Clap de fin pour les Cinémas Guzzo canadiens

Cinéma Guzzo Lacordaire, à Saint-Léonard, à Montréal, inauguré en 1994 et rénové dans les années 2000 © Cinémas Guzzo

Après la fermeture de deux de ses sites en janvier, le plus grand circuit indépendant du Québec baisse le rideau de l’ensemble de ses cinémas. 

Au terme du sursis qui leur avait été accordé, les sept établissements et 106 écrans Guzzo sont passés le 6 février dernier sous séquestre, la Cour supérieure du Québec invoquant une « gestion de trésorerie insoutenable ». Les dettes du circuit sont, pour l’heure, estimées à 108 millions de dollars canadiens.

La fin d’une aventure familiale entamée par Angelo Guzzo, avec l’acquisition en 1974 d’un premier cinéma – Cinéma Capri, rebaptisé Le Paradis – à Montréal, que l’entrepreneur immigré italien transforme, en 1976, en premier cinéma indépendant de la ville à se doter de trois salles en 1976. Malgré la récession du secteur dans les années 1980, Angelo Guzzo poursuit ses ambitions d’expansion, rachetant ou construisant différents complexes. 

Virulent défenseur de l’accès des cinémas indépendants aux films américains – ses détracteurs rappellent aujourd’hui que le circuit a bien moins œuvré dans la diffusion du cinéma canadien –, Angelo Guzzo multiplie les innovations tarifaires (les séances à 99 cents dans son cinéma historique, les mercredis à moitié prix) comme technologiques dans ses nouveaux équipements. Dans les années 1990, ces derniers prennent la forme de multiplexes de plus en plus grands et multi activités, notamment conçus et mis en œuvre par la branche Guzzo Construction Inc. d’une firme familiale désormais devenue “groupe”. 

Guzzo Cinemas, qui a représenté jusqu’à 141 écrans répartis dans 10 établissements dans les années 2000, était le plus grand circuit indépendant du Québec. Le groupe, également actif dans les secteurs de la restauration et donc de la construction, est actuellement sous la direction de Vincenzo Guzzo, fils d’Angelo. 

Les Cinémas Guzzo tirent le rideau alors que l’exploitation cinématographique canadienne se prépare à une profonde reconfiguration de son paysage, notamment du côté du leader Cineplex. Après sa fusion avortée avec Cineworld en 2022, le dernier épisode en date concernant le changement potentiel de propriétaire remonte à fin 2023, et le projet, rapporté par la presse financière, d’une acquisition de la part Kinepolis… sous réserve que le groupe belge trousse d’autres acquéreurs pour certains sites Cineplex pour éviter une situation de monopole au Canada. 

Cinéma Guzzo Lacordaire, à Saint-Léonard, à Montréal, inauguré en 1994 et rénové dans les années 2000 © Cinémas Guzzo

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