CONGRÈS FNCF | Avant les réunions par commissions de branche qui auront lieu demain à Deauville, René Kraus évoque les enjeux et spécificités de la grande exploitation.
À la sortie d’un bel été pour les salles de cinéma, quel bilan intermédiaire tirez-vous de l’année 2023 pour votre branche ?
Apparemment, la fréquentation globale des salles de cinéma pourrait atteindre cette année les 180 millions d’entrées. Il est à noter que cette embellie repose pour partie sur les deux blockbusters américains que sont Barbie et Oppenheimer, mais je ne perds pas de vue que la grande exploitation est toujours la plus fragilisée avec un déficit d’entrées estimé à – 17 % par rapport au référentiel de l’année 2019. Par ailleurs, la perspective des grèves américaines nous rend particulièrement inquiets.
Quels changements et réorganisations la crise énergétique et l’inflation ont-elles provoquées dans les économies des établissements de votre branche ?
Nous ne pouvons que constater que les charges énergétiques et salariales – les revalorisations de salaires venant compenser l’inflation – nous impactent toujours lourdement. Il n’en demeure pas moins que l’organisation des circuits et de la grande exploitation indépendante nous ont permis de retrouver une certaine stabilité. Je voudrais également constater que si l’inflation générale demeure un problème pour l’économie et le pouvoir d’achat, quand la qualité des films est réelle, le public est au rendez-vous.
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Avez-vous des inquiétudes concernant la grève à Hollywood et ses impacts sur le calendrier des sorties ?
Si la grève hollywoodienne se poursuit jusqu’en janvier 2024, les conséquences pourront être lourdes pour l’ensemble de l’exploitation et notamment la grande. Les questions soulevées par les acteurs et les scénaristes américains, notamment sur le streaming et l’intelligence artificielle, seront primordiales dans un avenir extrêmement proche.
Avez-vous observé des évolutions dans l’accès aux films ce dernier semestre ?
Nous pouvons constater que des plans de sortie beaucoup trop larges amènent à une moins bonne exposition des films sur le temps et, donc, à une dilution des entrées.
Qu’attendez-vous de la relance des engagements de programmation ?
La grande exploitation reste vigilante face au manque de souplesse du CNC sur les engagements de programmation et la multidiffusion ponctuelle, en ces temps toujours difficiles de reconquête du public.
Nous ne pouvons accepter des obligations de programmation ainsi que la pénalisation de l’exploitation, en revanche, nous espérons que la concertation à venir sera consensuelle et bénéfique à l’ensemble de la filière.
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Comment les cinémas de votre branche anticipent-ils la réforme attendue de l’art et essai ?
Le système de l’enveloppe fermée pour l’art et essai amène à une diminution des primes. Il ne faudrait pas que des établissements qui feraient 25% de cette programmation, soient sortis du système, alors qu’ils concourent à une meilleure exposition pour un public plus large.
Enfin, la chronologie des médias reviendra rapidement sur le devant de la scène, d’autant que l’apaisement actuel ne sera que temporaire, lié à une nouvelle approche des plateformes dans ses investissements et dans la chronologie.
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