Des succès potentiellement toujours aussi grands, mais aussi des flops percutants : à l’échelle mondiale, et plus particulièrement étasunienne, 2023 aura donné un aperçu intransigeant de ce à quoi ressemble le monde cinématographique d’après… où les crises se suivent et ne se ressemblent pas.
Commencée sous le bleu Avatar (La Voie de l’eau dominera la plupart des box-offices du monde durant l’ensemble du mois de janvier), 2023 sera résolument l’année du rose Barbie qui déferle au mois de juillet en compagnie d’Oppenheimer… Dans un contexte de sous-performance quasi chronique des films de franchises (en l’occurrence de super-héros), les deux hits – résolument uniques dans leur genre – parviennent à mener la plus grande partie de leur campagne promotionnelle avant que le syndicat SAG-AFTRA des acteurs américains ne rejoigne le mouvement de grève entamé depuis mai par les scénaristes de la WGA.
Si c’est à la télévision qu’ils été plus immédiatement visibles, les effets des grèves simultanées des acteurs et des scénaristes – la première depuis 1960 – risquent d’être plus durables dans les salles de cinéma. Car au-delà des reports de sorties qui ont sévèrement affaibli le calendrier américain, ces arrêts auront créé des trouées massives, de respectivement cinq et quatre mois, dans l’écriture et le tournage des projets. Reste que les accords obtenus par les syndicats sont historiques : augmentations des salaires minimums, primes basées sur le succès en streaming et protections face à l’utilisation de l’IA dans le cinéma. Les scénaristes américains gardent ainsi leurs droits et le contrôle de leurs œuvres utilisées par l’intelligence artificielle, tandis que les répliques numériques des acteurs ne pourront être exploitées sans leur consentement. Autant d’enjeux qui dépassent largement les frontières tout comme l’année 2023, comme le montrent les questionnements et travaux en matière de régulation de l’IA dans l’UE… et les mouvements de grève en cours dans l’audiovisuel français, en tête desquels les syndicats SNTPCT et Spiac-CGT, pour une revalorisation (de 20 %) des salaires.
Pendant ce temps, toujours en recherche d’équilibre après leur fulgurante croissance, les plateformes se sont pleinement engagées dans la voie de l’AVOD, soit d’offres à prix réduit avec publicité, à commencer par Netflix et Disney+. L’économie est d’ailleurs de mise chez The Walt Disney Company où l’ère Bob Iger II, de retour aux commandes depuis novembre 2022, s’avère être celle de la réduction des coûts. La firme qui fêtait son centenaire en 2023 visait la suppression de 7 000 emplois au niveau mondial, soit plus de 3 % de son effectif total.
Côté exploitation, le géant fragilisé Cineworld, propriétaire entre autres des Regal Cinemas aux États-Unis, a finalisé son plan de restructuration et est sorti fin juillet du chapitre 11 de la loi sur les faillites. Après le départ du PDG Mooky Greidinger, le circuit d’exploitation cinématographique mondial est désormais sous la supervision d’Eduardo Acuna, précédemment directeur des opérations américaines du circuit mexicain Cinepolis. Et à la tête de la puissante Nato américaine, Michael O’Leary a succédé en mai au lobbyiste vétéran John Fithian, qui a fait valoir ses droits à la retraite à la fin du CinemaCon.
Enfin, la fin d’année arrive avec une rumeur persistante : celle de l’éventuelle fusion entre Warner Bros. Discovery et Paramount Global. De quoi réunir sous une même bannière Mission: Impossible et Harry Potter, Top Gun et Le Seigneur des Anneaux, ou encore Scream, Star Trek, Transformers, et l’univers DC. Pour rappel, l’absorption de la 21st Century Fox par The Walt Disney Company remonte à mars 2019. À voir si 2024 sera l’année de naissance d’un nouveau mastodonte comme on en (re)croisera de plus en plus dans l’univers du divertissement et des médias.
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