La place de cinéma coûte-t-elle vraiment plus cher qu’avant ?

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Avec un total de 1,3 milliard d’euros de recettes guichet et 201,1 millions d’entrées en France en 2018, le prix moyen du ticket de cinéma s’est élevé à 6,64 €. D’année en année, l’impression d’ensemble du public est certes celle d’une augmentation du montant de la place de cinéma, mais une juste appréciation de son évolution ne peut se faire sans prendre en compte l’inflation. Alors, sur ces 50 dernières années, aller au cinéma coûte-il vraiment plus cher ?

Le graphique ci-dessous montre l’évolution du prix moyen du ticket de cinéma ces 30 dernières années, mise en relation avec le prix ajusté sur l’inflation et le prix moyen en 2018.

On peut noter que, ajusté sur l’inflation, un ticket de cinéma coûtait plus cher avant. En 2018, les tarifs affichent un niveau parmi les plus bas de ces 30 dernières années. Le point le plus haut des prix a été atteint en 1992, avec une moyenne de 7,50 €, avant d’entamer une baisse quasi continue. Concrètement, le prix moyen du ticket de cinéma a continué d’augmenter, mais moins vite que l’inflation, d’où un prix moyen ajusté sur l’inflation en baisse. Plusieurs événements spéciaux ont contribué à cette diminution, comme l’instauration du Printemps du Cinéma en 2000 (après celle de La Fête du Cinéma en 1985), mais aussi l’arrivée des cartes illimitées (à commencer par celle d’UGC en 2000) ainsi que la baisse de TVA de 7 % à 5 % en 2014. 

1992 : l’année de l’amorce à la baisse du prix du ticket
Le mouvement de baisse des prix est clairement initié en 1992. Pour expliquer cette transition,  une simple mise en relation du nombre d’entrées annuelles et le prix moyen du ticket de cinéma ajusté sur l’inflation suffit.

Le graphique ci-dessous, représentant les variations annuelles en pourcentage du prix du ticket de cinéma et de l’inflation, permet de visualiser leur évidente corrélation. À noter qu’avant 1992, la variation du prix du ticket de cinéma était généralement plus élevée que l’inflation avec une moyenne de 9 % d’augmentation par an entre 1968 et 1992, alors que celle de l’inflation était de 7 %. C’est à partir de 1992 que l’augmentation du prix du billet de cinéma devient moins forte que l’augmentation des prix à la consommation. Entre 1993 et 2018, le ticket de cinéma augmente en moyenne d’à peine 1 % par an, pour une inflation de 1,5 %. Ainsi, comme le rappelle la FNCF, au cours des dix dernières années (2009-2018), le prix moyen des places a augmenté de 8 % alors que l’inflation générale des prix (hors tabac) atteignait 9,6 %.

Mais pourquoi la sensation de payer plus cher son ticket de cinéma persiste-t-elle ? 
Car nous ne sommes pas tous égaux face aux tarifs pratiqués. Et dans un contexte de concentration de la fréquentation sur les multiplexes et d’augmentation des séances à format spécial, la part des entrées à plus de 10 € le ticket a plus que doublé en 10 ans, passant de 4 % à plus de 10 %. Sachant que selon le bilan annuel du CNC, en 2018 66 % des billets ont été vendus à moins de 7 euros et 48 % à moins de 6 euros, le prix moyen des places de cinéma – qui inclut toutes les tarifications pratiquées et l’ensemble des remontées de la billetterie – représente donc bien l’outil d’analyse le plus pertinent.

« L’exploitation française est très probablement celle qui a développé les politiques tarifaires les plus dynamiques au monde », estime la FNCF. Tarifs étudiants, familles nombreuses, séniors, moins de 12, 14, 16, 18 ans ou 26 ans, séances du matin, cartes d’abonnements, cartes de fidélité, cartes illimitées, comités d’entreprises… Tous les cinémas ont développé des tarifs adaptés à leurs publics ou aux horaires des séances. De fait, « alors qu’il était auparavant le tarif de référence, le plein tarif n’est plus aujourd’hui qu’un tarif parmi d’autres. »

Pour autant, comparée aux prix moyens pratiqués par les musées, les théâtres, les salles de concerts ou les stades, la sortie au cinéma reste la pratique culturelle la moins chère et toujours la préférée des Français ! 

Source chiffres : CNC et INSEE.

Avec la collaboration de Roméo Duchene

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