À l’occasion de la première journée du Marché international du film d’animation d’Annecy (Mifa), le CNC a présenté son étude sur le marché de l’animation en 2023. Ses analyses font état d’un niveau de fréquentation renouant avec les scores d’avant crise, à la faveur d’une offre en hausse, composée notamment de grosses productions américaines et de pépites françaises.
« Dynamique », « Record »,« Succès »… Les mots ne manquent pas pour qualifier l’année 2023 du cinéma d’animation en salle, qui a su renouer avec des scores pré-covid. Depuis l’Imperial Palace d’Annecy, le CNC, par la voix de sa directrice des études, des statistiques et de la prospective, Cécile Lacoue, est venu présenter un bilan chiffré de l’animation, tant sur le volet audiovisuel et cinématographique qu’en matière d’emploi. Ce travail exhaustif révèle que le genre a connu un succès dans les salles françaises, avec 29,7 millions (M) de billets vendus, soit 18,9 % des entrées, contre 18,8 M en 2022 ; un record depuis 1996, la première année de recensement des statistiques par genre. Autre record, celui du nombre de films d’animation agréés aux investissements, au nombre de 18, contre 12 l’an passé.
Une offre abondante et variée
Ce niveau de fréquentation est en grande partie dû à l’offre de films d’animation, qui a également atteint un record historique : 59 films en première exclusivité en 2023. Le retour des œuvres américaines dans les salles françaises a permis un nouvel essor au genre, puisque 12 films étatsuniens ont atteint les salles tricolores, soit autant que la moyenne observée entre 2014 et 2019. Si l’international est bien représenté (13 films européens ; 13 films non européens et non américains), l’offre de films français n’est pas en reste, avec 14 long-métrages sortis en salles, dont Miraculous, le plus gros succès du genre du haut de ses 1,65 millions d’entrées. « Beaucoup de ces films sont valorisés dans des festivals, où ils ont fait l’objet de nombreuses sélections et remporté des prix, expose Cécile Lacoue. La Plus Précieuse des marchandises a été en compétition à Cannes et les deux derniers Cristal à Annecy sont français, à savoir Linda veut du poulet ! en 2023 et Le Petit Nicolas – Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? en 2022. »
Comme à l’accoutumée, cette offre trouve un public particulièrement jeune, les enfants (3 à 14 ans) représentant plus de 40 % du public des films d’animation, contre seulement 10 % pour les 50 ans et plus. Ces seniors ont tout de même une appétence pour les films art et essai, qui attirent en général un public plus adulte : Le Garçon et le héron (1,59 M d’entrées, dont 19,2 % chez les 50 ans et plus) ou Mars Express (216 00 entrées, dont 25 % chez les 50 ans et plus) sont autant d’exemples.
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L’internationalisation de la chaîne
La réussite de Super Mario Bros. Le film et ses 7,25 M de billets soldés, faisant du petit plombier le plus gros succès du genre l’an passé, a posé la question de l’internationalisation des différentes chaînes de fabrication et de diffusion des films d’animation : « Sur l’ensemble des films d’animations agréées sur ces vingt dernières années, nous avons plus de 70 % de coproductions. C’est en grande partie dû à des structures de coûts élevées, notamment sur les dépenses techniques ; le coût moyen de l’animation sur la période 2013-2024 est de 10,1 millions d’euros sur ces dix dernières années », dévoile Cécile Lacoue, alors que 27 pays différents ont été impliqués dans les coproductions d’animation françaises sur ces vingt dernières années. La Belgique et le Luxembourg sont en tête de proue, avec respectivement 58 et 32 oeuvres entre 2004 et 2023. Les producteurs occupent alors une part importante du financement de ces films, aux côtés de Canal + et France TV, qui ont investi sur près de 43 et 25 films sur ces dernières années. « D’autres groupes investissent plus occasionnellement, comme TF1 en 2014 avec L’Apprenti Père Noël et le Flocon Magique », complète la directrice des études.
Sur le volet de la distribution et l’exploitation, les films français ont performé avec brio en dehors de nos frontières au regard des 11 M d’entrées enregistrés par les 67 films d’animation projetés dans les salles internationales ; une hausse sensible en comparaison à 2022 (7,3 M) ou les années qui ont précédé la crise sanitaire. À nouveau, Miraculous a fait office de film porteur, avec 7,15 M d’entrées à l’international, au même titre que Pattie et la colère de Poséidon et son 1,76 M. Ainsi, l’animation est le premier genre à l’export en nombre d’entrées. Par ailleurs, 92 films d’animation français sont disponibles sur les services de vidéo à la demande par abonnement à l’étranger et 68 sur les chaînes de télévision étrangères de 14 pays.
L’étude a enfin mis en avant le caractère dynamique de la filière, d’autant plus stimulée par le plan d’investissement national France 2030 et son appel à projets « La Grande fabrique de l’image », piloté par le CNC et la Caisse des dépôts et consignations, ainsi que la progressive décentralisation des activités liées à l’animation. La dynamique de féminisation du secteur observée depuis 2015 se poursuit en 2022 ; la part des femmes atteignant son plus haut niveau sur ces vingt dernières années, avec 42,5 % des effectifs.
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