Box-office annuel : 2024 se termine en fanfare

Congrès de la FNCF 2024 © Jean-Luc Mege Photography

D’abord morose avant de voir la vie en rose, l’année pas comme les autres des cinémas français aura réussi l’exploit de dépasser, au finish, 2023.

Avec 20,46 millions (M) d’entrées enregistrées en décembre, d’après les estimations du CNC, 2024 se conclut à 181,3 M de tickets avec une part du cinéma français à 44,4 %, un niveau historique. Cette année devance ainsi 2023 d’un peu moins de 100 000 billets : un résultat des plus honorables, alors que le box-office mondial affiche un retard de près de 3 milliards de dollars par rapport à l’année dernière. En effet, d’après Comscore, le marché américain termine avec un retard de 3,5 % (qui était toutefois de 27,5 % avant la sortie de Vice-versa 2), tandis que l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne accusent un recul de près de 5 % en entrées. Pourtant, entre janvier et avril, les cinémas français engrangent 55,9 M d’entrées, soit le plus bas niveau depuis les 55,3 M de 1999 – mis à part 2020, 2021 et 2022 –, mais retrouvent à partir de mai une fréquentation s’approchant des niveaux prépandémiques (125,4 M de tickets enregistrés, -2,7 % par rapport à la moyenne 2017-2019). 

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L’année 2024 se termine ainsi par un mois de décembre qui enregistre une hausse de plus de 18 % par rapport à 2023 (17,8 M), mais reste inférieur de 8,5 % à 2017-2019 (22,4 M). Comme attendu, le classement mensuel est grandement dominé par Disney avec Vaiana 2 qui écoule plus de 5 M de tickets, suivi des 2,5 M de Mufasa : Le Roi Lion. Derrière, Sonic 3 et En fanfare jouent des coudes, les deux films engrangeant chacun plus de 1,3 M de billets. À noter également l’excellente performance de Vingt Dieux qui, après une semaine à 164 000 entrées avec une moyenne de 39 entrées par séance (e/s), cumule désormais plus de 450 000 tickets.

À l’échelle de 2024, Un p’tit truc en plus termine à la première place du box-office national avec 10,8 M d’entrées, soit le plus haut résultat pour une œuvre française depuis les 12,3 M de Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, en 2014. Le Comte de Monte-Cristo arrive à la deuxième place avec 9,3 M de tickets, et Vice-versa 2 clôture le podium avec 8,4 M de billets. Au total, trois films français intègrent le top 5 annuel – ce qui n’avait pas été vu depuis 2018 – et cumulent 24 M de tickets ; une performance inédite depuis 2011 où Intouchables et Rien à déclarer totalisaient à eux-deux 24,9 M d’entrées.

Une nouvelle qui, d’après Olivier Henrard, président du CNC par intérim, démontre que « le cinéma français sait tout faire : tous les genres et tous les récits, pour tous les publics. C’est la diversité et la singularité de nos œuvres – drame historique, récit générationnel, film musical, comédie sociale, documentaire, film d’animation – qui expliquent un rebond de la fréquentation globale et une part de marché de nos films nationaux sans équivalents dans le monde. Une mise en regard de ces résultats avec tous ceux des pays comparables est la meilleure preuve de l’excellence artistique et industrielle de notre modèle d’exception culturelle ».

Top 10 2024 – Source : Distributeurs / CBO

Parmi les autres films qui ont fait 2024, et bien que l’art et essai ait eu une année en demi-teinte, certains résultats sont à souligner, tels que le quasi-million enregistré par Daaaaaali ! et Le Deuxième Acte, les deux films de Quentin Dupieux ; les 790 000 entrées de La Zone d’intérêt de Jonathan Glazer ; les 650 000 de Il reste encore demain ; les 500 000 de Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau ; et bien évidemment la fabuleuse année de Pyramide avec Les Graines du figuier sauvage (570 000 tickets), L’Histoire de Souleymane (521 000), Le Roman de Jim (400 000) ou encore Le Tableau volé (369 000).

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Sur l’année, les films français occupent une part de marché de 44,4 % (contre 40,1 % en 2023), soit le meilleur niveau recensé depuis les 45,5 % de 2008 – qui bénéficiait de Bienvenue chez les Ch’tis et d’Astérix aux Jeux Olympiques – et de 2014 – année de Qu’est-ce qu’on fait au bon Dieu, Supercondriaque et Lucy. Comme attendu, la part de marché des films américains, de 36,7 %, est inférieure à 2023 (41,2 %), tandis que les films d’autres nationalités conservent un niveau autour des 18,9 %.

Bien que 2024 ait dépassé les attentes, les plaies dues à la pandémie ne sont pas encore totalement guéries. La grande exploitation accuse toujours un retard important par rapport à 2017-2019, et les distributeurs indépendants alertent sur une concentration de plus en plus importante au détriment de la diversité. En effet, depuis plus de 20 ans, le top 10 annuel n’avait jamais cumulé autant d’entrées (57,9 M) et concentré une aussi grande part au sein de la fréquentation globale (32 %). Le caractère atypique de cette année se traduit ainsi par une succession de records qui sont venus contrebalancer un début d’exercice titubant.

Source : CNC / Distributeurs / CBO

Alors, qu’attendre de l’année prochaine ? D’après la Fédération nationale des cinémas français, « 2025 devrait être une année encore plus favorable grâce à une offre de films plus dense et des niveaux d’entrées qui permettront de poursuivre cette très belle dynamique, les spectateurs ayant démontré leur enthousiasme en faveur de l’expérience cinéma. Celle-ci reste indissociable du modèle culturel français s’incarnant dans ce lien vertueux entre les films, les salles et le public ».

Congrès de la FNCF 2024 © Jean-Luc Mege Photography

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