Le CNC et Unifrance ont présenté les chiffres des films français sortis à l’étranger l’année dernière. Si l’écart avec le niveau pré-pandémique est toujours saillant, le cinéma français signe une belle année à l’international avec 42,7 millions de billets vendus et 271,4 millions d’euros de recettes.
« La reprise entamée en 2022 se poursuit en 2023 ; le retard se comble par rapport aux années pré-pandémie, mais reste encore significatif », confirment Cécile Lacoue, directrice des études, des statistiques et de la stratégie du CNC, et Gilles Renouard, directeur du cinéma d’Unifrance, réunis dans le cadre de la présentation du bilan de l’export cinéma 2023. Après trois années consécutives sous la barre des 40 millions d’entrées, les productions tricolores ont réuni 42,7 millions (M) de spectateurs dans les salles étrangères. « La fréquentation des films français à l’international progresse proportionnellement davantage que celle du marché global par rapport à l’année précédente (+36,2 % contre +22,1 %). Le constat est le même en ce qui concerne le retard sur la moyenne de la période 2017-2019 (-26,6 % contre -30,4 %) », dévoile Unifrance dans ses travaux.
Le succès de l’animation
au sein d’une offre enrichie et plébiscité
Si la pandémie avait mis en frein à la croissance constante de l’offre française dans les salles étrangères, après s’être étoffée dès 2022, cette dernière a atteint des hauteurs historiques en 2023 : « 1 269 films, dont 287 inédits », compte Unifrance. Pour la troisième année consécutive, les films récents conservent leur prépondérance (77,4 % du chiffre d’affaires total), et représentent 98 M€ (+9,3 % vs. 2022). La vente de films de catalogue (-3,6 % vs. 2022) a, quant à elle, généré 29 M€. Au global, le chiffre d’affaires à l’export du cinéma français est en croissance de +6 % par rapport à 2022. Sur un an, 60 % des sociétés d’exportation ont ainsi vu leur volume des transactions croître. En tête de proue, l’animation, dont la part des titres vendus et des recettes représentent respectivement 2,5 % et 5,8 % ; le genre français le plus plébiscité hors de nos frontières a atteint une part de 27,7 % des entrées globales, soit un niveau record.

C’est d’ailleurs Miraculous : Le film qui est le leader français sur grand écran à l’étranger en 2023, avec 7,4 M d’entrées. Alors que le CNC et Unifrance alertaient les années précédentes sur une certaine baisse du public art et essai, ce dernier est de retour. « 70,2 % des films français en exploitation à l’international sont classés et à l’origine de 42,4 % des entrées annuelles (41,5 % en France). De plus la fréquentation de ces longs métrages a déjà dépassé son niveau moyen de 2017-2019 (+8,9 %), contrairement aux films français non classés (-36,9 %). »
À lire aussi | Le cinéma d’animation en 2023, entre succès nationaux et perspectives internationales
En 2023, sept films ont dépassé le million d’entrées à l’étranger, et 68 les 100 000. Néanmoins, ils sont moitié moins à afficher entre 500 000 et un million d’entrées, et les dix plus gros succès concentrent, à eux seuls, la moitié des tickets vendus. « Mais si l’écart entre gros et moyens succès s’intensifie, les entrées moyennes par film augmentent aussi : de 25 500 en 2022, elles sont passées à 33 600 en 2023 (mais dépassaient largement 50 000 avant 2019). » Sur la dernière décennie, ce sont les productions françaises en langue étrangère qui réalisaient, en moyenne, la moitié des entrées du cinéma tricolore à l’étranger. Cette année, en l’absence de tels titres porteurs, les productions françaises et en langue française ont représenté près de 80 % de la fréquentation, et permis à cette typologie de film de renouer avec des chiffres pré-Covid.

Un renforcement en Europe centrale et orientale,
l’Amérique du nord ne répond plus
Si la forte présence de titres français à l’international émane à l’évidence d’une intense activité d’exportation, le nombre moins important de blockbusters états-uniens, du fait des grèves de 2023, a rendu les salles dans le monde plus disponibles, et donc, élargi le périmètre de diffusion de la France. Avec 60,6 M€, près de la moitié des recettes d’exportation de films français restent concentrés en Europe de l’Ouest, qui est à l’origine de plus de 77 % des entrées du cinéma français à l’international ; un record avec 19,3 M d’entrées. « À l’exception du cas isolé de l’Amérique latine, les spectateurs de films français augmentent sur tous les continents par rapport à l’année précédente, avec des pics en Europe centrale et orientale (+73,2 %) », ajoute Unifrance dans son étude.
À lire aussi | Anatomie d’une chute, un plébiscite international
Dans cette dernière zone géographique, une forte hausse des recettes liées aux exports s’est opérée, de l’ordre de 57 % sur an (21,9 M€). La part de marché y est au plus haut niveau historique, faisant passer la zone au deuxième rang mondial des exportations en 2023, devant l’Amérique du Nord, qui est, à l’inverse, en nette perte vitesse : une part de marché en recul de 10 points (10,9 %) et des recettes à seulement 13,9 M€, soit 44,5 % de moins qu’en 2022. Pour la première fois d’ailleurs, l’Amérique du Nord est à l’origine de moins de 5 % des entrées hexagonales hors de nos frontières. En Asie, malgré un marché fragile, les signes de reprise sont encourageants, notamment en Corée du Sud (+75 % de recettes par rapport à 2022), et plus modérément au Japon (+8,8 %) et en Chine (+7,8 %).

Rayonnement en festival
Cannes, Busan, Locarno, Rotterdam sont autant de rendez-vous du 7e art où la France totalise le plus de films sélectionnés. À Toronto, Venise, Sundance, San Sebastian ou encore la Berlinale, elle se place juste derrière le pays hôte. Au total, 256 films tricolores ont été sélectionnés et 353 présentés sur les dix festivals internationaux étudiés. Avec une Palme d’or, un Ours d’or et 45 autres distinctions, la France est également en tête des prix remportés : « Ce leadership ne serait pas atteint et conservé au fil des années sans prendre en compte la nature multiculturelle de la cinématographie française, car 4 films sur 5 sont le fruit de la coproduction entre 2 pays en moyenne, pour un total de 81 pays étrangers partenaires », commente Unifrance. Autre motif de satisfaction, le nombre d’œuvres signées par des réalisatrices augmente, pour atteindre même un niveau record de 39,5 %, soit mieux que la moyenne globale toutes nationalités confondues.

Partager cet article