La parité derrière la caméra avance à petits pas

Maïwenn (ici aux côtés de Johnny Depp sur le tournage de Jeanne du Barry) figure dans le club restreint des femmes ayant réalisé plus de 5 longs métrages. © Stephanie Branchu - Why Not Productions

La parité dans la réalisation de films de cinéma gagne du terrain, mais se heurte à des  plafonds de verre, dont de budget et de nombre de films réalisés dans une carrière.

Le Collectif 50/50 a mis à jour son étude sur la place – et les budgets – des femmes derrière la caméra. En résumé, sur les dix dernières années (2013-2022) en France, elles sont 27 % à avoir signé un ou plusieurs films. Dans le détail, c’est le genre documentaire qui offre le plus de place aux réalisatrices (33 %), tandis que seules 13 % tiennent les manettes de projets d’animation.

Et si elles sont de plus en plus nombreuses à réaliser des premiers films – sur l’ensemble des films agréés de 2022, 35 % étaient des premiers films de réalisatrices contre 27 % de réalisateurs –, sur les deux dernières années, on ne compte que 11 % de femmes ayant tourné 5 films (ou plus). « Il faut garder à l’esprit que plus la carrière des cinéastes avance, plus les 3es, 4es, 5es films sont des privilèges souvent réservés aux hommes et figurent généralement parmi les films les plus soutenus financièrement par les institutions », note le Collectif 50/50. 

Étude Collectif 50/50-We Do data
Données issues de la base de données CNC Production cinématographique

Au global, sur les 2 876 films réalisés entre 2013 et 2022, moins d’un quart l’ont été par des femmes, dont plus de ¾ disposaient d’un budget inférieur à 4 millions d’euros, avec une incidence systématique sur les salaires. En 2022, le plus gros budget attribué à une réalisatrice est de 20,6 millions d’euros pour Jeanne du Barry de Maïwenn, contre 60 millions d’euros confiés à Jérémy Zag pour l’animation Miraculous : Le Film, adaptée de la série TV à succès. Dans les plus grosses productions réalisées par une femme, en 2019, Valérie Lemercier avait disposé de 22,9 millions d’euros pour Aline

Étude Collectif 50/50-We Do data

Certes la place des femmes derrière la caméra ou en cheffes de poste évolue et l’industrie se transforme progressivement, avec le renfort de différentes initiatives, notamment incitatives. Le bonus parité mis en place en 2019* permet en outre au Collectif 50/50 d’observer une nouvelle donnée, « et donc d’étendre cette question de parité plus globalement aux équipes ». La part des films éligibles est, de fait, passée de 13 % en 2019 à 34 % en 2022. Reste que les productions dirigées par des réalisatrices ont largement plus recours au dispositif, 82 % des films éligibles en 2022 étant réalisés par des femmes. 

Enfin, aux côtés des données sur la parité « facilement analysables », le Collectif 50/50 souhaite donner de la visibilité à la question, « également primordiale », de la diversité devant et derrière la caméra, avec des statistiques ethno-raciales – aujourd’hui très strictement encadrées par la loi. « Un sujet majeur que le Collectif 50/50 souhaite prendre à bras le corps, afin de cesser d’invisibiliser ces questions trop peu mises en lumière dans notre industrie. » 

*Bonus de 15 % sur le soutien cinéma mobilisé qui s’adresse aux films d’initiative française dont les équipes sont paritaires, que la réalisation soit entre les mains d’un homme ou d’une femme.

Maïwenn (ici aux côtés de Johnny Depp sur le tournage de Jeanne du Barry) figure dans le club restreint des femmes ayant réalisé plus de 5 longs métrages. © Stephanie Branchu - Why Not Productions

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