Le Cosmos de Strasbourg se projette dans la vie de la cité

La façade du Cosmos pendant les travaux © Christophe Urbain

L’historique cinéma municipal de l’Eurométropole reprend les séances le 2 juin prochain avec un nouveau nom, une nouvelle équipe et un nouvel élan.

La troisième fois aura été la bonne pour l’association Le Troisième souffle, créée dans le but de reprendre la DSP de l’Odyssée, longtemps confiée – avec de plus en plus de controverses – aux Rencontres cinématographiques d’Alsace. Après leur première candidature en 2011, leur deuxième en 2016, c’est celle de 2021 qui a été retenue, renforcée par le soutien d’un collectif composé de personnes du milieu du cinéma, du spectacle vivant, de la musique contemporaine, d’illustration, de l’interprétariat, de la restauration, du journalisme… En somme, « une agrégation de personnes sensibles au cinéma et qui avaient envie de s’investir pour dessiner le renouveau de ce lieu emblématique », résume Étienne Hunsinger, le directeur du cinéma.

Un « joyau patrimonial » de salle

Le changement de gérance en avril 2022 est allé de pair avec le début d’une longue phase de travaux, budgétés à hauteur de 820 000 euros. Toutefois, la rénovation d’un « joyau patrimonial » inscrit à l’inventaire des monuments historiques – le site date de 1913 et est propriété de la Ville depuis 1988 – n’est pas sans difficulté.  Beaucoup d’interventions, de l’ordre de la mise aux normes techniques, de sécurité et d’accessibilité en ce qui concerne les 2 salles, « ne seront pas très visibles » mais ont conduit à une légère réduction des jauges afin d’accueillir des emplacements PMR. Les changements les plus notables se concentrent principalement dans les espaces d’accueil. Une « rigoureuse enquête patrimoniale » a permis de retrouver les couleurs d’origine du hall, de ses moulures et de ses dorures. Le foyer-salon au premier niveau sera rénové à l’été dans la même veine.

Le centre de documentation implanté au sous-sol – dont le fonds appartenait au précédent exploitant – cédera sa place à un studio dédié aux pratiques artistiques. « Dans cet espace quasi sans lumière naturelle, l’idée est d’investir plus spécifiquement le cinéma d’animation avec un matériel humble, pour fabriquer des œuvres en stop–motion ou en papier découpé. » Plus haut dans le bâtiment, dans la mezzanine au dessus du foyer-salon, la secrétaire générale du cinéma, Cécile Becker, se réjouit de l’installation, dans les mois qui viennent, d’un labo-médias « où l’on va enregistrer nos propres podcasts, créer des bandes annonces maison de nos cycles thématiques, filmer des entretiens, écrire les textes de notre programme… avec l’aide de spectateurs appelés à être des ambassadeurs actifs du Cosmos ».

Cécile Becke, secrétaire générale, et Étienne Hunsinger, directeur du Cosmos  © Christophe Urbain

La nouvelle équipe du complexe municipal prend, de fait, très à cœur sa mission de service public destiné à rendre le cinéma accessible à tous les Strasbourgeois, avec pour principal philosophie celle d’investir le site, au-delà des projections. Le “bar à essai’ du Bardu, implanté dans les lieux, y participera grandement, avec une offre de boissons et restauration pensée en synergie avec la programmation.

Le Cosmos restera bien entendu classé art et essai triplement labellisé, et membre du réseau Europa Cinemas. Le cahier des charges présente par ailleurs une clause de non concurrence : le cinéma municipal ne passera donc les films qu’à partir de leur quatrième semaine d’exploitation s’ils sont déjà programmés en sortie nationale dans un autre cinéma strasbourgeois (hors rééditions)*. La programmation, « ultra collective et horizontale », est assurée par un conseil de 11 personnes et peut s’ouvrir à des spécialistes en fonction des thématiques préparées. « Ce conseil est un lieu ouvert d’échanges, qui sera particulièrement vigilant sur la mise en valeur de la parité et des cinématographies européennes », souligne le binôme. « Nos cycles thématiques, qui ont vocation à durer 3 à 5 semaines chacun, s’articuleront autour du cinéma comme art – avec ses motifs,  techniques et esthétiques – mais aussi comme témoin des enjeux de société. »  

L’Odyssée accueillant entre 40 000 et 50 000 spectateurs par an, l’objectif de la la Ville – fixé avant le Covid et maintenu – est celui d’atteindre les 65 000 entrées en 2028, à la fin de la DSP. Avec sa nouvelle équipe de 12 personnes (11 équivalent temps plein) et son nouvel élan, Le Cosmos compte bien occuper « sa place singulière » dans le dense parc de salles strasbourgeoises. « Aux côtés de l’UGC et du Vox, les Stars font beaucoup de belles choses en termes d’art et essai. Le Cosmos sera une salle patrimoniale art et essai en totale complémentarité, dédiée à l’exploration de la grande diversité du répertoire cinématographique, dans le temps comme dans l’espace. » 

* Toutefois, une dérogation permet au Cosmos de programmer jusqu’à cinq sorties nationales par an, en accord avec les autres exploitants.

Le Cosmos dans et hors les murs, avant et après ouverture
L’association Le Troisième souffle poursuit par ailleurs son activité de projections en plein air, entamée en 2018, au rythme de 7 à 10 séances par an. Fin avril, dans le cadre des différents événements prévus hors les murs en amont de la réouverture du cinéma, l’association a proposé quatre jours de festivités (films, concerts, ateliers jeune public, ciné-karaoké, ciné-bingo et ciné DJ set) dans le quartier Laiterie, puisque « le projet du Cosmos est aussi celui d’aller vers les publics de quartiers pas toujours équipés culturellement », note Étienne Hunsinger. 
Les journées portes ouvertes du 13 et 14 mai 2023 proposeront des visites publiques du cinéma, prolongées de divers temps de concertation « pour reconnecter les publics qui ont peut-être été éloignés du cinéma ». Le grand week-end inaugural débutera quant à lui le vendredi 2 juin, avec, dès le lendemain, toute une nuit marathon de projections. Le premier cycle du Cosmos commencera dès la mi-juin sous le thème du « cinéma dans le cinéma ».

Retrouvez plus d’infos dans le Boxoffice Pro du 14 mai 2023

La façade du Cosmos pendant les travaux © Christophe Urbain

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