Inquiétude de la profession : Le système d’aide sélective remis en cause

La restriction possible du budget de la commission d’Aide sélective à la petite et moyenne exploitation sur l’année 2018 pose la question d’une remise en cause du modèle de financement des salles.

Une dizaine de dossiers éligibles auraient été écartés sans examen lors de la dernière commission d’Aide sélective du 22 novembre, pour un report au mois de janvier à une date encore non communiquée. Un acte qui fait suite à la récente décision du CNC de restreindre le budget 2018 alloué à l’aide à la petite et moyenne exploitation à 7 millions d’euros, supprimant de fait l’enveloppe supplémentaire de 2 à 3 millions généralement accordée. Cette situation pourrait d’ores et déjà impacter le budget 2019, et provoquer une fuite en avant.

La FNCF a protesté vigoureusement et interpellé le CNC par courrier en exigeant des garanties pour 2019, afin que les dossiers reportés soient tous traités sur un budget supplémentaire afin de ne pas entamer le budget de l’année prochaine. À défaut, les projets futurs pourraient être compromis. Erwan Escoubet, directeur juridique à la FNCF, rappelle : “Si nous avons réussi à réaliser depuis plusieurs années plus de 200 millions d’entrées, c’est grâce aussi à l’investissement colossal réalisé dans les salles. C’est la première fois qu’une telle situation se présente.” Le SCARE a également fait part de son inquiétude par écrit sur les conséquences de cette mesure pour les salles Art & Essai, qui fait suite à la baisse de 10 à 12 % de l’aide à la programmation difficile et l’écrêtement de 7 puis de 4 % des subventions Art & Essai. L’AFCAE se dit quant à elle pleinement solidaire de la FNCF, rappelant que l’aide sélective est un outil essentiel et indispensable pour préserver le pluralisme des acteurs du secteur.

Alors même que les recommandations de Frédérique Bredin portaient sur le renforcement de la qualité architecturale des projets, de la qualité de la programmation qui implique la construction de salles supplémentaires pour faire face à l’augmentation du nombre de films et du développement des cinémas en cœur de ville, cette restriction budgétaire est mal vécue par la profession. Pour rappel, l’Aide sélective est issue d’un fonds notamment alimenté par les recettes de la TSA cotisée par les salles ; elle est donc au cœur du système de financement de l’exploitation. De plus, les prochaines échéances politiques précipitent les demandes d’aides à la rénovation et à la création. Cédric Aubry, président de la moyenne exploitation à la FNCF, ne cache pas son inquiétude et soutient que les salles du maillage territorial seront les premières impactées : “De nombreuses salles ont besoin d’être rénovées, rendues accessibles et ont besoin de s’agrandir pour faire face à l’offre de films croissante. Les dossiers présentés concernent majoritairement des projets de petits établissements. Le CNC doit assumer ses choix défavorables à la moyenne exploitation. Toute l’économie des projets découlent de cette décision d’Aide sélective. Le CNC n’apparaît plus comme un accompagnateur ou un facilitateur de projets, mais comme une administration.

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