L’Avant-Scène de Laval laisse la scène au cinéma

© L'Avant-Scène

La salle de spectacle, incontournable de la vie culturelle lavalloise, dévoile sa transformation en cinéma dédié à l’art et essai.

Ce mercredi 8 novembre, c’est le début des séances à l’Avant-scène. Un projet que la Ligue de l’enseignement-FAL53, propriétaire des lieux, mûrit depuis plusieurs années. Depuis, en tous cas, que la Ville a restructuré son offre culturelle autour d’un nouveau tiers-lieu, “Le 40”, dédié aux arts vivants. « Naturellement, cela a, bousculé l’Avant-Scène qui n’avait pas de projet culturel en soi, mais un accord de mise à disposition auprès de différentes structures municipales », explique Karen Raymond, chargée de mission au service culturel de la Ligue 53.

Après consultation des citoyens et des autres acteurs culturels lavallois, l’Avant-Scène a donc trouvé sa nouvelle place en tant que cinéma. « Une activité qu’elle avait déjà endossée à partir des années 60, avant de basculer dans le spectacle vivant il y a une douzaine d’années. » Le lieu renoue donc avec les projections, mais garde son nom, tout comme « son âme de spectacle vivant, avec une idée de complémentarité via des propositions comme des ciné-concerts et ciné-danses », décrit la responsable. 

Niveau réaménagements, la mutation a nécessité un re-gradinage total, le changement des fauteuils (passant la jauge de 140 à 120 places), la réfection de l’ensemble de la chaîne sonore en 7.1, et la réinstallation d’une cabine de projection (« qui avait été murée auparavant ») avec un équipement laser. Des travaux entamés à la mi-septembre, pour un budget total de 240 000 euros, « financés à 30 % par la Ville et la Région dans le cadre de la loi Sueur, et le reste via les fonds propres de la Ligue, le projet ayant été retoqué à l’aide sélective du CNC ». 

Dans la ville de 50 000 habitants, et un bassin élargi évalué à 115 000, l’Avant-Scène mise sur un démarrage de 16 000 à 17 000 spectateurs annuels, avant d’atteindre une “fréquentation de croisière” à 25 000. S’il se positionne sur un créneau tout à fait différent du Cinéville (9 salles) distant de 350 mètres, le nouveau cinéma veillera à travailler en complémentarité et en harmonie avec les salles municipales de la proche périphérie, comme Le Trianon de Bourgneuf-la-Forêt à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest. « À l’Avant-Scène, nous allons proposer un cinéma dit fragile, des films qui ne pouvaient pas atteindre les écrans, avec un gros travail sur le patrimoine », indique Karen Raymond, qui vise les trois labels art et essai ainsi que celui d’Europa Cinemas (notamment avec le renfort d’une Maison de l’Europe en Mayenne « très dynamique sur Laval »). 

La référente cinéma de la Ligue 53 a, de fait, déjà une grande expérience dans l’exploitation, pour avoir fait partie de l’équipe mk2 à Paris, dirigé le mk2 Beaubourg, ouvert le mk2 Bibliothèque, … « et quitté le circuit au moment où Marin Karmitz prenait sa retraite ». Consciente des spécificités – et défis – d’un mono écran art et essai en province, la responsable compte sur les forces qui ont toujours fait la vitalité de l’Avant-Scène. Le cinéma prépare toujours l’ouverture de son bar doté d’une licence 3 et compte continuer à accueillir de nombreux spectacles vivants et festivals pluridisciplinaires comme le Chaînon manquant. « Nous pouvons aussi enregistrer des émissions musicales pour la jeune scène lavalloise », note Karen Raymond en partageant aussi son envie d’ouvrir les portes du cinéma aux élèves des sections audiovisuelles : « C’est essentiel que ce cinéma laisse aussi de la place aux jeunes artistes de la région et montre leurs films. »  

© L'Avant-Scène