Le premier Africa Cinema Summit, qui s’est déroulé à Accra, a mis en valeur le plein potentiel d’une puissance cinématographique en devenir.
Sociétés de ventes, de distribution et de production, exploitants, architectes, constructeurs, fournisseurs et institutionnels d’Afrique – principalement anglophone – avaient rendez-vous les 14 et 15 novembre dans la capitale du Ghana. « À l’ère de la révolution numérique, la puissance du cinéma africain pour atteindre un public mondial n’a jamais été aussi grande », a commenté Edmond Moukala N’Gouemo, représentant de l’Unesco. Car force est de constater que ce sont sur les plateformes que les productions locales ont trouvé une portée internationale. À ce titre, la récente collaboration des créateurs avec Netflix autour des « Contes africains ré-imaginés » est « une initiative qui célèbre non seulement le riche patrimoine narratif de l’Afrique, mais souligne également le potentiel du secteur cinématographique et audiovisuel pour créer des emplois et stimuler la croissance économique ».
Or, derrière la satisfaction entourant ces récents succès – dont celui, toujours sur Netflix, du thriller nigérian The Black Book –, Juliet Asante, réalisatrice et responsable de l’agence cinématographique du Ghana, pointe une pierre d’achoppement : « Vous pouvez avoir autant de bons films que vous voulez, sans salles de cinéma, les cinéastes n’iront nulle part ». Pour rappel, malgré sa population de 1,4 milliard d’habitants, le continent compte toujours moins de 1 700 salles, dont beaucoup sont indépendantes… et d’autant plus vulnérables aux difficultés et aux crises économiques.
Manque d’infrastructures, de financement, de formation… mais un enthousiasme débordant et collectif : l’Afrique est encore loin d’avoir dévoilé tout son potentiel. « Dans 7 ans, le continent abritera 40 % de la jeunesse mondiale [les moins de 35 ans, ndlr.], et 70 % d’ici 2050 », souligne Juliet Asante. « L’Afrique est composée de 54 pays, avec toute une diversité de cultures, de populations et d’histoires que nous n’avons pas encore racontées. Si tout un continent regarde le reste du monde sans se voir lui-même à l’écran, ni ne dispose d’un marché dans lequel se raconter, c’est le monde entier qui en pâtira. » Le cinéma peut donc compter sur un nouvel acteur de taille, qui prépare sa montée en scène. En attendant, il prépare des salles, mais aussi des cadres légaux, notamment en matière de financements durables et de protection de propriété intellectuelle.
* Chiffres issus du rapport “L’industrie du film en Afrique” de l’Unesco, 2021
Géographie des marchés
Si ces cinq dernières années, le parc des pays francophones d’Afrique de l’Ouest a connu un fort développement – comme Boxoffice Pro s’en est régulièrement fait écho, notamment via sa branche Boxoffice Pro Maghreb –, les principaux marchés cinématographiques d’Afrique se trouvent dans les pays d’Afrique australe et de l’Ouest. À commencer par l’Afrique du Sud (663 salles, soit 1 écran pour 88 325 habitants*), le Nigéria (237 salles, soit 1 écran pour 843 881 habitants) et l’Ethiopie (127 salles, soit 1 écran pour 882 677 habitants).
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