L’AFCAE demande aux institutions concernées de « décliner » le Netflix Film Club

©Montage Boxoffice Pro

Choquée par l’annonce de projections de films Netflix dans deux institutions publiques, qui de leur côté ne les ont pas confirmées, l’Association française des cinémas art et essai adresse une lettre ouverte aux Conseils d’administration de la Cinémathèque française, de l’Institut lumière, au président du CNC et à la ministre de la Culture.

Comme l’a annoncée François Aymé dans l’Emission de ce 4 novembre, la lettre de l’AFCAE dans son intégralité : 

« Après avoir préparé, puis annulé un projet de « Festival Netflix », en décembre 2021, dans des cinémas indépendants de grandes villes françaises, la plateforme américaine a annoncé le jeudi 28 octobre l’organisation d’un « Netflix Film Club », à la Cinémathèque Française ainsi qu’à l’Institut Lumière de Lyon. Cette manifestation doit rassembler une sélection de films produits par Netflix. Cette annonce n’a pas été, à ce jour, confirmée par les institutions cinématographiques elles-mêmes.

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L’AFCAE (Association Française des Cinémas Art et Essai) est choquée par cette annonce. La Cinémathèque Française et le Festival Lumière ont pu projeter, par le passé, tel ou tel film produit par la plateforme, notamment en présence de grands cinéastes. Mais le « Netflix Film Club », comme son nom l’indique, a pour vocation la mise en valeur de la plateforme elle-même. Or, la Cinémathèque Française et l’Institut Lumière, deux associations majoritairement soutenues par des fonds publics, ont pour vocation d’archiver, de conserver, de restaurer, de valoriser les œuvres et les artistes, et non de faire la promotion d’une multinationale. La société Netflix est mécène de la restauration du film Napoléon d’Abel Gance. Cela doit-il lui donner accès, de facto, à une place dans la programmation de l’institution ? C’est justement contraire à l’esprit du mécénat. Il n’y a pas à la Cinémathèque française de festival Vivendi ou de festival Pathé avec des nouveautés ou des inédits. Doit-on s’attendre à voir demain dans ces lieux emblématiques des festivals Amazon Prime ou Apple ?

Cette programmation promotionnelle à la Cinémathèque et à l’Institut Lumière est d’autant plus indécente qu’elle se fait après une période COVID où la plateforme a développé de manière exponentielle son chiffre d’affaire qui se compte en dizaines de milliards quand, dans le même temps, ces institutions comme les autres lieux culturels étaient pénalisés par une longue fermeture et touchaient des aides exceptionnelles des pouvoirs publics. La vocation des grands établissements culturels publics est-elle de faire la publicité d’une plateforme mondiale en vue de lui accorder une légitimation culturelle et inciter les Français à s’y abonner ?

Par la présente lettre ouverte, l’AFCAE demande à M. Costa-Gavras, président de la Cinémathèque Française ainsi qu’à son conseil d’administration, à Mme Irène Jacob, présidente de l’Institut Lumière ainsi qu’à son conseil d’administration, à M. Dominique Boutonnat, président du CNC, et enfin à Mme Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, de décliner la programmation du « Netflix Film Club ».

Dans l’attente d’une réponse, l’AFCAE lance, auprès de ses 1 200 cinémas adhérents, une pétition de soutien à cette lettre ouverte.»

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