Après avoir atteint un niveau déjà fort prometteur en 2022, la production cinématographique française de 2023 est boostée par les diffuseurs-financeurs. Une croissance des investissements qui va de pair avec un rebond notable du nombre de films dits “du milieu” et des tournages recentrés sur le territoire français.
Selon le bilan livré par le CNC le 25 mars, avec 298 films agréés, la production française de 2023 a retrouvé le niveau des années 2017-2019. Cette dynamique est particulièrement portée par les films d’initiative française (FIF), au nombre de 236 en 2023 contre 208 en 2022. L’année écoulée est également caractérisée par un nombre record de films d’animation (18 contre 13 en 2022), tandis que les documentaires sont en baisse (40 contre 54 en 2022).
Financement, une part diffuseur en progression
Peu de changements sont observés dans la structuration du financement du cinéma. Sa première source demeure les apports producteurs (sachant qu’une partie sera ultérieurement couverte par le crédit d’impôt) qui représentent 38,8 % des capitaux (contre 39,5 % en 2022). Parmi les autres partenaires majeurs, les diffuseurs voient leur contribution monter à 34 % – soit une nette hausse par rapport à 2022 (+29,7 %) et le plus haut niveau depuis 2015 (35,5 %). Leurs investissements atteignent ainsi un niveau record, à 383,9 M€ en 2023. Une hausse de financement qui concerne tous les diffuseurs, qu’il s’agisse des chaînes privées gratuites (+50,4 %, 71 M€), des diffuseurs payants (+43,1 %, 233,5 M€) ou des chaînes publiques (+29,8 %, 79,4 M€). Avec 154,1 M€ engagés en 2023, Canal+ reste toujours le premier financeur parmi les diffuseurs (plus de 40 % des apports totaux de ces derniers), et France 2 le premier parmi les chaînes gratuites (12,6 % des apports avec 48,3 M€).
Tenues depuis 2021 à participer au financement de la création française, les plateformes étrangères (Netflix, Disney+, Prime Video, HBOMax) se sont engagées sur 39 films en 2023, pour un montant global de 48 M€, soit plus du double en un an (17 films et 23 M€ en 2022).
Pendant ce temps, si 80,1 % des films bénéficient de mandats (distribution salles, édition vidéo et export), ces derniers poursuivent leur tendance à la baisse, et représentent 9,5 % des devis en 2023 (12,5 % en 2022). Quant à la part des soutiens publics (automatique, soutien et aides régionales), elle reste stable à 8,3 % (contre 7,9 % en 2022 et 8,8 % en moyenne en 2017-2019).
Devis en hausse
Sur l’année écoulée, la production l’an passé a représenté un total de 1,34 Md€ d’investissements (+13,6 % par rapport à 2022 et +12,9 % par rapport à la moyenne 2017-2019), dont 1,1 Md€ de la part des partenaires français. Des investissements qui auront d’ailleurs particulièrement bénéficié aux FIF (1,13 Md€, +23,4 % sur un an et +14,8 % par rapport à l’avant crise), tandis que les investissements sur les coproductions à majorité étrangère sont en recul (214,75 M€, -19,8 % mais +3,8 % par rapport à l’avant crise).
Par ailleurs, pour la troisième année consécutive, le devis moyen des FIF progresse pour atteindre 4,78 M€, au plus haut depuis 2017 (4,90 M€). Quant au devis médian, il progresse également pour s’établir à 3,26 M€ (contre 2,85 M€ en moyenne sur la période 2017-2019), soit à son deuxième plus haut niveau de la décennie (derrière 2017 où il était monté à 3,53 M€).
Le retour des films du milieu
Dans le détail des productions, depuis 2009, on n’avait pas observé autant de films entre 1 M€ et 4 M€ de budget, qui représentent près de 42 % des titres produits 2023. Également à son plus haut niveau depuis 2004, la part des films du milieu, entre 4 M€ et 7 M€, bondit de 15,9 % à 23,7 % entre 2022 et 2023. À l’inverse, celle des films de moins d’1 M€ de budget, à 18,6 %, est au plus bas depuis 2009. Seule catégorie de projets stable depuis 2022, les films de plus de 7 M€ de budget représentent 15,7 % de l’ensemble des films.
Enfin, 2023 compte huit blockbusters français, à plus de 20 M€ de budget (contre quatre en 2022) : Le Comte de Monte-Cristo de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, De Gaulle partie 1 et De Gaulle partie 2 de Antonin Baudry, L’Amour ouf de Gilles Lellouche, Emilia Perez de Jacques Audiard, Monsieur Aznavour de Mehdi Idir et Grand Corps Malade, Emmanuelle de Audrey Diwan, et la production majoritaire Chickenhare 2 (Hopper et le hamster des ténèbres 2) de Benjamin Mousquet.
Shot in France
Parallèlement au volume de production, le nombre de jours de tournage sur le territoire français a cru de 22,2 % entre 2022 et 2023 pour atteindre 5 055 jours. Les jours de tournage à l’étranger progressent également de 8,7 % pour s’établir à 1 322 jours, mais reste toujours en dessous des niveaux d’avant crise (1 436 jours en moyenne). Près de 80 % des jours de tournage sont ainsi localisés en France, contre 77 % avant la crise.
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