La ministre de la Culture veut davantage protéger les actifs stratégiques que sont les salles

Rima Abdul Malak ©Susy Lagrange / Cinéastes de l'Arp

Intervenant aux Rencontres de l’Arp, Rima Abdul-Malak a énoncé ce qui guide son action pour la filière, dont sa volonté de protéger les salles de cinéma au même titre que les catalogues d’œuvres.

Pour la ministre de la Culture, trois grands défis s’accélèrent aujourd’hui dans la politique en faveur du cinéma cinéma : protéger, au niveau national et européen, les actifs stratégiques et le droit des auteurs ; anticiper, c’est à dire accompagner le secteur face aux mutations numériques et aux impacts de la crise sanitaire ; et transmettre, notamment à la jeunesse. 

Sur la protection, et face au risque aujourd’hui de voir des sociétés de production, des catalogues rachetés par des entreprises extra européennes –  y compris des fonds d’investissement éloignés de tout objectif culturel –  il n’existe pas de cadre européen pour les protéger en tant qu’actifs stratégiques. « Or nos œuvres, qui touchent à notre représentation collective et à notre mémoire, font partie de ce qui pourrait être un champ d’exception ». Si l’Europe reconnaît désormais qu’elles sont des “actifs culturels stratégiques”, et que la loi d’avril 2021 permet de protéger les catalogues, Rima Abdul Malak estime qu’il faut aller plus loin et préserver aussi les salles de cinéma des règles de la concurrence. « On voit à l’étranger que des réseaux de salles changent de main. Il faut donc adapter aux salles de cinéma les mesures de protection prises pour les catalogues, et j’ai demandé au CNC d’en étudier la faisabilité. » En s’appuyant notamment sur les prochaines conclusions de la mission Concurrence et cinéma, confiée à Bruno Lasserre.

L’anticipation concerne principalement l’évolution de la récente chronologie des medias, réussie, selon elle, grâce à un consensus, « mais qui est déjà percutée par les décisions de certains acteurs. On doit y réfléchir collectivement, pour renforcer l’ensemble de la filière et ne pas se retrouver avec un évitement de la salle de cinéma, alors que l’un des buts de cette chronologie était de préserver l’expérience salle  ». La ministre espère ainsi que les discussions commencées le 4 octobre permettront de prendre « un chemin nouveau en février. Le monde avance très vite et il faut qu’on anticipe pour faire bouger cette chronologie ». 
Anticiper, c’est aussi renouveler les talents, notamment à travers le plan France 2030 et les grands studios qui contribueront à la formation des jeunes générations, et ce sur tous les territoires. « Un véritable enjeu pour développer et assurer la pérennité de notre filière en protégeant notre indépendance, sans aller jusqu’au repli sur soi qui serait une logique mortifère », a souligné la ministre en faisant allusion à la montée de l’extrême droite et des populismes, qui voudraient privatiser l’audiovisuel et museler la création. 

Enfin, la transmission en direction des jeunes « ne veut pas dire arrêter d’être présent sur le numérique, y compris dans le métavers, mais ne pas lâcher le combat de l’éducation artistique, pour emmener nos jeunes générations dans les musées, les théâtres et les salles de cinéma. » D‘où l’importance du Pass culture et de ses ambassadeurs qui poussent à son utilisation, « et surtout son volet collectif », comme le montre le nombre de séances de Simone, le Voyage du siècle organisées dans ce cadre avec les enseignants. Pour la ministre, « le Pass renforce donc notre politique d’éducation à l’image, comme le fonds jeunes cinéphiles ou le développement de médiateurs avec les collectivités. »Trois défis sur lesquels Rima Abdul Malak a assuré que « l’État et le CNC sont à vos côtés, prêts à faire bouger encore beaucoup de lignes. »

Rima Abdul Malak ©Susy Lagrange / Cinéastes de l'Arp

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