Plus d’un an après avoir vendu L’Epée de Bois, le circuit catalan s’est réimplanté dans la capitale avec l’ouverture, le 19 décembre, d’un multiplexe de 7 salles et 1 163 fauteuils, en association avec Djamel Bensalah, Isaac Sharry et Les Cinémas Pathé Gaumont.
« Plus qu’un simple diffuseur d’images, le cinéma doit être un lieu de vie, de proximité. » C’est la vision de Jean-Philippe Julia, DG de Cinémovida, qu’il partage avec son associé Jacques Font, et qu’il a voulu mettre en place dans le quartier des Batignolles, où s’est érigé le nouveau multiplexe du groupe. Ainsi, un hall de 400 m² pouvant accueillir 500 personnes se veut comme un espace de passage, “où les gens peuvent venir boire au coffee-shop, lire ou travailler, sans forcément acheter de place”. Haut de plafond et lumineux, il est équipé d’un écran géant permettant la diffusion d’événements spéciaux, et devrait, d’ici l’été, être doté d’une bibliothèque et de mobilier design. Surplombant le parc Martin Luther King, le hall se prolonge par une large terrasse où des brunchs pourront être proposés pendant les beaux jours.
La salle Sphera s’invite en France
S’il vise dans un premier temps les 300 000 entrées annuelles, le multiplexe ambitionne, à terme, un rythme de 400 000 spectateurs, tablant sur l’événementiel mais aussi la particularité de son offre cinéma, symbolisée par la salle Sphera (352 places et un écran de 15 mètres de base). C’est la deuxième fois dans le monde que le concept premium d’Ymagis est intégré dans un cinéma, après le Village Cinemas d’Athènes. « Entre Imax et ICE », la technologie combine une image EclairColor HDR, un double projecteur laser Sony Digital Cinéma 4K SRX-R815DS4K, un son Dolby Atmos, des sièges simili-cuir inclinables et des LED latérales qui prolongent l’image de l’écran. « C’est une caméra située en fond de salle qui informe les bandeaux en temps réel en fonction de l’image projetée sur l’écran. Il n’y a donc aucune postproduction contrairement au concept ICE. Mais comme ce dernier, seules certaines scènes des films seront compatibles avec la technologie », précise Dorothy Malherbe, la directrice du site.
Élaborée avec Les Cinémas Pathé Gaumont pour être en harmonie avec les Pathé Wepler et Levallois, la programmation est éclectique. Le très jeune public aura également sa place via la salle Family avec des animations et activités ludiques en MSD et pendant les vacances scolaires, dans un écrin garni de coussins colorés. Pour attirer leur public, les 7 Batignolles entendent également s’investir auprès de différents festivals. L’établissement étant voisin de la police judiciaire et du nouveau palais de justice de Paris, le polar aura une place de choix avec l’amorce de discussions avec le Festival de Beaune pour récupérer une partie de sa programmation.
Un projet à 16 millions d’euros
C’est au début des années 2010 que l’appel d’offre pour l’implantation d’un multiplexe est lancé. La Société Nouvelle des Écrans de Spectacle (SNES), gérante de Cinémovida, est sélectionnée en 2013 pour exploiter le futur cinéma. Elle s’est associée avec les producteurs Djamel Bensalah et Isaac Sharry au sein de la société Batignolles Cinémas, avant de conclure un accord avec Les Cinémas Pathé Gaumont, pour harmoniser l’offre cinématographique déjà garnie dans le secteur avec les 12 salles Place de Clichy et les 8 à Levallois. De cette entente est née la SAS Les 7 Batignolles, détenue à 51 % par Batignolles Cinémas et 49 % par le circuit au coq. Et c’est finalement il y un peu plus de 2 ans que les travaux ont pu démarrer, pour un coût de 16 millions d’euros HT. « C’était un projet compliqué car le cinéma est au rez-de-chaussée d’un immeuble avec des appartements, ce qui augmente les contraintes phoniques et de sécurité. Nous avons une coque conçue par Linkcity (Bouygues), donc il a fallu s’adapter pour optimiser les volumes », raconte Jean-Philippe Julia. La décoration intérieure a été imaginée par Ana Moussinet, plutôt habituée aux hôtels de luxe d’où le choix de certains matériaux comme le laiton et le terrazzo. Si le cinéma est opérationnel, la signalétique n’est pas totalement achevée : une enseigne sera fixée sur le toit pour permettre au multiplexe d’être visible à la sortie du métro et une marquise sera érigée avec un panneau lumineux.
Contrôle et consolidation
Pour le circuit catalan – qui exploite les Castillet et Megacastillet de Perpignan, mais aussi le multiplexe de Cholet –, ce retour à Paris était capital : « Avoir un établissement ici permet, vis-à-vis du métier, d’être perçu différemment. » C’est aussi dans cette optique de renforcement de sa présence francilienne que Cinémovida a débuté en novembre le chantier de Maurepas (Yvelines). Le complexe de 8 salles, équipé notamment des technologies ICE et M4DX, et estimé à 14,5 millions d’euros, devrait ouvrir en février 2020. Outre ces deux cinémas, le groupe réfléchit à l’implantation de deux autres multiplexes en Île-de-France, et un 3e dans le sud du pays. « Notre stratégie est d’abord de nous développer de manière contrôlée car nous faisons de gros investissements. Mais aussi de consolider notre image et notre marque, avec ce concept de cinéma comme lieu de vie via des espaces culturels liés aux films. S’il n’est pas interdit de faire entrer un fonds d’investissements de manière minoritaire, nous restons attachés à notre identité d’entreprise familiale catalane. » Avec des ambitions en Espagne ? « Nous regardons, mais la manière de fonctionner est très différente. Dans 2,3 ans, les choses seront un peu plus établies. »
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