM Aurore Bergé est intervenue sur la lutte contre le piratage, qui doit être le socle de la loi audiovisuelle, ajoutant de façon générale qu’il est « inenvisageable de plafonner les ressources du CNC ».
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