Annecy 2025 : Une animation aux mille émotions en 2024

Vice-versa 2© 2024 Disney/Pixar

Comme chaque année, le CNC livre son bilan du marché de l’animation à l’occasion du Festival d’Annecy. Et si les résultats sont, aux premiers abords, réjouissants, ils cachent une crise importante que traverse le secteur.

Sur les 181 millions (M) d’entrées engrangées en 2024, 30,2 M ont été réalisées par des films d’animation de première exclusivité. Un très bon résultat – le plus haut post-Covid –, représentant une part record de 19,4 % de la fréquentation totale, pour 217,7 M€ de recettes sur les 1 347,8 M€ totaux. Ces niveaux historiques sont toutefois à pondérer, car 2024 est, avec 60 sorties – parmi lesquelles 13 françaises, dont 10 co-productions –, l’année la plus fournie en termes de films d’animation. En outre, le secteur est également concerné par la concentration générale des entrées, soulignée à l’occasion du bilan annuel de Boxoffice Pro. En effet, les trois plus grands succès d’animation de 2024 (Vice-versa 2 avec 8,29 M d’entrées, Vaiana 2 avec 6,68 M d’entrées et Moi, moche et méchant 4 avec 4,38 M d’entrées*) totalisent 64 % des entrées du genre, soit le plus haut niveau depuis 2007, quand la part moyenne sur ces dix dernières années – excepté 2020 et 2021 – se situe à 45,69 %. Ces résultats, couplés à ceux de Kung Fu Panda 4 (2,36 M d’entrées) ou encore du Robot sauvage (1,8 M d’entrées) portent la part de marché de l’animation américaine à 82,1 %, soit le plus haut niveau enregistré depuis 2016 (88,6 %), écrasant les films français qui représentent 8,1 % des entrées pour le genre (pour une moyenne de 13,7 % sur ces 20 dernières années) ; on notera des succès comme Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau (co-production française), La Plus Précieuse des marchandises, Léo, la fabuleuse histoire de Léonard de Vinci… Des œuvres vues par un public constitué à 43 % d’occasionnels, alors qu’ils n’étaient que 37,4 % en 2023 et 35 % en 2022. À ce titre, le CNC précise que « les résultats en salles des films d’animation sont très fluctuants d’une année à l’autre ».

Soulignant le dynamisme de la production française d’animation avec 13 films agréés – et de nombreuses sélections en festivals –, le CNC précise que cela constitue un « paradoxe » en raison de la crise sans précédent que traverse le secteur. Selon une étude réalisée avec Audiens, « les premiers chiffres pour l’année 2024 et sur les premiers mois de 2025 montrent un renversement de tendance : -10,5 % en 2024 par rapport à 2023 et -11,9 % en mars 2025 par rapport à mars 2023 ». Cette période de disette, qui intervient après une décennie de forte croissance « résulte d’une volonté affichée des Smad de rationaliser leurs investissements dans un objectif de rentabilité et plus globalement de la stratégie des acheteurs, notamment des chaînes de télévision, de diminuer leurs dépenses et de se concentrer sur des valeurs sûres, des licences fortes ». Une situation qui a poussé Rachida Dati à proposer une modification du décret Smad afin de fixer « au bon niveau les obligations en matière d’animation et en les orientant vers des œuvres inédites ».

* Entrées arrêtées au 31 décembre 2024. Source : CNC.

Vice-versa 2© 2024 Disney/Pixar

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