Lors du premier grand débat à Deauville, les exploitants de cinéma ont affiché leurs inquiétudes mais aussi leur unité, face à une crise qui risque de durer.
Le congrès de la Fédération nationale des cinémas français a débuté son dense programme, dans le strict respect des mesures sanitaires. Dans la foulée des réunions de branche de la matinée, les comptes rendus des différents rapporteurs et le forum de discussion de l’après-midi ont mis en lumière autant de préoccupations majeures que de solutions possibles, avec une volonté affirmée d’unité. En gardant espoir, mais avec une conscience aiguë que la crise est destinée à durer.
« Merci d’avoir rempli votre mission en rouvrant fin juin et en restant ouverts malgré la fréquentation catastrophique. Tout l’été, les salles de cinéma ont été quasiment le seul loisir culturel au cœur de la cité. Vous pouvez être fiers de ce combat : nous avons été à l’avant garde de notre filière, donnant signal de la reprise, montrant notre envie », a déclaré le président de la FNCF Richard Patry en préambule des échanges. « La Fédération n’a jamais aussi bien fonctionné et je suis fier de la présider. »
En effet, mettant de côté les tiraillements posés par leurs différents statuts, les représentants de la petite, moyenne et grande exploitation ont affirmé leur unité et solidarité face à la crise à travers une motion commune. « Pendant presque cent jours, dans les villes, les villages, les banlieues, les campagnes, en outre-mer, les circuits itinérants, partout, quelle que soit leur taille, quel que soit leur statut, quelle que soit leur économie ou leur programmation, tous les cinémas de France ont fermé. Depuis la réouverture, les cinémas ont tous fait face à la fréquentation réduite, aux mesures sanitaires contraignantes, au manque de films et aux recettes en berne et comme le reste du pays à l’incertitude permanente. Merci aux distributeurs qui ont eu le courage de sortir leurs films et merci au public qui est venu les voir ! C’est ensemble que tous les cinémas sont confrontés à cette crise sans précédent et c’est ensemble que les cinémas continueront à être la pierre angulaire de la diversité culturelle, de l’animation des centre villes, des campagnes, de l’éducation à l’image ou du divertissement. Notre résistance, notre union, sont des garants de l’exception culturelle française ! »
Revenant dans le détail sur les mesures attendues, les discussions ont aussi montré le sentiment partagé que cette crise peut durer et l’importance d’un plan sur le long terme : « Il est essentiel que le gouvernement reste à notre écoute pour bâtir un plan triennal », a rapporté Sylvie Jaillet pour la moyenne exploitation, qui s’interroge sur la nature d’une crise à la fois conjoncturelle et structurelle. Parmi les prises de paroles du forum, le président de l’AFCAE François Aymé a pour sa part souligné le besoin de rebâtir dans les « logiques pérennes, non seulement avec l’État via le CNC, mais aussi avec les collectivités ».
Pour l’heure, toutes les attentions sont braquées sur les déclarations de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, attendue demain pour le débat avec les pouvoirs publics à 15h30, pour détailler les plans d’urgence et de relance de la filière. Face à la « pire crise que la profession a dû traverser en 125 ans d’existence » comme le rappelle Richard Patry, les exploitants attendent un plan massif « à la hauteur de la situation catastrophique » ainsi qu’une mise en place urgente de la part du CNC.
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