L’accessibilité des cinémas doit encore progresser

La circulation dans les espaces d’accueil ou le nombre de séances pour les handicaps sensoriels sont encore insuffisants, selon l’étude présentée le 31 mars par l’observatoire Accessibilité du CNC.

Alors que 12 millions de Français environ sont touchés par un handicap, seuls 18 % des cinémas sont totalement accessibles, à la fois pour les personnes à mobilité réduite et celles ayant un handicap sensoriel. C’est du moins ce qui ressort de l’enquête de l‘observatoire de l’Accessibilité, créé en 2022 par le CNC, menée auprès des exploitants. Sur les 574 qui ont répondu au sondage, on notera tout d’abord que 26 % sont des multiplexes, qui ne représentent que 12 % du parc français, et 38 % des mono‐écrans, alors qu’ils sont plus de la moitié des cinémas français. 

Parmi ce panel, 143 établissements ont au moins une de leurs salles accessible PMR/UFR* et peuvent proposer des séances en audiodescription, SME et avec son renforcé (25 %). Mais plus de la moitié des cinémas n’étant pas encore totalement accessibles n’ont pas l’intention d’installer de nouveaux équipements. Et ce parce qu’ils ne reçoivent pas de demande du public… et n’ont pas suffisamment de budget pour s’équiper ni se former. La plupart des exploitants déclarent en effet avoir besoin d’être accompagnés ou conseillés dans une démarche d’amélioration de l’accessibilité.

Les cinémas les mieux équipés sont les multiplexes et ceux des grandes villes

L’accueil des PMR/UFR est le plus répandu, avec plus des 2/3 des établissements totalement accessibles (intégralité des espaces de circulation y compris les salles de projection). Cela concerne quasiment tous les multiplexes, 63 % des mono‐écrans et 50 % des cinémas parisiens. Reste que la grande majorité des cinémas (88 %) propose au moins une salle accessible PMR/UFR.

Pour l’accueil des malvoyants, seulement 12 % des établissements déclarent être entièrement accessibles, mais 59 % d’entre eux ont au moins une salle équipée pour l’audiodescription. En majorité des multiplexes (76 % d’entre eux), 87 % des établissements parisiens, 75 % des établissements de grandes communes et 53 % des établissements de petites communes. Pourtant, moins d’1/4 des établissements ont un site internet accessible aux malvoyants, certains mono-écrans n’ayant d’ailleurs… pas de site du tout. 

Pour les personnes sourdes et malentendantes, 70 % des établissements sont équipés d’au moins un dispositif (sous‐titrage SME et/ou son renforcé), et ce dans au moins une salle. Le sous‐titrage SME est le plus répandu, présent dans 37 % des mono-écrans et 80 % des multiplexes, dans 75 % des établissements de grandes communes et 55 % de ceux de petites communes. 

… mais proposent encore peu de séances

Parmi les cinémas équipés pour le handicap sensoriel, 60 % déclarent organiser au moins une séance en audiodescription par semaine, et 44 % proposent des séances SME à l’écran au moins une fois par semaine… ce qui reste peu pour des salles pourtant bien équipées.

Enfin, côté communication, les trois quart des établissements déclarent former leur personnel à l’accueil des spectateurs en situation de handicap, et plus de la moitié rendent visible leur séances accessibles sur leur site internet. Mais là encore, ce sont d’abord les multiplexes (à 93 %) et les cinémas situés dans les grandes villes (87 %), alors que l’information du public est primordiale, comme nous l’expliquait l’association Ciné Sens en septembre

Une information qui, généralement, manque aussi aux exploitants, sachant que seulement 5 % des établissements déclarent connaître la plateforme Accès libre, mise en place par le gouvernement pour tous les ERP…

*personnes à mobilité réduite et usagers en fauteuil roulant

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