Le réseau Confluences en France ou le circuit ibérique Cinesa proposent d’accueillir la campagne de vaccination dans leurs cinémas. Une initiative déjà expérimentée en Angleterre et aux États-Unis, pays parmi les plus endeuillés.
Début janvier, Cédric Aubry a proposé aux élus locaux des cinq territoires où sont implantés ses cinémas Confluences de les mettre à disposition comme lieux de vaccination : « Ils sont adaptés pour recevoir du monde et c’est notre métier que de gérer les flux : en France, les cinémas accueillent parfois près de 10 millions de spectateurs en une semaine », souligne l’exploitant. « Nos sites internet pourraient être utilisés en interface avec Doctolib, nous avons un protocole sanitaire rôdé et les gens pourraient patienter dans les salles où on leur projetterait des bandes annonces… ce ne serait pas très compliqué ! » Si cela ne dépend pas des élus locaux mais des ARS, administrés par l’État, tous ont répondu très favorablement à la proposition de Cédric Aubry, tout comme les professionnels, y compris chez les circuits. Jacques Font à Perpignan, Jean Villa à Muret notamment… ont eux aussi émis l’idée auprès de leurs maires. Trop tôt sans doute, quand on sait que le problème actuel, plus encore que la logistique, est l’accès aux doses. Mais alors que la perspective d’une réouverture des salles s’éloigne un peu plus, et que celle de l’arrivée du nouveau vaccin AstraZeneca s’approche, « la proposition des exploitants aurait du sens ». Pour le président de Confluences qui revendique « être un acteur citoyen et entretenir un lien privilégié avec notre public : c’est le moment où jamais de le montrer ».
Car chez lui comme ailleurs, « les installations sont spacieuses, ventilées et climatisées », rappelle la branche espagnole du groupe Odeon qui a repris les séances depuis l’été dernier. Dans le contexte du strict protocole sanitaire déjà en place, le circuit estime lui aussi que ses établissements sont « capables de gérer l’accueil des patients mais aussi de couvrir les besoins énergétiques requis par les congélateurs de maintenance des vaccins ». En outre, les responsables soulignent que les 39 cinémas Cinesa (dont 14 à Madrid et 9 à Barcelone), dont la plupart sont implantés dans des centres commerciaux, présentent une facilité d’accès par transports publics ou disposent de parkings. À noter que bien que les séances soient autorisées dans la majorité des régions autonomes, on estimait que seulement 30 % du parc cinématographique espagnol était encore en activité au 21 janvier.
Toujours du côté d’Odeon, leader de l’exploitation européenne – acquis par AMC en 2016 – le service a déjà été proposé aux autorités compétentes dans d’autres pays d’implantation. L’Odeon Cinema d’Aylesbury en Angleterre est ainsi devenu, depuis le 16 janvier, un centre de vaccination.
Aux États-Unis, une expérience similaire est menée en Caroline du Nord, au Pointe 14 à Wilmington. Le magazine Variety rapporte que l’établissement, appartenant au réseau Stone Theatres et fermé depuis mars 2020, a ouvert mercredi dernier ses espaces aux équipes de l’hôpital local, permettant de passer de quelques centaines de vaccinations par jour à 1 300 environ, notamment grâce à son hall immense et à ses places de parking disponibles. Après une inscription préalable en ligne, le « public » s’enregistre aux bornes billetterie du cinéma… qui distribuent désormais des formulaires médicaux. Après leur piqûre, les patients sont invités à s’installer dans les salles du cinéma pour s’assurer qu’ils n’ont pas d’effets secondaires indésirables. Selon Variety, Dale Coleman, le vice-président du circuit Stone Cinemas, qui exploite quatre autres cinémas en Caroline du Nord et du Sud, a proposé aux autorités sanitaires locales de les utiliser aussi comme centres de vaccination, et appelle la NATO – l’association nationale des cinémas américains – à encourager ses membres à faire de même.
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