Pour l’association de cinéastes indépendants, la forte concentration parmi les films art et essai est un « terrifiant effet pervers » du trop grand nombre de films à être recommandés.
Dans leur édito du 2 février, les cinéastes de l’Acid commentent les chiffres de l’Observatoire de la diffusion du CNC qui ont montré une concentration accrue des films en salles, phénomène qui, de fait, rend invisible la diversité défendue par l’association.
Le plus regrettable pour l’Acid est la concentration (en entrées) sur les dix premiers films recommandés art et essai, comparée à la concentration tous films confondus. Soulignant que depuis 2019, la concentration est 10 % plus élevée parmi les films recommandés eux-mêmes, l’Acid dénonce un « terrifiant effet pervers » : un dispositif censé favoriser la diversité de l’offre, en encourageant les salles art et essai à programmer les films recommandés, supposés être moins exposés, provoque une concentration plus forte que dans le reste du parc. « Trop de films sont recommandés, en dépit de tout bon sens, et de toute équité », selon les cinéastes indépendants, rejoignant ce que Christophe Courtois qualifiait de « tartufferie » le même jour dans l’Emission Boxoffice Pro. Un avis similaire émanant de deux côtés de “l’industrie”, l’Acid citant le plan de sortie de Dune, sorti dans 716 établissements, quand le directeur de la distribution de SND pointait l’inutilité de recommander un film comme Les Huit salopards de Tarantino qu’il a sorti en 2016.
Conséquence de la place allouée à ces films art et essai très porteurs, l’effondrement des plans de sortie des films Recherche et découverte (-54 % de séances en 2021 pour -66 % d’entrées), comme ceux que l’Acid soutient, de leur programmation cannoise à leur accompagnement tout au long de l’année. « Nous avons déjà formulé des propositions de régulation et de l’art et essai, et nous continuerons, dans les mois qui viennent, à exiger avec force la refonte d’un système devenu objectivement dysfonctionnel. »
Enfin, l’Acid s’inquiète aussi des rachats de salles indépendantes par des circuits ou de l’orientation de municipalités vers un art et essai de plus en plus « généraliste, au détriment d’une programmation historiquement exigeante », au nom du marché, mais ce qui finit par priver le spectateur du plaisir de la découverte. C’est donc une question d’intérêt général pour l’Acid que de poursuivre ses demandes de régulation, « tant vis-à-vis des films que des salles, pour que l’art et essai retrouve du sens ».
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