Le cinéma de Chatou se modernise

Hall rénové du Louis Jouvet de Chatou ©Evelyne Deseaux

Après vingt ans d’expérience et d’espérance, Francis Le Bris et son associé Jean-Claude Derry voient leur cinéma « Louis Jouvet », rénové, optimisé, accessible et agrandi d’une deuxième salle de 117 places, la salle Jean Françaix. La capacité totale du cinéma a atteint aujourd’hui les 526 fauteuils dont 14 PMR.

Francis Le Bris et son associé ont repris le cinéma Louis Jouvet en 1992, mono-écran non permanent et non subventionné (rare pour l’époque) alors en passe d’être fermé. Après avoir remis la salle sur pied, à force d’animation, de rénovation et de fidélisation de la clientèle, les exploitants ont atteint d’excellents records jusqu’à 90 000 entrées… Le statut de la salle a ensuite évolué en associatif, puis SARL au vu des recettes.

Il faut dire que les Catoviens sont très attachés à leur cinéma. « Nous avons un public averti, en demande de films culturels et de VO, dont beaucoup d’enseignants et de CSP+. Ce ne sont pas des “consommateurs” », précise Francis. Ce public très captif provient aussi des alentours : Montesson, Carrières-sur-Seine, Houilles, Le Vésinet…

6 mois et demi de fermeture

Le cinéma a rouvert ses portes le 8 novembre dernier après six mois et demi de travaux contre quatre prévus initialement. “Ce fut une période difficile, nous avons maintenu les salaires des employés, sans pouvoir avoir recours au chômage technique. Nous fermerons une semaine en janvier afin d’opérer quelques finitions”. Ce chantier de centre-ville n’a pas été une sinécure, il a fallu creuser le sol de l’espace existant de 1,20 m pour améliorer le projet de la nouvelle salle. La société en charge de ces travaux n’a pas mis en œuvre les moyens nécessaires à l’évacuation rapide de plusieurs centaines de m³ de gravats ainsi générés… ce qui a entraîné un retard de plusieurs semaines avant de pouvoir construire une nouvelle dalle. D’autre part, la découverte de plusieurs réseaux appartenant à la co-propriété, enfouis ou cachés dans l’espace dédié au cinéma, ainsi que la défaillance de certaines entreprises pendant la période estivale ont retardé le chantier.

Les travaux d’un montant de deux millions d’euros ont été financés par la Ville et par un fonds de TSA important de 400 000 € qui a, à lui seul, financé les travaux de la grande salle de 409 fauteuils dont 10 PMR, gradinée avec un aménagement scénique pour les spectacles vivants.

Quant à la nouvelle et deuxième salle Jean Françaix, elle insuffle déjà une diversité supplémentaire à la programmation. “Cela nous permet de nous engager sur deux semaines, avec la sortie nationale dans la grande salle, puis la continuation dans la deuxième, complétée par une programmation de patrimoine ou jeune public. L’accord de programmation pour les mono-écrans contribue de surcroît à notre possibilité de diversification”.

Concurrence accrue et challenge en vue

Le cinéma a vu ses entrées monter jusqu’à 90 000 entrées dans les années 2000, puis a subi une perte de 25 % face à l’ouverture des multiplexes environnants, notamment celui de La Défense en 2006. Outre les conditions difficiles de concurrence, Francis Le Bris dénonce les politiques agressives des ventes de billets CE des grands groupes : “Les habitants de l’agglomération ne viennent plus chez nous, ils prennent la voiture parce qu’ils ont des billets CE, beaucoup moins chers et valables uniquement dans les multiplexes. J’aimerais vraiment que le législateur intervienne à ce sujet.”

Depuis la réouverture du Louis Jouvet, les spectateurs reviennent et sont ravis des travaux : “Nous constatons une nette progression”. Le cinéma devrait atteindre entre 70 et 80 000 entrées en vitesse de croisière.

Hall rénové du Louis Jouvet de Chatou ©Evelyne Deseaux