La commission de la culture et de la communication du Sénat a entendu le jeudi 16 avril le ministre de la Culture à propos des conséquences de l’épidémie de COVID-19. Audiovisuel, festivals, presse… la commission estime que des clarifications sont encore nécessaires pour répondre aux urgences et garantir que la culture ne sera pas une oubliée de « l’après ».
Sur la réforme de l’audiovisuel, pas de grandes annonces de la part de Franck Riester, qui considère que les objectifs du projet de loi demeurent « pertinents concernant la préparation de la télévision hertzienne du futur et la mise à contribution des plateformes au financement de la création », mais a déclaré que son contenu devrait évoluer afin de tirer les conséquences de la crise. Le financement de l’audiovisuel public notamment, devra tenir compte de la chute des recettes publicitaires, et face à la forte mobilisation de la commission pour le maintien de France 4, Franck Riester a indiqué que « le principe de l’arrêt de la chaîne allait être réexaminé ». La présidente de la commission, Catherine Morin-Desailly (Union Centriste – Seine-Maritime), a par ailleurs plaidé pour l’adoption d’un crédit d’impôt communication pour la presse et l’audiovisuel.
Mais c’est pour l’ensemble du secteur de la culture que la présidente a réclamé à la fois un plan d’urgence et plan de relance pour la reprise de l’activité. « Sans aide suffisamment forte, les répercussions dans de nombreux autres domaines de la vie économique et sociale seront immenses, tant la culture est un vecteur de développement économique, de cohésion sociale et d’attractivité des territoires » a souligné Catherine Morin-Desailly. Malgré les mesures mises en place par le gouvernement, les membres de la commission ont pointé plusieurs sujets restés sans réponse, tels que la répartition des crédits du fonds d’urgence entre les différentes structures et professionnels ou la possibilité pour tout établissement de cumuler le dispositif d’activité partielle avec les subventions.
Les sénateurs ont par ailleurs insisté sur la nécessité d’offrir rapidement de la visibilité aux acteurs culturels, qui doivent pouvoir anticiper leurs décisions. Sur la situation des festivals par exemple, le choix du ministre de la culture des décisions « au cas par cas », après la mi‑juillet mais aussi sur la possibilité d’organiser des petits festivals dès le 11 mai, ne répond en aucun cas aux attentes de clarifications actuelles. Aucune date sur la réouverture des salles de cinéma n’a été évoquée.
Par ailleurs, face aux besoins de soutien financier du secteur, les membres de la commission souhaitent que la répartition des crédits soit réévaluée, s’interrogeant sur la pertinence des 49 millions d’euros dont doit bénéficier le pass culture au titre de l’année 2020, alors même que son bilan est jusqu’ici mitigé.
Franck Riester a aussi été interrogé sur les difficultés de la presse et des industries culturelles, au moment où la crise renforce la position hégémonique des grandes plateformes numériques. Et malgré les mesures d’aide en faveur des éditeurs, pigistes et auteurs, la commission sera très attentive à ce que nul ne soit exclu pour des raisons tenant aux spécificités d’une profession.
En conclusion, Catherine Morin-Desailly a indiqué que la commission attendait maintenant la présentation du grand plan de soutien à la Culture, qui doit offrir à tous les acteurs du secteur « de réelles perspectives non seulement d’aide pour passer ce cap difficile mais également d’avenir, afin de permettre au secteur de survivre, mais aussi de se projeter, d’anticiper et de continuer à créer ».
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