Son nom avait déjà fuité depuis quelques semaines : Iris Knobloch succédera le 1er juillet à Pierre Lescure, pour devenir la première femme à la tête du Festival de Cannes.
Le Conseil d’administration du Festival de Cannes l’a élue ce matin pour un mandat de trois ans. La dirigeante allemande faisait partie des vétérans de WarnerMedia, qu’elle a quitté mi-2021, avant de lancer, entre autres avec la holding Artémis, la société I2PO. Cette dernière a aussi la spécificité d’être la première SPAC (Special Purpose Acquisition Company, soit une “société d’acquisition à vocation spécifique”) européenne dans le secteur du divertissement et des loisirs. Une société sans activité opérationnelle propre, qui vise à acquérir « une ou plusieurs cibles dans les sous-secteurs du streaming et de la distribution de contenus, la musique, la propriété intellectuelle des médias et des services, les jeux et les sports électroniques, l’apprentissage en ligne, et les plateformes de loisirs », indiquait la structure lors de son introduction en bourse en juillet dernier, qui lui a permis de lever 275 millions d’euros.
Iris Knobloch est donc une femme d’influence, dont l’élection à la présidence de Cannes a pu susciter des inquiétudes en matière de conflit d’intérêts. Le Canard enchaîné du 2 mars 2022 pointait que le partenaire de sa société, à savoir Artémis de la famille Pinault, était aussi par ailleurs propriétaire du groupe de luxe Kering… partenaire du Festival. Deux jours plus tard, Le Monde révélait que l’aspirante présidente avait apporté des gages au Festival quant au fait que sa société I2PO ne procéderait à aucune acquisition dans le domaine du cinéma qui puisse être en lien avec le Festival.
Du reste, après 25 ans de leadership chez WarnerMedia, Iris Knobloch bénéficie d’une belle aura dans la sphère des professionnels du cinéma américain. Et ça, c’est le type d’influence à laquelle les administrateurs de Cannes ne sont pas insensibles. Reste à savoir combien de temps, encore, ils résisteront à celle des plateformes de streaming, dont le Festival se refuse toujours, pour l’heure, de programmer les titres en compétition officielle. « Le film de cinéma vu en salle demeure une expression artistique essentielle et le Festival de Cannes, avec sa sélection si singulière en montre la voie chaque année », a déclaré la nouvelle présidente. « J’ai hâte de mener une réflexion collective avec le conseil d’administration, Thierry Frémaux son délégué général et l’ensemble des acteurs du monde du cinéma afin de poursuivre l’œuvre accomplie et d’imaginer l’histoire future à l’aune des nouveaux enjeux qui se présentent à nous. »
Pierre Lescure passera donc le relais, comme il le souhaitait, avant la fin de son troisième mandat et à une femme. Le journaliste co-fondateur de Canal+ avait succédé à Gilles Jacob en 2014. La 75e Festival de Cannes, daté du 17 au 28 mai prochain, sera son dernier… en tant que président.
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