Le cinéma français reprend position sur un terrain international modifié

Dans son bilan annuel, Unifrance comptabilise 37,4 millions de spectateurs* pour les films tricolores en salles à l’étranger. Une progression de 38,5 % par rapport à l’année 2022, qui ne renoue pas encore avec les niveaux d’avant Covid-19, et révèle les nouveaux équilibres à l’œuvre

Comparé aux 45,9 millions de billets écoulés en 2019, le cumul 2023 (provisoire) des films français à l’étranger reste en effet en retrait de 18,5 %, alors que « de multiples changements sont venus altérer profondément l’écosystème », note l’organisme de promotion du cinéma français. À titre d’exemple, Miraculous : Le film, le leader 2023 des titres français à l’étranger, est sorti directement sur Netflix aux Amériques, en Océanie et dans de nombreux pays d’Asie et d’Europe. « Voici des millions de spectateurs qui, il y a cinq ou dix ans, auraient été comptabilisés du côté de la salle », estime Unifrance. 

Concernant le type de productions à succès international, les films d’action en langue anglaise à gros budget – qui, en outre, « assuraient la présence tricolore sur les marchés moins francophiles ou en développement » –, ont passé le flambeau à l’animation, qui a séduit près d’un spectateur de film français sur trois à l’étranger. Les titres art et essai ont, eux aussi, davantage trouvé leur public et représentent 39,1 % des entrées internationales totales (+18,5 % par rapport à 2022).

De nouveaux équilibres territoriaux

Dans des marchés qui portent encore les traces de la crise sanitaire, et où la volonté de soutenir la production locale rend plus complexe l’accès des cinématographies étrangères, l’Europe représente désormais 78,9 % des entrées tricolores, contre 47,7 % en moyenne entre 2010 et 2019. Par ailleurs, la partie centrale et orientale du Vieux Continent se démarque en captant pour la première fois, un tiers (33,8 %) du cumul annuel des entrées. La Russie et la Pologne sont respectivement 1er et 3e marchés en nombre de spectateurs en 2023, et ont déjà amélioré leurs scores pré-Covid, de même que la République tchèque, la Roumanie et l’ensemble Serbie/Monténégro.
Les trois productions qui ont réuni le plus de spectateurs en Europe sont Miraculous : Le Film (2 M), Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu (1,43 M) et Anatomie d’une chute (1,03 M).

Sur la dernière marche du podium des territoires, l’Asie a mobilisé 16,4 % de spectateurs de cinéma français de plus qu’en 2022, mais la part de la région se réduit de 0,2 point. Bien loin des fastes du passé, le marché chinois a néanmoins généré 1 million d’entrées (+113,5 % en un an) en accueillant 8 nouveaux titres français, contre à peine 2 en 2022. Une fois encore, le Vietnam a surperformé avec des scores plus solides qu’avant le Covid, dont 120 000 entrées pour Les As de la jungle 2 ou 91 000 pour Pattie et la colère de Poséidon. Ce dernier a aussi cartonné en Corée du Sud (79 000 entrées), tandis qu’Une belle course affichait 140 000 billets au compteur japonais.

Trajectoire inverse en Amérique latine, où la fréquentation des films français en salles a regressé de 39 % en un an (seul au Brésil et au Costa Rica l’évolution annuelle s’établit à moins de -20 %). Le classement y est dominé par le diptyque des Trois Mousquetaires avec 602 000 spectateurs. 

À noter enfin la légère embellie observée côté Amérique du Nord, grâce à l’accueil chaleureux réservé à Anatomie d’une chute (393 000 entrées), et au dernier Astérix et Obélix ; L’Empire du Milieu au Québec (106 000 entrées). Fait rare : les films art et essai fédèrent 82 % des spectateurs de la zone, et ceux en langue française 62 %. 

Top 10 des succès français en salle à l’international en 2023 :

* L’ensemble des chiffres communiqués par Unifrance sont provisoires et non exhaustifs. « Les résultats définitifs, disponibles en automne, seront nécessairement supérieurs (à titre d’exemple, pour l’année 2022 : 27 millions d’entrées provisoires annoncées en janvier 2023, 31,3 millions d’entrées définitives annoncées en octobre 2023) », précise l’organisme dans son communiqué. Pour plus de cohérence, les évolutions indiquées sont donc calculées par rapport aux chiffres provisoires de l’année 2022 annoncés en janvier 2023.