Avec ce nouveau complexe, Thierry Tabaraud inaugure un projet entièrement porté sur le premium, et proposant une programmation innovante.
L’ouverture du Nova Ciné ce mercredi 25 juin marque la fin du chapitre de plus de 100 ans qu’a occupé L’Empire. Ouvert en 1918, le cinéma historique de Saint-Dié-des-Vosges est depuis passé à quatre salles. Originaire de la commune vosgienne, Thierry Tabaraud souhaitait depuis plus de dix ans créer un complexe plus grand et plus premium. Après de multiples rebondissements, l’exploitant finit par collaborer avec Cédric Aubry (Cinémas Confluences) – qui a aussi accompagné Éric Dubot pour le Ciné Triskell à Challans, la famille Fourneau pour le Ciné Sologne à Romorantin et Fabrice Reynaud pour le Grand Club à Gien – qui adapte son concept de cinéma clé-en-mains, avec l’architecte Véronique Kirchner. « Nous nous connaissons depuis très longtemps avec Cédric, et partageons souvent les mêmes positions, énonce Thierry Tabaraud. Notre collaboration était évidente, et surtout incontournable tant il est compliqué pour un exploitant indépendant privé de monter un dossier en ce moment. »

Un accent porté sur le premium et une programmation diversifiée
En plus d’abriter les bureaux du groupe Tabaraud, les 2 400 m² du site accueilleront sept écrans pour 632 fauteuils, soit moins que les 812 prévus lors du passage en CDACi il y a deux ans. Une baisse qui s’inscrit dans la stratégie « entièrement premium » que l’exploitant applique au Nova Ciné, pour offrir « la même qualité de confort et d’espace, de la première à la dernière salle ». Ainsi, la plus grande compte environ 220 fauteuils, et toutes sont équipées de sièges électriques. Côté son, quatre salles sont équipées en DTS:X et les trois autres en DTS Surround. Un choix « logique » pour Thierry Tabaraud qui, tout en prenant en compte le taux d’occupation moyen d’un cinéma, ne souhaite pas « entendre un spectateur demander si un film passe dans la bonne salle ». Le hall intègre un espace confiserie et détente.

Le Nova Ciné tirera également sa spécificité de sa programmation, puisque l’établissement “regroupe” les deux cinémas de Saint-Dié-des-Vosges distants de quelques centaines de mètres : L’Empire et L’Excelsior. Ce dernier était un mono-écran art et essai municipal, programmé par l’association du même nom. Suite à un accord avec Thierry Tabaraud, celle-ci pilotera désormais 14 séances art et essai par semaine au sein du Nova Ciné – pour lesquelles les adhérents de l’association bénéficieront d’un tarif réduit –, ainsi que la programmation jeune public. Le reste des séances suivra une ligne généraliste. Un deal « gagnant-gagnant pour tout le monde, car la ville passe de deux cinémas et 5 écrans à un cinéma de 7 écrans, et l’association pourra toujours programmer de l’art et essai pointu en VO. De plus, j’ai bien stipulé dans le contrat que je ne pourrai en aucun cas m’opposer à leurs choix ». Le plein tarif se situe à 11,50 € ; Thierry Tabaraud espère un prix moyen autour des 8 €.
Au total, l’exploitant vise les 160 000-170 000 entrées annuelles, mais reste lucide sur les difficultés actuelles de l’exploitation cinématographique, spécialement dans le Grand Est. En effet, depuis la pandémie, la Région connaît une baisse de la fréquentation plus importante que la moyenne nationale. Un déclin que Thierry Tabaraud attribue en partie au profil de la zone, « qui a toujours surperformé sur les films américains, et dont l’absence actuelle n’est pas compensée par l’offre française, traditionnellement moins performante ici ». Et pour l’instant, 2025 confirme la tendance, avec « beaucoup de films du milieu qui auraient dû faire plus d’entrées ». Pour autant, l’exploitant relativise la comparaison avec l’année 2024, « qui a été marquée par un film exceptionnel, comme il en sort un tous les dix ans, avec un fort taux de pénétration sur l’ensemble du territoire. À la suite de ce P’tit truc en plus, une série d’“accidents” heureux s’est enchaînée (Vice-versa 2, Le Comte de Monte-Cristo…). Mais au-delà de ce contexte particulier, je pense que nous nous dirigeons vers des années plus difficiles, qui risquent d’accentuer la fragilité de l’exploitation indépendante privée. »
Après avoir bouclé 2024 à 428 000 entrées, le circuit de Thierry Tabaraud, reste toujours composé de cinq établissements, mais compte à présent 28 écrans. L’exploitant, désormais en association avec son fils Thomas, est maintenant tourné vers Saint-Dizier, où la rénovation de son Ciné Quai suit son cours.
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