
À l’occasion de sa deuxième conférence annuelle, organisée ce 23 janvier au cinéma du Panthéon, la Fédération nationale des éditeurs de films se dit résolument optimiste, tout en demandant une meilleure reconnaissance du secteur.
« Les éditeurs-distributeurs sont les premiers financeurs du cinéma dans la chronologie, et leur engagement sur un film permet le déclenchement d’autres financements », a résumé Victor Hadida, co-fondateur de Metropolitan FilmExport et président de la FNEF, en introduction de sa prise de parole, bien conscient que « ce métier n’est pas le plus connu de la filière ». Avec plus d’une cinquantaine de membres, la Fédération tient à souligner l’important spectre de la diffusion qu’elle couvre, allant de distributeurs indépendants (ASC, Nour, Paname…) aux majors hollywoodiennes, ce qui a permis de représenter trois quarts des entrées de 2024 ; une part relativement stable par rapport à 2023.
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Dans un premier temps, Christophe Courtois, directeur de la distribution chez SND et membre du conseil d’administration de la FNEF, a présenté les principaux chiffres de l’année écoulée, tout en rappelant que « la majorité des films sortis en 2024 ont été “greenlightés” [quand un distributeur donne son feu vert, et officialise son investissement sur un film, ndlr.] en 2022, donc quand le marché était à 150 millions d’entrées », soulignant ainsi « les prises de risques des distributeurs, qui ont amené aux succès que nous connaissons aujourd’hui ». Ces paris n’ont cependant pas tous été payants : si les 338 films français de 2024 ont cumulé 80 millions de tickets, deux tiers ne dépassent pas les 100 000. Mais cette « fragilité », témoigne également, pour Christophe Courtois, de la « force du modèle cinématographique français, dont la richesse réside dans sa diversité ». C’est également cette abondance de l’offre qui permet de structurer un public unique, a rappelé Sylvain Bethenod, PDG de Vertigo Research, en montrant la complémentarité au sein des spectateurs entre les succès français et américains.
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Au total, les adhérents de la FNEF ont généré 80 millions d’euros de TSA, et ont dépensé 213 millions d’euros bruts de publicité en 2024 ; un investissement que les éditeurs comptent renouveler en 2025. Par ailleurs, la Fédération compte sur une plus grande stabilité politique afin d’avancer sur des dossiers tels que le déplafonnement du fonds de soutien automatique, ou la création d’un crédit d’impôt sur les frais de promotion d’un film. À ce titre, Lionel Bertinet, directeur du cinéma au CNC, a annoncé qu’une concertation aura bientôt lieu entre le Centre et les éditeurs, afin de proposer des actions concrètes pour la distribution, en se basant sur les réflexions de Jean-Paul Cluzel, dont le rapport n’a toujours pas été dévoilé. De son côté, Michèle Halberstadt (ARP) a évoqué un monde de la distribution bien plus « poreux » avec l’arrivée des plateformes, et a rappelé l’importance des aides publiques et du CNC, alors que le budget du ministère de la Culture a récemment été amputé de 100 millions d’euros.
En conclusion, la FNEF « se projette de façon résolument positive sur 2025, avec une confiance réaffirmée dans la force des films comme dans le modèle français. Pour autant, un appel a été lancé au CNC pour mettre en place des actions structurantes pour le secteur de la distribution, encourageant et reconnaissant les succès des éditeurs pour mieux permettre les réinvestissements dans cette activité à haut risque ».
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