Le Studio des Ursulines, une transformation distinguée pour des débuts engagés dans la distribution

xtérieur, la façade affiche désormais le nom du cinéma dans sa typographie originelle, tandis que le trottoir a été étendu. © Boxoffice Pro / DW

En deux ans, le cinéma parisien spécialisé dans le jeune public s’est offert une rénovation, à la fois de sa salle et de son entrée. Il assure également, pour la première fois, la sortie d’un programme de courts métrages intitulé Cœurs Perdus

Article paru dans le Boxoffice Pro du 24 juillet 2024. 

Le temps de la fondation du Studio des Ursulines, instiguée en 1925 par les comédiens Armand Tallier et Laurence Myrga, ne semble plus très loin au regard de la batterie de travaux réalisée en l’espace de deux ans pour retrouver l’éclat du cinéma historique du 5e arrondissement. La première salle classée art et essai de France en 1955 s’est, en effet, parée de ses plus beaux atours pour renforcer la mission qu’elle s’était confiée en 2003 ; celle d’offrir un lieu de découverte du cinéma, dans toute sa diversité, au jeune public : « Nous voulions retrouver l’aura de la salle d’antan », confie la directrice et programmatrice du Studio des Ursulines, Emilie Nouveau, en parcourant du doigt les éléments qui ont fait l’objet d’une rénovation. En 2022, les sièges déchirés ont laissé place à 121 fauteuils rouges flambants neufs numérotés et ornés du logo du cinéma, dessiné par le peintre et décorateur Fernand Léger. L’écran ainsi que le rideau à la romaine ont également été changés, tandis que le système d’air a été remis aux normes et les toilettes ont fait l’objet d’importants travaux, de l’ajout d’une main courante à l’instauration d’un lavabo à hauteur d’enfants, le tout dans un style art déco. Côté accessibilité, le cinéma est désormais équipé d’une boucle pour les malentendants.

En 2022, les sièges déchirés ont laissé place à 121 fauteuils rouges flambants neufs numérotés et ornés du logo du cinéma. ©Boxoffice Pro / DW

« À l’extérieur, nous avons refait la façade en reprenant la typographie originelle pour le nom du cinéma et en enlevant la marquise qui le surplombait », complète Emilie Nouveau, en n’omettant pas de mentionner l’un des plus gros chantiers de cette refonte, à savoir « une extension du trottoir et l’ajout de barrières, empêchant les voitures de se garer devant le cinéma, pour permettre un meilleur accueil des enfants, notamment des groupes scolaires ».  

Un renouveau
qui appelle du nouveau

Si le cinéma a désormais finalisé sa mue, la programmation, elle, reste marquée par des œuvres art et essai fortes et indépendantes à destination des plus jeunes. Le Studio des Ursulines a donc à cœur d’accompagner tous les publics scolaires, de la maternelle au lycée, qui représentent par ailleurs 50 % des entrées, au nombre de 35 000 l’an dernier. Chaque mercredi à 14h15 et tous les jours durant les vacances, le cinéma accueille des centres de loisirs, qui peuvent également bénéficier d’ateliers, d’animations ou de visites des lieux, au même titre que les associations. « Nous programmons également des festivals, des avant-premières accompagnées et des ciné-clubs, comme le sandwich-club tous les trois mois, autour d’un film culte », énumère la directrice salle. 

Au-delà du versant consacré à l’exploitation, le Studio des Ursulines investit désormais le créneau de la distribution en assurant la sortie du programme de courts métrages Cœurs Perdus ; une première pour la structure. « Nous avons une carte de distribution, qui nous sert dans le cas de divers événements. J’avais envie, à titre personnel, de l’utiliser pour parler de thématiques liées à l’exil et au déracinement, car je voyais bien que le pays était en train de se fracturer sur ces questions, relate Adrien Desanges, le gérant du cinéma, dont l’idée a germé durant la séquence politique sur la loi immigration, en décembre 2023. Nous sommes souvent dépendants des distributeurs pour évoquer certains sujets, et là, je n’ai pas trouvé de sortie qui parlait aussi bien de l’immigration et de la souffrance qu’il y a derrière chaque départ. »

Prévus pour le 11 septembre, les trois courts métrages qui composent ce programme sont destinés à la fois à un jeune public – de plus de 11 ans – et aux adultes : Bach-Hông d’Elsa Duhamel (2019), un documentaire animé sur une jeune Vietnamienne, fascinée par les chevaux et protégée de la guerre jusqu’à la prise de Saïgon par les communistes en 1975 ; Le Départ de Saïd Hamich Benlarbi (2020), une fiction scrutant la vie d’Adil, onze ans et fan du coureur Hicham El Guerrouj, qui va être marqué par l’arrivée de son père et de son grand frère de France ; et À cœur perdu de Sarah Saidan (2022), un film d’animation sur un immigré iranien installé en France et victime d’une agression. « Les programmes de courts sont assez courants dans la distribution jeune public. Celui-ci est composé de trois petits chefs d’œuvres, avec des propositions visuelles différentes, mais une certaine cohérence dans le fond ». Le distributeur engagé, qui vise une quarantaine de salles, espère ainsi faire davantage découvrir le format au grand public, à l’instar de la réalisation de Saïd Hamich Benlarbi, qui a rencontré un véritable succès dans plusieurs festivals de courts métrages. 

Pour l’heure, la fiche film a été mise en ligne sur le site du cinéma, de même que le document pédagogique qui accompagne le programme. Le film annonce, lui, ne va pas tarder à rejoindre les canaux de diffusion et les avant-séances. La communication s’axera principalement sur les réseaux sociaux, par l’entremise des comptes du Studio, mais également ceux de Benshi, la plateforme de SVOD consacrée au jeune public créée en 2017 à l’initiative du cinéma. Des partenariats avec Libération et Télérama sont également entérinés. Si une telle opération semble être une aventure sans lendemain, Adrien Desanges n’exclut pas de réitérer l’expérience, notamment « lors des périodes de disette de sorties jeunes publics, entre la fin des vacances de Pâques et le Festival d’Annecy ». En espérant que cette aventure ait donc un lendemain…

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