Les Cinémas Pathé Gaumont se dotent du premier écran Onyx Led de France

Pathe Beaugrenelle salle Onyx Led. ©Frederic Berthet

Le 20 février, le circuit et Samsung ont étrenné l’écran Onyx Cinema Led dans la salle 8 du Pathé Beaugrenelle (Paris). Est-on à l’orée d’une révolution sans précédent qui verra la projection remplacée par la diffusion émissive, ou à une simple étape technologique, certes significative mais marginale ? Éléments de réponse avec les acteurs qui ont œuvré sur ce premier écran LED dédié à la salle de cinéma en France.

Pour Stéphane Cotte, vice-président de la division grand public de Samsung Electronics France, la réponse est évidente : « Le futur du cinéma est devant nous. » Le groupe industriel coréen créé en 1938, qui a lancé sa branche électronique en 1969, en fête les 50 ans en faisant une entrée remarquée dans le secteur de l’exploitation. « Il était évident que nos solutions d’affichage Led devaient s’adresser au monde du cinéma. » Il faut admettre que depuis la première présentation de la technologie au CinemaCon de 2017, puis les premières installations en Corée en juin 2017, le secteur attendait avec curiosité la suite des aventures du Led dans les salles obscures. En Europe, ce sont les Arenas Cinemas de Zurich, en Suisse, qui ont accueilli la première salle Onyx, suivis du Traumpalast à Esslingen (près de Stuttgart) en Allemagne et du Cineplexx Wienerberg de Vienne en Autriche.

« L’important, ce n’est pas d’être les premiers, mais les meilleurs », estime Jacques Durand, le directeur de l’innovation des Cinémas Pathé Gaumont qui ont attendu « le bon projet » pour le lancer en France. Déjà parmi les premiers sites du circuit à proposer le Dolby Atmos, la 4DX, le ScreenX… c’est le Pathé Beaugrenelle, sans surprise, qui accueille le premier un écran Onyx Cinema Led de 10 m de base, alors qu’une deuxième installation sera inaugurée fin mars au Pathé Bellecour de Lyon. Ainsi, l’avenir du cinéma est-elle dans la diffusion active ? « Le cinéma Led va être une part du futur, j’en ai la certitude », pondère Jacques Durand. Reste à voir quelle part de l’équipement va prendre cette forme, au sein d’un parc de projecteurs performant qui, d’un point de vue fonctionnement du matériel, n’a pas besoin de bascule. Ainsi, pour le directeur de l’innovation du premier circuit de France, « l’avenir du cinéma ne réside pas dans un format, mais dans l’expérience cinéma », ainsi que dans la variété des propositions qui la différencient du “chez soi”.

Changer de perspective et de paradigme

N’y a-t-il pas, dès lors, une contradiction à proposer en salle ce que le plus grand nombre possède dans son salon, à savoir un écran télé ? David Hernandez, directeur du développement cinéma Europe chez Samsung, précise : « L’écran Onyx est spécifiquement conçu pour la salle de cinéma, notamment avec des diodes spéciales dotées d’une bande passante colorimétrique et d’un contrôle de luminosité distinctifs, que vous ne trouverez dans aucune série commerciale ». De son côté, Jacques Durand insiste : « L’écran Onyx Cinema Led n’est pas une télé, mais un écran ultra-performant, composé de 96 dalles elles-mêmes composées de 24 modules chacune. Tant que les spectateurs n’ont pas vécu l’expérience, ils peuvent avoir de l’appréhension. À nous de faire le travail de pédagogie et de communication nécessaire. »

Led pour tous ?

Si l’écran reste une composante incontournable de la salle de cinéma (en attendant, peut-être, une révolution du côté réalité virtuelle ?), il peut désormais vivre sans le projecteur. Et sans position du projecteur à travailler ni problèmes de distorsions à corriger, c’est tout un champ de configurations architecturales et de gradinage possible qui s’ouvre en matière de création de salles. Ainsi, « si l’on refaisait certains projets de création ou reconstruction parisiens, on pourrait probablement avoir des salles avec de meilleures proportions », admet Jacques Durand.

Pour autant, l’écran Onyx, dont ni Pathé Gaumont ni le constructeur Samsung n’ont souhaité divulguer le coût, arrive avec une image de technologie hors de prix. « C’est plus coûteux que le laser mais pas autant qu’on imagine », déclare David Hernandez de Samsung. « Nous sommes à un stade précoce de l’écran Led de cinéma. Tout le monde est d’accord pour dire que le potentiel qu’il peut apporter au marché de l’exploitation est énorme. Mais clairement, il nous reste à relever le défi de diminuer son coût (notamment celui des diodes), de manière à le rendre accessible à tous les écosystèmes de l’exploitation. »

D’autant plus que si l’achat de l’équipement peut actuellement être prohibitif, son coût de fonctionnement présente des atouts. Sa consommation énergétique est annoncée comme supérieure à celle d’un Xénon, mais inférieure à celle d’un laser phosphore. « Une lampe de projecteur reste allumée pendant toute la durée de la projection, tandis que l’écran Led permet une économie d’énergie globale en fonction du contenu projeté (en l’occurrence des noirs). »Par ailleurs, une fois calibré, l’écran ne nécessite aucun entretien si ce n’est un contrôle de sécurité tous les 1 ou 2 ans,« sachant que la calibration de luminosité et de contraste sont garantis pour 100 000 heures de projection. Enfin, en cas de panne sur une diode, le module défaillant peut être remplacé en 2 heures par les techniciens du cinéma. » Le tout, en faisant l’économie des frais de ventilation !

Quant à l’essentiel, à savoir la qualité de l’image, David Hernandez est confiant en son produit, sa finesse, ses noirs, ses contrastes et son confort visuel, même dans l’environnement sombre de la salle et en diffusant n’importe quel DCP SDR. « Il y a déjà un perfectionnement visible de l’image sur le contenu classique, mais c’est avec du contenu High Dynamic Range que l’écran Onyx révèle l’étendue de son potentiel. Notre outil est prêt et utilisable, il ne reste plus à l’industrie qu’à définir un standard HDR. » Spécialement remasterisé en EclairColor HDR, le film Pathé “maison” Le Chant du loup d’Antonin Baudry est ainsi devenu le 20 février le premier film commercialement diffusé sur l’écran Onyx du Pathé Beaugrenelle. Après une période d’offre découverte, la salle sera accessible moyennant un tarif spécifique (non communiqué), sans compter le supplément 3D habituel le cas échéant, pour des séances relief que le directeur de l’innovation de Pathé Gaumont promet tout aussi « spectaculaires ».

« On se lance avec 2 écrans [en comptant le second à venir à Lyon Bellecour, ndlr.]. Nous n’avons pas d’autres projets d’Onyx ou de cinéma Led dans les tuyaux, c’est une forme de test », indique Jacques Durand. Pendant ce temps-là, Samsung comptabilise un déploiement de sa technologie Onyx dans 41 salles à travers le monde, dont 8 salles européennes. Par ailleurs, la société a collaboré avec Wanda Cinemas, principal exploitant chinois, pour équiper les 6 salles de l’ARCH Wanda de Shanghai avec les écrans Onyx, faisant du multiplexe le premier au monde à être entièrement équipé de cette technologie.

Pathe Beaugrenelle salle Onyx Led. ©Frederic Berthet

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