
À l’initiative du Spi, 650 professionnels se sont réunis le 20 janvier à Paris pour décrypter, et surtout défendre le modèle français de création indépendante… et plus largement notre démocratie.
« En ces temps de plus en plus instables, nous devons développer la collaboration plutôt que la compétition, la diversité plutôt que la voie unique et l’uniformisation, le pluralisme plutôt que la concentration, la robustesse plutôt que la performance », concluait Simon Arnal, producteur chez Haut et Court et président du Syndicat des producteurs indépendants (Spi), au terme d’une journée qui a fait salle comble à la Scala de Paris.
Cette première rencontre organisée par le Spi a réuni producteurs, auteurs, diffuseurs, ainsi que des représentants des institutions et personnalités politiques. Après des études de cas autour de différentes oeuvres, Olivier Henrard, Rodolphe Belmer, Christophe Tardieu, Julia Cagé, Mathilde Fiquet, Catherine Morin-Dessailly, Sophie Taillé-Polian, Cédric Klapisch, Emmanuel Courcol, Anne Rambach, Marine Francen, Laurence Hersberg et Emilie Georges se sont succédé pour expliquer les enjeux actuels de la filière, dans un contexte politique agité.
« Alors que la création française jouit d’une incroyable reconnaissance auprès du public et à l’international, elle est insuffisamment valorisée et régulièrement attaquée », constate le Spi dans son bilan de la journée. Les intervenants ont rappelé que la grande majorité des réussites artistiques ou économiques des derniers mois sont des œuvres produites par des sociétés indépendantes : Un p’tit truc en plus, Emilia Pérez, Flow, L’Histoire de Souleymane, En fanfare, Vingt Dieux en cinéma ou encore la série animée Samuel, le documentaire Un pasteur ou les séries de fiction Ceux qui rougissent, Rematch, Nismet du côté audiovisuel.
Le constat général est que « cette réussite, cette diversité et cette ambition artistique sont favorisées par la manière dont les œuvres sont produites, mais aussi grâce à un modèle de financement unique », résume le Spi. Et pour « contrer les attaques contre le système français », Olivier Henrard, président du CNC, prône trois nécéssités : « décomplexer le discours sur la régulation, mettre en avant les succès qui sont le fruit de ce modèle, afin de prouver son efficacité, et enfin de continuer à questionner ce modèle. » De son côté, Rodolphe Belmer, directeur général de TF1, n’a pas manqué de souligner que « le service public est un poumon économique pour notre secteur d’activité ». Et pour Christophe Tardieu de France Télévisions, « avec la création de la filière, notre objectif est simplement d’être, tous ensemble, des militants de l’exception culturelle ».
En rappelant que la France a réussi à « instaurer un modèle atypique et pérenne qui transcende les clivages politiques », le Syndicat insiste sur « un service public fort qui investit massivement dans la création, dégagé de tout objectif de rentabilité. L’exception culturelle a des retombées macro-économiques et micro-économiques : elle crée de l’emploi dans les territoires. Pourtant le secteur fait face à plusieurs vagues de coupes budgétaires. Les moyens doivent être maintenus dans les collectivités : la défense de l’exception culturelle est également la défense du pluralisme ».
Fédérer pour plus de robustesse
En conclusion, il s’agit pour le Spi de « fédérer pour plus de robustesse. Dans un contexte de contraintes financières, de montée des extrêmes, de sentiments d’exclusion culturelle d’une partie de la population, le Spi appelle à une véritable collaboration de toute la filière pour plus de robustesse et pour que la culture reste une priorité en France et en Europe :
- S’appuyer sur des acteurs historiques forts en particulier l’audiovisuel public
- Militer pour la diversité
- Faire des territoires une priorité
- Se mobiliser contre les atteintes décomplexées à la liberté de création
- Face aux stratégies des plateformes américaines, défendre notre système de régulation au niveau français et européen, seul garant d’une industrie créative et performante
- Alerter sur les dangers d’une trop grande concentration
- Garantir le renouvellement des talents et des récits grâce aux producteur.ice.s indépendant.e.s qui gardent la propriété des œuvres en Europe. »
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