Disparition de Gérard Clochard, ancien directeur du Concorde de Nantes

Gérard Clochard, 1984

Figure mythique du cinéma nantais et ancien administrateur du Scare, l’exploitant s’est éteint dans la nuit du 18 au 19 décembre. Il avait 72 ans.

C’est en 1984 que Gérard Clochard, ancien ouvrier technicien des PTT, avait repris, avec sa femme Laurence, le Concorde, implanté depuis 1918 dans le quartier Zola-Chantenay de Nantes. « Mes parents étaient suffisamment fous pour s’acheter un cinéma à une époque où ces derniers fermaient », s’amuse leur fils Sylvain Clochard, à la tête du cinéma depuis 2011. 

Alors jeunes trentenaires provinciaux, Gérard et Laurence ont donc acquis un complexe de quatre salles et 287 fauteuils « car… ils voulaient voir des films », comme ceux qu’ils ont découverts au Quartier latin lors de leurs séjours de formation à Paris. Des œuvres des Marx Brothers, René Clair, Max Ophuls, John Ford, Orson Wells, à celles des Monty Python, Fassbinder, Taviani, ou encore Bruce Lee ou films underground… le Concorde devient, sous la houlette de Gérard Clochard, « un cinéma où se croisaient, dans la même file, cinéphiles et jeunes punks avec des rats sur l’épaule », se remémore Sylvain Clochard en évoquant « une enfance merveilleuse » vécue au milieu de cette ambiance interlope. « Mon père avait beaucoup de tendresse et d’affection pour ceux qu’il rencontrait, il n’était jamais avare de son temps pour échanger et partager. » 

Administrateur de l’Association des cinémas de l’ouest pour la recherche (Acor) dont il a participé à la fondation, par ailleurs investi aux tout débuts de Collège au cinéma, cet ancien syndicaliste a aussi été responsable de la commission des affaires sociales de la FNCF. Enfin, le Scare, dont Gérard Clochard a été administrateur de 2002 à 2011, se souvient « de son énergie, sa témérité même, son humeur toujours joyeuse » et salue un exploitant qui a fait de son établissement « un cinéma engagé, indépendant, aussi bien dans sa gouvernance que dans sa programmation diversifiée ».

Après l’avoir remplacé quelque temps suite à ses problèmes de santé en 1997, Sylvain Clochard avait rejoint son père au Concorde dès 2000. « Pour lui, la transmission était une chose très importante, et passait par le fait de partir. » Gérard Clochard avait donc confié les rênes du cinéma en 2011, développant, depuis, des ateliers de fabrications de jeux en bois dans les écoles, centres sociaux, de loisirs… ou encore « un poulailler XXL dans un quartier HLM pour que les enfants du quartier puissent avoir des œufs. Avant, pendant et après le Concorde, mon père a toujours été militant », conclut Sylvain Clochard, qui poursuit l’aventure familiale avec notamment un projet d’agrandissement  de trois salles supplémentaires. 

Mardi 26 décembre, entre 10h et 13h, Le Concorde propose, en hommage à la mémoire de son ancien exploitant, « un bon moment festif, tout à son image ». 

avec la collaboration de Jules Dreyfus

Gérard Clochard, en 2020
Gérard Clochard, 1984

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