Alors que certains festivals, comme Toronto ou Annecy, envisagent de passer exceptionnellement en ligne, ceux de Cannes et Venise ont déjà fait savoir que leurs événements se tiendraient en salles… sinon rien.
Le mois de septembre paraît encore loin, mais les organisateurs du TIFF, l’un des grands rendez-vous cinéma internationaux de l’année, ne sont pas confiants : l’événement, prévu du 10 au 20 septembre prochain, pourra-t-il se tenir dans les conditions habituelles et accueillir des milliers de festivaliers venus du monde entier ? À l’heure où l’incertitude est de mise, Joana Vicente et Cameron Bailey envisagent un scénario limitant l’événement physique, qui serait alors enrichi de rencontres en ligne pour préserver les conditions de sécurité et éviter une annulation pure et simple. Une alternative également étudiée par Annecy, le Festival du film d’animation ayant annoncé hier son annulation physique. Les organisateurs ont cependant donné rendez-vous du 14 au 19 juin pour une version digitale dont les modalités devraient être précisées d’ici la fin du mois, concernant notamment le format du marché (MIFA). La manifestation doit notamment jongler avec les différents reports des films, citant comme exemple Les Minions 2, produit par Illuminations et dont la sortie est désormais prévue à l’été 2021. Elle reste néanmoins un passage essentiel pour les courts métrages, Annecy leur permettant de concourir aux Oscars. En parallèle, le Festival confirme d’ores et déjà réfléchir à un renforcement de son édition hivernale, inaugurée en décembre dernier.
L’alternative en ligne ne semble toutefois pas être au goût des deux grands festivals européens que sont Cannes et Venise. Dans une interview accordée à Variety, le délégué général du Festival de Cannes Thierry Frémaux refuse catégoriquement cette idée, dévoilant au passage quelques films pressentis pour la sélection 2020 : « Qu’est-ce qu’un festival digital ? Une compétition digitale ? Voir un film de Wes Anderson ou de Paul Verhoeven sur un ordinateur ? Découvrir Top Gun 2 ou Soul ailleurs qu’au cinéma ? La sortie en salle de ces films a été repoussée, ce n’est pas pour les présenter sur un petit écran », ajoutant : « Ce n’est pas un modèle compatible avec l’histoire et l’âme de Cannes. »
Si le festival, pour le moment repoussé à fin juin-début juillet, devait être annulé, le délégué général concède devoir réfléchir à une autre manière de montrer les films « pour ne pas perdre une année », mais rien d’aussi « précaire et improvisé ». Une déclaration qui fait suite à celle d’Alberto Barbera, directeur artistique du Festival de Venise : « Le Festival de Toronto n’est pas comparable à ceux de Cannes et Venise et pour le moment et nous ne pouvons pas prendre de décision définitive. Nous avons encore deux mois devant nous et nous travaillons comme d’habitude ; il est trop tôt pour avoir toutes les données en main et savoir ce qui arrivera. Le Festival pourra prendre une année sabbatique si la pandémie est toujours en cours ou bien tout reviendra peut-être à la normale ; entre les deux, il y a une infinité de contraintes possibles et impossibles à prévoir. Quoi qu’il en soit, nous nous tenons prêts et nous prendrons une décision avant la fin du mois de mai. »
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