L’ACID et le GNCR signent un manifeste pour la réouverture des cinémas

©Le Cinématographe de Nantes

Au lendemain des journées de mobilisation #OuvrezLesCinémas, au cours desquelles ils ont été particulièrement actifs, les cinéastes de l’ACID et les exploitants du GNCR signent un « Manifeste des 20 », publié ce 16 mars dans Libération, qu’ils appellent à signer. 

« Nous, cinéastes de l’ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) et exploitant.e.s du GNCR (Groupement National des Cinémas de Recherche), avons organisé les 12, 13 et 14 mars des projections afin de marquer le triste anniversaire de la fermeture des cinémas et de protester contre la non-réouverture des lieux culturels. »

Et après que vingt cinémas*, du Lux de Caen à La Baleine à Marseille en passant par Le Régent de Montrichard, ont accueilli leurs spectateurs pour des projections « professionnelles » et des rencontres avec des cinéastes, dans le strict respect des consignes sanitaires, les deux associations lancent une pétition adressée à la ministre de la Culture, qui prend la forme d’un manifeste.

Voici le texte intégral :

Manifeste des 20

« Il y a un an, les salles de cinéma ont fermé.

Avec l’été, les salles ont rouvert, en veillant avant tout à la santé des spectateurs et des spectatrices. Ces retrouvailles furent belles, émouvantes. Le cinéma nous avait manqué.

Mais sont venus les couvre-feu, une nouvelle fermeture des salles, puis une hypothétique réouverture finalement avortée. Et nous n’avons pas compris.

Nous n’avons pas compris les décisions d’un gouvernement qui admet lui-même, dans ses prises de parole publiques, des faits solidement et scientifiquement établis, à savoir que les lieux de culture – et singulièrement les salles de cinéma – ne sont pas des foyers de contamination.

Depuis plusieurs mois, nous vivons donc dans l’expectative et l’incertitude, tandis que la morosité croît, tandis que l’absurdité de ces consignes se fait de plus en plus jour, tandis que nous nous atomisons, renvoyés à nos solitudes plus ou moins connectées. Adieu commun, bonjour tristesse.

Ce week-end, nous avons décidé de refuser cet état de fait et d’oser, tout simplement, faire notre métier : ouvrir des salles, accueillir du public, montrer des films.

En agissant ainsi, nous avons montré que l’accès à la culture peut et doit être garanti, même et surtout dans une telle période de désarroi collectif.

Participer à l’éducation artistique de tous

En agissant ainsi, nous avons montré que nous sommes capables d’accueillir des spectateurs et des spectatrices dans le respect d’un protocole sanitaire solidement éprouvé, et avec ce même sérieux d’accueillir les classes et de continuer à participer à l’éducation artistique de tous les enfants privés d’art et de culture.  

En agissant ainsi, nous avons pris nos responsabilités et assumé avec fierté notre mission d’intérêt général. Alors que nous n’avons jamais autant été pris dans un flux ininterrompu d’images et de signes, la pause et la réflexion que la séance de cinéma permet, le recul qu’elle donne vis-à-vis du tumulte du réel, tout cela contribue à nous maintenir en éveil, conscients, pleinement sujets. Il en va de l’expérience commune qu’offre la salle comme de la démocratie : il nous incombe de la chérir et d’en prendre soin.

C’est ce que nous avons fait. Ni plus ni moins.

Nous avons entrouvert nos salles pour faire du triste anniversaire de la fermeture des salles de cinéma une fête collective propice à contrer le marasme général par la joie d’être ensemble, tous ensemble.

En ouvrant nos salles, nous avons l’espoir et l’ambition d’avoir ouvert une brèche.

Nous affirmons la nécessité de remettre les lieux de culture à la place qui leur revient et dont ils ont été chassés : au cœur de la cité et donc au cœur du discours politique.

Nous résistons, nous persisterons. »

Les cinéastes de l’ACID & les exploitant.e.s du GNCR

*Les vingt salles ayant participé à l’action : le Beaulieu de Bouguenais, le Lux de Caen, le Grand Bleu de Carhaix, le Cigalon de Cucuron, le Club de Douarnenez, l’espace Robert-Hossein Scènes et Cinés de Grans, Ciné Roch de Guémené-sur-Scorff, le Luxy d’Ivry-sur-Seine, le Trianon de Lion-sur-Mer, l’Atmosphère de Marcoussis, la Baleine de Marseille, le Gyptis de Marseille, le Régent de Montrichard, le Cinématographe de Nantes, les Carmes d’Orléans, le Méliès de Port-de-Bouc, le Saint-Paul de Rezé, le Lutétia de Saint-Herblain, le Bretagne de Saint-Renan, le Zola de Villeurbanne.

Parmi les 2.000 personnes qui soutiennent déjà le manifeste : Mathieu Amalric, Swann Arlaud, Stéphane Batut, Xavier Beauvois, Lucas Belvaux, Thomas Bidegain, Juliette Binoche, Romane Bohringer, Damien Bonnard, Céline Bozon, Emmanuel Bourdieu, Laure Calamy, Patric Chiha, Jean-Louis Comolli, Catherine Corsini, Pierre Deladonchamps, Emmanuelle Devos, Olivier Ducastel, Philippe Faucon, Stéphane Foenkinos, Yann Gonzalez, Alain Guiraudie, Patricio Guzmán, Lech Kowalski, Irina Lubtchansky, Corinne Masiero, Claire Mathon, Nicolas Maury, Sophie Mirouze, Anna Mouglalis, Mariana Otero, Antonin Peretjako, Caroline Poggi, Gilles Porte, Axelle Ropert, Philippe Rouyer, Céline Sallette, Niels Schneider, Geneviève Sellier, Charles Tesson, Gaspard Ulliel, Karin Viard, Caroline Vignal…

Voir la liste complète des signataires.
Pour signer la pétition : http://chng.it/bmzV6b5R

©Le Cinématographe de Nantes
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