François Aymé : «L’Afcae travaille dans l’intérêt des salles, mais aussi des films, des publics et des territoires»

©Isabelle Negre

INTERVIEW – À l’instar des années précédentes, le Conseil d’administration de l’Afcae renouvelait son bureau, le 3 juin dernier, induisant l’élection d’un nouveau président en la personne de François Aymé. Après avoir été membre du Conseil d’administration de l’association, Secrétaire général, puis Vice-Président, il revient sur cette nouvelle responsabilité et sur son approche de l’association.

Comment envisagez-vous votre fonction de président de l’Afcae ?

La première mission du Président de l’Afcae, comme du Conseil d’administration, est de travailler dans l’intérêt général des salles, mais aussi des films, des publics et des territoires. Nous devons veiller à la cohésion entre l’ensemble des 1 100 cinémas adhérents qui doivent être entendus et défendus de manière équitable quel que soit leur taille, leur implantation, leur niveau de classement Art & Essai et leur mode de gestion. Nous nous inscrivons clairement dans la continuité du travail engagé par l’équipe sortante depuis plus de 20 ans, en particulier concernant les principes fondateurs du mouvement art et essai : l’exception culturelle, la régulation du secteur, l’aménage- ment culturel du territoire et l’éducation au cinéma. Il nous appartient de garantir le poids politique et la crédibilité de notre structure et de travailler de manière constructive avec nos partenaires distributeurs, les pouvoirs publics, les associations régionales, la FNCF, le Scare et les autres organisations professionnelles.

Souhaitez-vous insuffler une impulsion particulière à l’Afcae ?

Patrick Brouiller, Alain Bouffartigue et Xavier Blom nous lèguent un précieux héritage : l’Afcae est reconnu pour la cohérence et la constance de ses positions politiques en faveur de la filière indépendante. Le Festival Afcae/Télérama, les rencontres Art & Essai de Cannes, les soutiens des Groupes Actions-Promotion, Jeune Public, Patrimoine et Répertoire, sont autant d’actions ancrées dans le quotidien des salles et des distributeurs parce qu’elles accompagnent et dynamisent le travail de chacun. Dans le même temps, notre environnement culturel, technologique et politique est en pleine mutation. Les comportements générationnels vis-à-vis des films et des images changent radicalement et nous obligent à réfléchir sur nos façons de programmer, de communiquer et d’animer nos salles. Par sa dimension nationale, par son poids politique, l’Afcae est l’un des lieux où l’on peut imaginer et aider à la mise en œuvre d’une politique culturelle et de diffusion tenant compte de ce contexte.

Pensez-vous que des efforts restent encore à déployer pour faire reconnaître la singularité des salles Art & Essai et faire admettre aux pouvoirs publics le besoin d’une meilleure régulation et mutualisation des ressources du secteur ?

Le principe de régulation est la clé de voute du cinéma en France. L’Afcae a un rôle primordial de vigie et d’alerte à jouer dans ce domaine. Parmi les dossiers urgents figurent la nécessaire application du rapport Lagauche concernant les CNAC. Pour l’accès aux films : la relégation en 5 ème semaine pour la plupart des cinémas de la petite exploitation (et ce, malgré le formidable travail de l’ADRC) qui pénalise de manière excessive des sites si précieux pour l’animation du territoire. Enfin il y a une réflexion à entamer sur la situation préoccupante de nombreuses salles indépendantes des centres-villes des grandes agglomérations. Ces lieux constituent le socle des plans de sortie Art & Essai, s’ils sont en danger, c’est toute la filière qui l’est également.

Quels sont les grands dossiers sur lesquels vous allez vous atteler en priorité ?

En complément des dossiers politiques cités précédemment, à moyen terme, la question du renouvellement du public est une priorité, en particulier pour nos salles Art & Essai. Si l’Afcae est reconnue auprès de la profession, il faut améliorer sa notoriété et son image auprès du public, des élus et des médias. Aujourd’hui, le public ne sait pas ce qu’est l’Afcae. Il faut valoriser nos actions communes mais aussi l’identité, la spécificité de chacun de nos lieux. Une communication renouvelée qui utilise les réseaux sociaux, la mise en place de nouvelles actions d’envergure nationale font partie des projets à développer rapidement.

En appelez-vous à plus de concertation entre les divers représentants de la filière indépendante ?

Comme l’équipe sortante, nous sommes évidemment dans une logique de concertation et de solidarité avec le reste de la filière indé- pendante. J’ajouterais qu’avec les pouvoirs publics et les collectivités territoriales, nous tenons à perpétuer des échanges constructifs, à assumer un rôle de force de propositions tout en mettant en œuvre un travail de formation et de sensibilisation auprès des élus, qui trop souvent méconnaissent les spécificités de l’exploitation.

©Isabelle Negre

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