Ajaccio retrouve un Laetitia rénové et agrandi

© Catia Lopes/Boxoffice Pro

Fermé en avril 2017, le mono écran de centre-ville rouvre après plusieurs mois de travaux, désormais transformé en complexe de trois salles et exploité par Michel Simongiovanni.

Le paysage d’Ajaccio poursuit sa mutation. Jusqu’en 2014, la ville de 75 000 habitants ne disposait pas de complexe cinématographique. « Une aberration » selon Michel Simongiovanni, qui a ouvert, il y a huit ans, l’Ellipse, établissement de six écrans en périphérie. « Mais les établissements en centre-ville ont commencé à fermer, et c’était là une autre aberration. Il me semblait normal d’essayer de redonner vie à ces salles historiques », témoignait l’exploitant au printemps 2020, quelques mois après avoir signé un bail avec le propriétaire gestionnaire du Laetitia, entérinant ainsi la reprise de la salle fermée depuis avril 2017. L’idée est alors d’entamer une importante reconfiguration du lieu, avec le souhait initial d’ouvrir pour l’hiver 2020. Mais l’arrivée du Covid bouleverse les plans, entraînant des retards, prolongés par ailleurs par les difficultés afférentes aux travaux dans un vieux bâtiment. D’autant plus que la crise impacte le coût des matériaux, augmentant considérablement le budget du projet : initialement estimé à 1,6 M€, il se chiffre finalement à plus de 2 M€, auxquels se sont ajoutés quelque 150 000 € de charges annexes.

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C’est donc avec près de deux ans de retard que le nouveau Laetitia rallume ses projecteurs. La grande salle historique de 420 places a été divisée en trois plus petites : une de 180 sièges, équipée en laser 4K, a été aménagée dans le balcon désormais fermé, tandis que deux de 52 places, en laser 2K, ont été agencées dans la partie orchestre. Toutes sont dotées d’un son 7.1. Si les salles affichent une modernité similaire à celles de l’Ellipse, le reste du cinéma a volontairement conservé son aspect vintage, auquel le public ajaccien est très attaché. « Je voulais à tout prix éviter de dénaturer cet établissement datant de 1950 et redonner à Ajaccio un site qui participe à la nostalgie collective », explique Michel Simongiovanni. Épaulé par l’architecte corse Frédéric Pinna, l’exploitant a apporté des modifications mineures sur la façade qui garde son enseigne historique ; dans le hall, a été recréé un comptoir en bois d’époque.

Cette ouverture va permettre de redynamiser un centre-ville orphelin de cinéma depuis la fermeture du Bonaparte, de L’Empire, puis du Laetitia. Elle porte également à neuf le nombre d’écrans exploités par Michel Simongiovanni à Ajaccio et ses environs, pour quelque 1 500 fauteuils. « L’idée n’est pas de s’annihiler avec l’Ellipse mais, au contraire, de travailler intelligemment, pour pouvoir programmer encore plus de films, avec notamment une part plus importante d’art et essai. Le Laetitia se présente vraiment comme une extension. » Pour ce dernier, l’exploitant vise, à l’instar de son complexe, le classement et les trois labels. Concernant la fréquentation, l’étude de marché menée par le cabinet Hexacom table sur 80 000 spectateurs annuels avec un effet « cannibalisant » incontournable sur les entrées de l’Ellipse, de l’ordre de 25 à 45 000 tickets ; pour rappel, le multiplexe avait réalisé plus de 350 000 entrées en 2019.

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