Gaumont Alésia, l’expérience de la transparence

© Veronese

En juillet dernier, le Gaumont Alésia a réouvert ses portes après deux ans de restructuration intégrale. Un chantier géant, à la hauteur de l’ambition de ce nouveau fleuron de la flotte parisienne des Cinémas Gaumont Pathé. Visite des lieux avec son directeur – et premier fan – Jérôme Cleveland.

L’histoire du cinéma remonte à 1921, lorsqu’il abritait une salle unique baptisée Montrouge Palace, qui passera sous l’enseigne à la marguerite dès les années 1930. Depuis, le Gaumont Alésia a connu plusieurs restructurations (notamment celle qui, dans les années 1960, le reconfigure en complexe) et rénovations (dont l’avant-dernière datait de 2006). Jusqu’à ce jour de juillet 2014, où le cinéma a fermé ses portes… pour une mue intégrale. « Le bâtiment, vieux de plus de 90 ans, ne nous permettait ni de nous mettre convenablement aux normes d’accessibilité, ni de réaliser des aménagements aux standards de qualité que nous déployons dans nos cinémas », précise le directeur. « Dans cet espace contraint, nous avons donc choisi la solution la plus radicale : celle de déposer l’ensemble et de repartir d’une feuille blanche pour inventer un nouveau cinéma, moderne, avec des standards de qualité très élevés. » 

Un design et une expérience uniques

Réinventer la salle et une toute nouvelle façon d’aller au cinéma, c’est aussi tout le défi que s’était donné l’architecte Manuelle Gautrand pour son premier projet dans le domaine de l’exploitation cinématographique. « Et force est de constater qu’elle a vu très juste », se réjouit Cleveland. Aujourd’hui, le cinéma dispose de huit salles (contre sept avant travaux), pour une capacité d’accueil sensiblement équivalente de 1 364 fauteuils, et dont la plus grande, équipée en Dolby Atmos et d’un écran de 16 mètres de base, rassemble à elle seule 445 places. Mais comment gagner de la surface dans l’espace restreint de l’ancien cinéma, implanté au sud du 14ème arrondissement parisien? « En descendant à 8,50 mètres sous terre, ce qui nous a permis d’implanter quatre salles au niveau-1 (la technique étant lotie au niveau-2), et de dégager le hall, pour créer un véritable espace de convivialité, de transparence », détaille le directeur. Ainsi, sur les niveaux supérieurs, où sont disposées les 4 autres salles (dont la plus grande qui occupe presque deux niveaux), on peut se promener le long des parois en verre et profiter d’une vue dominante sur Paris. 

Les espaces d’attente gradinés (en clin d’œil aux salles), équipés de systèmes de vidéoprojection laser diffusant des bandes-annonces, sont traversés par un atrium remontant sur toute la hauteur de l’édifice. « Après le Gaumont Convention, signé Jean-Pierre Buffi, et Les Fauvettes, signé Françoise Raynaud pour l’architecture et Jacques Grange pour la décoration intérieure, le Gaumont Alésia aussi se devait d’être un objet unique. Le bâtiment est très haut, très pur et propice à la détente; une bulle de zénitude dans l’agitation de la ville. C’est ça que ressentent nos spectateurs, qui y prennent leur temps. »

Un cinéma dans la ville

Reste que le premier (et plus visible) “argument” architectural du cinéma est sa façade-rideau LED, conçue par l’architecte, qui s’étend pratiquement sur toute la hauteur et toute la largeur du bâtiment, d’une surface de 300 m² – ce qui en fait la plus grande façade LED de Paris. Pas question bien entendu, code de la route oblige, de diffuser des images très animées sur un carrefour aussi fréquenté. « Cet écran, qui est aussi beau de jour que de nuit, a un intérêt particulier: la transparence. Une invite à elle seule à pénétrer dans le cinéma, mais aussi un écran magique à travers lequel l’extérieur et l’intérieur entrent en interaction. Car si ses salles restent “obscures”, le Gaumont Alésia est résolument ouvert sur la ville. »

Ouvert sur la ville (d’autant plus qu’il est particulièrement bien desservi par les transports en commun parisiens), l’Alésia reste aussi et avant tout un cinéma de quartier, dont les habitants attendaient fébrilement la réouverture. « Il a été extrêmement agréable et touchant de constater que cette révolution ne les a pas déçus, bien au contraire: les habitués de la première heure ont retrouvé leur cinéma avec des étoiles dans les yeux et une certaine forme d’ébahissement. Ce que j’entends le plus souvent depuis la réouverture, c’est le mot « Wahou »! Il faut dire que grâce aux services que nous proposons (placement numéroté, dématérialisation des billets, accessibilité aux personnes à mobilité réduite, systèmes twavox dans toutes les salles…), ils n’ont pas mis longtemps à reprendre leur repères dans un cinéma extrêmement fluide et facile à s’approprier. »

Sur ses cinq dernières années d’exploitation pleines (entre 2008 et 2013), le site comptabilisait en moyenne 500 000 entrées. « Bien sûr, nous allons chercher de nouveaux spectateurs, avec pour objectif de réaliser 720 000 entrées en vitesse de croisière. Il y aura forcément un élargissement de la zone de chalandise, particulièrement dans le 13ème arrondissement tout proche et dans le Sud de Paris, de l’autre côté du Périphérique, principalement à Montrouge. Nous allons également travailler avec la Cité internationale universitaire. »

D’autant plus que niveau programmation, le Gaumont Alésia a de quoi séduire tous les publics. « Nous sommes un cinéma généraliste en version originale (avec quelques exceptions pour les films enfants), qui ne s’interdit pas pour autant d’aller vers la diversité. »

Pour la partie événementielle, l’équipe compte animer le cinéma avec de nombreuses avant-premières, mais pas que… Une surprise y est en cours de programmation, « sur laquelle nous ne pouvons pas en dire davantage pour l’instant », prévient Jérôme Cleveland,avant de conclure avec la plus grande des promesses : « Nous avons voulu faire le plus beau cinéma de France et, en toute humilité, je crois que nous y sommes arrivés ! ».

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