En 2022, le nombre de saisines auprès du Médiateur du cinéma a augmenté de 40 % par rapport à 2021, passant de 32 à 45. Un point sur le rapport d’activité de la médiatrice Laurence Franceschini, au terme d’une « année de contraste ».
À mesure que la fréquentation des cinémas repart progressivement à la hausse au lendemain de la crise sanitaire, les saisines du Médiateur du cinéma suivent.
Au global, 45 saisines ont été formalisées en 2022, soit 13 de plus qu’en 2021, auxquelles peuvent s’ajouter 76 demandes d’intervention informelles. Alors que 29 saisines ont été formulées par les exploitants – soit 64 % (dont 59 % d’établissements classés art et essai), un chiffre en baisse par rapport aux 78 % de 2021 (dont 44 % de cinémas classés) –, le Médiateur souligne une hausse notable des saisines venant des distributeurs (16), soit 36 % des demandes, contre 22 % en 2021. Sur ces deux années, tous les distributeurs demandeurs sont des indépendants.
Les mois de février, de mai, d’octobre et de novembre en ont connu le plus grand nombre, tandis que les films les plus cités en 2022 sont Avatar : La Voie de l’eau, Sans filtre, Viens je t’emmène, Le Défi de Noël, Van Gogh In Love (à trois reprises chacun), puis En corps, Novembre et Vesper Chronicles (deux fois).
Parmi les tendances post-réouverture, force est de constater que le rapport entre le nombre de films art et essai et leurs résultats moyens est plus faible depuis la réouverture. Quatre films (Dune, En Corps, Nomadland et La Panthère des neiges) ont atteint une moyenne de 2 000 entrées par site, alors qu’ils étaient 16 en 2019. En particulier à Paris, où moins de la moitié des films recommandés ont franchi le seuil, versus une quasi totalité pour les films art et essai porteurs en 2019. Par ailleurs, si le nombre de films distribués a augmenté, les combinaisons ont été moins larges, avec une concentration des films à moins de 500 copies sur les grandes villes.
En 2022, la ville de Paris a connu une forte augmentation du nombre de saisines : au total, elle en a fait l’objet de 42 % l’année dernière – contre 25 % en 2021, 16 % en 2020 et 15 % en 2019.
La périphérie de Paris a fait l’objet de 2 % des saisines, contre 0 en 2021, 9 % en 2020 et 3 % en 2019.
Comme en 2021, aucune saisine n’a concerné les villes de plus de 500 000 habitants (Marseille et Lyon), contre 2 % en 2020 et 1 % en 2019.
Les villes entre 50 et 500 000 habitants ont retrouvé le niveau de 2019 et ont concerné 42 % des saisines en 2022 (43 % en 2019)– contre 38 % en 2021 et 16 % en 2020.
Dans la trajectoire inverse, les villes de moins de 50 000 habitants n’ont concerné que 13 % des saisines – contre 37 % en 2021, 57 % en 2020 et 23 % en 2019.
Les zones de chalandise régionales ou nationales – comme l’Outre-mer – ont connu elles aussi une forte baisse du nombre de saisines, puisqu’elles en ont seulement concerné 4 % – contre 22 % en 2021, 26 % en 2020 et 15 % en 2019. Rappelons qu’à partir de 2022, les exploitants ultramarins ne passeront plus par un distributeur local et négocieront les conditions de location des films directement avec les distributeurs métropolitains, comme il a été acté en novembre 2022.
En dehors de Paris, Strasbourg est la ville à avoir le plus fait l’objet de désaccords entre distributeurs et exploitants (9 % des saisines, soit 5), devant Arles (7 %).
Toutes les saisines dans la ville des Bouches-du-Rhône sont venues du cinéma Le Méjan qui, avec les distributeurs Panocéanic et Mica Films, ont été les demandeurs les plus fréquents à l’échelle nationale, ayant chacun saisi le Médiateur à trois reprises.
Suivent les cinémas Star dans la capitale européenne, la Filmothèque du Quartier Latin et le Cinéma des Cinéastes à Paris, le Megarama de Nice et le distributeur Les Films du Losange – chacun ayant concerné 4 % des saisines totales, soit 2.
Du côté des défendeurs, The Walt Disney Company France et Studiocanal (classés premiers distributeurs américain et français en 2022 en termes d’entrées) ont été les plus cités (concernant 11 % des saisines chacun), devant le cinéma parisien Le Balzac (9 %) et le distributeur Bac Films (7 %). Sur les 64 % des saisines ayant appelé un distributeur à se défendre, 33 % ont concerné un distributeur indépendant.
Comme d’habitude, l’écrasante majorité des affaires (93 %) étaient liées au placement des films, dont 53 % concernant des films recommandés art et essai. 7 % des affaires étaient liées aux conditions d’exploitation d’un film, et aucune ne concernait une situation de concurrence ou une relation commerciale ; l’absence de contrat écrit entre distributeurs et exploitants ne devrait d’ailleurs pas été remis en cause, comme le préconise l’auteur de rapport Cinéma et régulation Bruno Lasserre, invité de l’Émission Boxoffice Pro du 11 mai.
À l’issue des saisines, 71 % des affaires ont fait l’objet d’une conciliation, un chiffre en nette hausse par rapport aux années précédentes, puisque le taux de conciliation global s’élève à seulement 59 % en 2021, 53 % en 2020 et 57 % en 2019.
47 % des affaires ont été conciliées après réunion avec le Médiateur, contre 55 % en 2021, 77 % en 2020 et 51 % en 2019.
Le rapport d’activité 2022 est à retrouver dans son intégralité sur le site lemediateurducinema.fr.
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