L’ADRC analyse le coût des projets de cinémas soutenus en 2022

Les projets entrepris à la suite de la crise sont moins onéreux, comme celui de Grand Ecran à Montaigu-Vendée, cité par l'ADRC ©Grand Ecran

Comme chaque année au moment du Congrès FNCF, l’Agence pour le développement du cinéma en régions fait le bilan des projets soutenus par l’aide sélective du CNC à la petite et moyenne exploitation. Les “ratios”, au fauteuil et au m², basés sur le coût des travaux, sont en baisse sur 2022.   

Le nombre de projets soutenus par la Commission d’aide sélective en 2022 est en baisse relative, avec 25 projets contre 26 l’année précédente, sachant que la moyenne sur les dix dernières années était de 39 projets soutenus par an. L’échantillon de projets étudiés, qui prend en compte les estimations des opérateurs (privés, publics, associatifs) et de leurs maîtres d’œuvre, reste représentatif de l’évolution nationale et montre donc que l’impact de la pandémie se fait encore sentir. 
Avec moins de projets de cinémas soutenus, les investissements en euros constants sont aussi en baisse, passant de 66 millions d’euros investis en 2021 à 59,8 millions en 2022. Une diminution qui semble donc se poursuivre, après le record de 94,4 millions en 2019. Le prix moyen par projet diminue lui aussi légèrement : 2,39 millions d’euros en 2022 contre 2,54 millions en 2021.  

Concernant les projets les plus lourds, on observe un déséquilibre entre le nombre de projets privés et publics, ce qui est rare hors période d’élections municipales. En 2022, sur 10 projets structurants, seulement 2 sont portés par des collectivités, qui peinent à trouver des financements. On constate aussi une recrudescence de projets portés conjointement par des maîtrises d’œuvres publiques/privées. Dans ce cas, l’absence de gros œuvre, dans les demandes d’aide sélective, participe également à la baisse des coûts des créations. 

Des ratios en baisse

Si l’indice du coût de construction a grimpé de façon générale (+8,8 % sur 2022), on remarque pourtant que sur les projets soutenus par le CNC, les ratios ont fortement baissé  (-16,8 %). « Cela peut s’expliquer par un échantillon plus réduit, notamment de projets publics et donc moins représentatif des prix de la filière, ainsi que de l’évolution des typologies de projets soutenus  » interprète l’Agence.
Le prix médian au fauteuil, après une augmentation en 2021 (+40,2 %), diminue de 35,59 % en 2022. La baisse est plus légère pour les projets les plus chers (-17,69 %), mais ils sont beaucoup moins nombreux. Les ratios au m² suivent la même tendance, -30,65 % et -16,34 % pour les projets les plus onéreux, retrouvant le même niveau qu’entre 2014 et 2020.
Le coût moyen par projet évolue peu (-3,8 % en 2022), ce qui, conjugué aux baisses des différents ratios, démontre une diminution du nombre de projets ambitieux, en raison des difficultés économiques, au profit d’opérations plus légères, pour lesquelles les objectifs qualitatifs, environnementaux et les contraintes urbanistiques sont toujours autant d’actualité. Les conséquences de la crise sanitaire vont maintenant laisser place à celles du conflit ukrainien et la logique voudrait que la dynamique de baisse s’inverse pour l’année 2023.

Les proportions des différents types de projets évoluent 

En 2022, un tiers des projets sont des créations (9 opérations, comme en 2021) y compris les transferts de cinéma sur un nouveau site. La proportion de projets structurants (créations ex nihilo et adjonctions de salles) diminue (40 % contre 50 % en 2021). Les adjonctions sont en baisse drastique (4 % contre 15 % en 2021 et 24 % en 2020) et concernent principalement des restructurations globales, imposées notamment par les contraintes architecturales en centre-ville.
En parallèle, les réhabilitations augmentent (28 % des projets contre 11,5 % en 2021). Avec des objectifs de développement durable et de réduction des coûts, il est en effet plus (éco)logique de réaménager un bâtiment existant que d’en construire un nouveau.
Le nombre de rénovations augmente légèrement, passant de 3 en 2021 à 4 en 2022 (16 % des projets soutenus). Si les années précédentes étaient marquées par le besoin d’écrans supplémentaires pour la petite exploitation, on observe aujourd’hui une volonté de créer des halls conviviaux et à même d’accueillir des animations. Cette évolution de l’exploitation, conjuguée à une diminution des projets conséquents se traduit par une augmentation des projets in-situ. Les améliorations (projets les plus simples sans enjeu structurant) passent à 4 en 2022 contre 7 en 2021, mais sont très variées donc peu analysables. 

L’étude détaille les ratios pour ces différents types de projets, pour arriver à la conclusion que « les ratios subissent donc une baisse globale, mais restent à un niveau élevé, signe que la mise en accessibilité des établissements ainsi que les démarches environnementales sont toujours des objectifs pour les porteurs de projets » résume l’ADRC. « Globalement, l’année 2022 restera marquée par un échantillon réduit, avec des projets variés, illustrant les changements dans le renouvellement du parc cinématographique français. La croissance du secteur a progressé avant de subir un nouveau coup d’arrêt à la suite du conflit ukrainien dont les conséquences, notamment au niveau énergétique, se répercuteront encore en 2023. »

L’étude complète est à disponible ici

Les projets entrepris à la suite de la crise sont moins onéreux, comme celui de Grand Ecran à Montaigu-Vendée, cité par l'ADRC ©Grand Ecran