Dans le contexte de la grève débutée en mai dernier, la Writers Guild of America ne fait pas que défendre les droits et les rémunérations des auteurs face à l’Alliance des producteurs et à l’intelligence artificielle. Dans un récent rapport, elle met en garde les autorités et les législateurs contre les périls d’une hégémonie Disney-Amazon-Netflix pour l’avenir de la création en général.
Si l’ère du streaming a aussi été le terreau, au fil de ces dix dernières années, d’un certain âge d’or pour la créativité et la diversité des contenus, ces dernières pourraient bientôt tomber sous le joug de trois seules entités. « Disney, Amazon et Netflix se positionnent pour devenir les nouveaux gardiens des médias, en se développant par le biais d’acquisitions et en utilisant leur pouvoir accru pour désavantager les concurrents, augmenter les prix pour les consommateurs et réduire les salaires des travailleurs créatifs », note la WGA dans son rapport publié le 17 août dernier.
« Disney s’est développé grâce à une série d’acquisitions de plusieurs milliards de dollars, utilisant son pouvoir pour réduire la production de films, fermer des studios concurrents, exclure les contenus indépendants de ses réseaux de distribution, étendre son contrôle sur le marché du travail et contraindre les créateurs à renoncer à leur participation financière aux futures recettes de licence », estiment les scénaristes du syndicat. De son côté, Amazon qui a « acquis une empreinte considérable dans les médias en peu de temps » affiche lui aussi une intégration verticale et des comportements anticoncurrentiels, usant de son influence pour sous-payer les scénaristes. Enfin, accusé d’abuser de son pouvoir en tant qu’employeur et comme plus grande plateforme streaming du monde, Netflix aurait écarté les producteurs indépendants et, lui aussi, sous-payé les scénaristes. « Et une série d’acquisitions récentes montre son intention d’accroître davantage sa domination et sa puissance sur le marché afin de réduire les investissements dans les contenus innovants », déplore la WGA.
Face à une tendance à l’intégration verticale, où chaque service de streaming se transforme en « un jardin clos pour les contenus autoproduits », les 11 500 scénaristes américains en grève depuis mai font trois recommandations. À commencer par celle de bloquer toute future acquisition de Disney, Amazon et Netflix de concurrents plus petits. Parallèlement, les autorités antitrust américaines sont invitées à examiner en détail l’impact des précédentes fusions sur la concurrence, et notamment leur effet de monopsone (marché dans lequel un acheteur unique se trouve face à une multitude de vendeurs). Aussi, le gouvernement fédéral est exhorté à mettre en place plus de régulation pour garantir un certain niveau de contenu SVOD indépendant. Sans quoi, « l’avenir du contenu est en péril ».
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