Rétro 2023 : L’exploitation en recherche d’équilibre

Grand Club de Gien, ouvert en 2023

Les spectateurs ont été au rendez-vous des cinémas… peut-être pas autant que les exploitants l’auraient espéré, pour apaiser leurs inquiétudes. Un travail d’équilibriste pour un secteur qui a surmonté les dangers d’une année à haut risque, mais qui reste sur ses gardes. Malgré des charges importantes et les remboursements de PGE, les salles ont maintenu, voire accentué, leurs investissements. 

Une année pleine sans aucune restriction de confiserie, de pass ou de masque. Le début de 2023 a redonné des ailes aux cinémas avec Avatar, La Voie de l’eau, les spectateurs venus par (15) millions confirmant leur attachement aux salles et aux films. Les salles qui, pour l’occasion, ont monté en gamme leur confort et leurs équipements de projection, ont été récompensées et confortées dans leurs efforts. Si 2022 signait déjà une accélération du premium, 2023 enfonce le clou. Bonne nouvelle, le spectateur en est friand et est prêt à payer pour une expérience optimale. La curiosité des spectateurs, la valorisation des salles et des prix moyens encouragent donc les investissements qui seront réalisés tout au long de l’année, particulièrement visibles au sein des circuits. 

Megarama, qui voit des projets de longue date se concrétiser, booste son premium. Le site de Givors ouvre ses portes fin novembre avec trois salles “labellisées” : Imax, 4D e-motion et sa salle “maison” Horizon qui sera, désormais, comme les 25 autres du groupe, estampillée THX. En suivant, le groupe de Jean-Pierre Lemoine lance une nouvelle salle Orion et une carte illimitée dont l’option “techno” prend en compte les suppléments premium. De son côté, Kinepolis ouvre sa première salle Imax en France et annonce l’installation prochaine de nouvelles salles ScreenX. Quant à Pathé, il reste en la matière le leader incontesté des complexes de luxe et des nouveaux concepts de consommation en salles, tout en poursuivant ses projets de grande ampleur. En tout, Pathé compte désormais 41 salles 4DX, 18 Imax et 11 Dolby Cinémas testant même des fauteuils inclinables chauffants à Amiens et au Havre ; et ce, tout en préparant les ouvertures de la Géode et d’Opéra pour cette année. Les indépendants ne font pas non plus pâle figure avec la salle Infinite du Grand Rex, le rutilant Cineplanet d’Antibes, en instance d’ouvrir les portes, ou encore CineWest et sa salle Oma à Mougins prévue pour 2024. 

Chez les indépendants aussi des établissements sortent de terre ou se régénèrent avec notamment les ouvertures du Grand Club de Gien (Reynaud Cinémas), du Ciné Grand Sud à La réunion (famille Ethève), du Grand Rex de Péage-de-Roussillon (Urfol), de l’Aurore à Vitré (CinéWest) ou des rénovations du Grand Palais de Roanne. D’autres s’agrandissent : le Ciné 32 de Auch passe de 5 à 7 salles, le Confluences de Mennecy de 3 à 6… Si l’on déplore les fermetures du César de Marseille et du Buxy de Bussy-Saint-Antoine face à des loyers trop élevés, ailleurs, certaines collectivités locales financent la rénovation ou la reconstruction de leurs cinémas de centre-ville. C’est le cas à Mende pour Le Trianon (2,4 M€), à Créteil avec le Palace (1,7 M€), à L’Aigle avec L’Aiglon, exploité par Noé (8,9 M€ pour l’ensemble du complexe multiculturel), ou encore pour L’Oron de Beaurepaire exploité par MC4 (2 M€).  

Dans le privé, ces métamorphoses entraînent dans leur sillage des arbitrages financiers et une tendance à la concentration. Pathé ferme deux de ses salles historiques, le Bretagne et le Marignan à Paris, et cède également à Kinepolis ses sites de Belfort après celui d’Amnéville en 2022. 
Quelques indépendants vendent leurs affaires, à l’instar du Ciné Vendôme au groupe Majestic, du César d’Apt et du Rex de Sarlat à Cinémas Confluences. Les Grand Forum de Louviers et de Dieppe et le Ciné Pincevent sont cédés à Megarama, tandis que le Diagonal de Montpellier et le Navire de Valence sont repris par  Haut et Court Cinémas. Les petits circuits se renforcent, et la situation post-Covid semble accentuer la tendance vers la concentration. 

Enfin, parmi les grands mouvements de l’année, CGR Cinémas marque un tournant. Alors que le circuit avait été mis en vente en 2022, le PDG du groupe  Charles Raymond annonce en mai de cette année que le processus est annulé, et renouvelle sa direction générale en nommant à sa tête Laurent Demoulins. Le 2e circuit français concentre ses efforts sur la consolidation de ses acquis en livrant son nouveau site de Castres avec sa salle Ice Theaters, complétant ainsi son parc de 45 salles équipées de sa technologie premium maison. 

Les salles françaises sont toujours à la recherche de leur équilibre, entre leurs investissements pour le renouvellement du parc, la rationalisation de leurs charges qui n’ont eu de cesse de grimper entre factures énergétiques, coûts des matériaux et revalorisation des salaires. Défi relevé à la force des bras pour 2023… mais les professionnels le savent, il faudra encore tenir ces efforts jusqu’en 2025.

Grand Club de Gien, ouvert en 2023

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