La Vingt-Cinquième Heure soigne ses séances Cuult’

Séance Cuult' de Seule la Terre est éternelle au Grand Rex de Paris, en bien au-delà, en novembre dernier © La Vingt-Cinquième Heure

La plateforme qui a marqué la période de fermeture des salles de ses séances virtuelles, rebaptisée Cuult’ depuis début 2022, s’insère durablement dans le quotidien de la diffusion du cinéma en salles. 

Pendant le confinement, les séances en ligne géolocalisées de la Vingt-Cinquième Heure, à horaires fixes et avec partage recettes distributeur/exploitants, auront réuni 500 lieux culturels, 1400 invités et près de 600 000 spectateurs*. Avec la reprise des séances “en présentiel”, Cuult’ a fait évoluer son dispositif, tout en gardant les mêmes principes : être au service des salles de cinéma et élargir leurs audiences. 

La dimension multi-présentielle…

Si les séances exclusivement virtuelles permettent à la structure de proposer des opérations autour de sorties vidéo ou de programmer des œuvres dont la fenêtre VOD est ouverte, notamment en collaboration avec des festivals hybrides (comme le Mois du Doc), c’est la formule multi-présentielle qui fait actuellement valoir l’ensemble de ses atouts. 

« En tant que distributeur indépendant et dans un contexte d’offre pléthorique de films, nous sommes pleinement conscients de la nécessité d’événementialiser un maximum des sorties », commente Pierre-Emmanuel Le Goff, président fondateur de La Vingt-Cinquième Heure. D’où l’idée de « mutualiser » les projections-rencontres, entre une salle qui accueille une équipe ou des intervenants, et d’autres qui s’y greffent via une retransmission live sur leur propre grand écran. Pour l’interactivité, chaque spectateur peut poser une question grâce à une simple application installée sur son smartphone. « Il ne s’agit pas de remplacer les tournées, mais d’optimiser les dates, de redonner de l’attractivité aux salles moins bien servies et de montrer l’attachement du distributeur à la proximité territoriale. » Ainsi, mi-novembre 2022, la séance au Grand Rex à Paris du documentaire distribué par Nour Films, Seule la terre est éternelle de François Busnel et Adrien Soland, en présence des réalisateurs – mais aussi des écrivains Jim Fergus et Douglas Kennedy, du musicien Mathias Malzieu et de la chanteuse et plasticienne Daria Nelson – a été simultanément partagée avec une quinzaine d’autres villes, prouvant l’efficacité de la démarche, en particulier sur les événements rassemblant des invités aussi nombreux et variés. Ce 7 avril, c’est toujours via le dispositif Cuult’ que Jour2Fête organise sa grande avant-première scolaire de La Belle Ville de Manon Turona et François Marques [voir Boxoffice Pro du 15 mars 2023], pour une cinquantaine de classes à travers 10 cinémas connectés au Sélect d’Antony.

« Actuellement, c’est la plupart du temps le distributeur qui prend en charge la captation et le partage signal, de manière à limiter les coûts de déplacement élevés comme les complications de calendrier », détaille le dirigeant de la Vingt-Cinquième Heure. À terme, le développement de l’autonomie des salles, en termes d’équipement comme de techniciens, pourra « leur permettre de monétiser leurs événements, mais aussi faire tourner l’écosystème local, en faisant intervenir les lycées ou BTS audiovisuels sur les captations par exemple ». 

… et internationale

Depuis la fin de la limitation des jauges dans les salles de cinéma, 150 séances “partagées” ont été organisées, avec Jour2Fête, The Jokers, Apollo, Films du Losange, Memento, StudioCanal, Pathé BC Afrique… Fin janvier 2023, en collaboration avec ce dernier, Cuult’ a permis à l’Institut français de Saint-Louis au Sénégal de partager avec 5 autres Instituts français du continent la projection de Tirailleurs en présence du réalisateur Mathieu Vadepied. « Avec l’idée d’inverser les propositions et ne pas uniquement irriguer de la France vers l’étranger », comme avec la rediffusion, prévue pour 2024, d’un festival de films environnementaux à Rabat vers des salles françaises.

Parmi les autres opérations Cuult’ innovantes, sa collaboration avec le festival belge Imagésanté qui s’est achevé début avril, a permis à certaines séances programmées dans les cinémas Grignoux d’être simultanément diffusées sur les téléviseurs de chambres d’hôpital, via le canal vidéo interne. 

Des publics empêchés à l’enjeu de l’accessibilité, il n’y a qu’un pas. Cuult’ propose donc aussi, bien entendu, des retransmissions avec langue des signes ou vélotypie. « Les dispositifs d’inclusion sont systématiquement proposés, mais trop peu souvent retenus à cause de leur coût », regrette Pierre-Emmanuel Le Goff. Encore un autre intérêt de la mise en commun des événements, « pour augmenter leur accessibilité ! » 

Après l’organisation, durant le confinement, de la Nuit européenne du cinéma en partenariat avec Europa Cinemas, la prochaine édition du Festival Arcadia à l’automne 2023 (consacré aux films à impact et en partenariat avec Le Méliès de Montreuil) permettra de tester à nouveau le déploiement à l’échelle européenne, avec le défi de la traduction simultanée des questions et des réponses entre les différentes salles connectées. « Un public européen, assis dans un même grand cinéma, participera plus que jamais au sentiment de faire partie de la même communauté. » 

Séances partagées “maison”
La  Vingt-Cinquième Heure prévoit bien entendu des séances Cuult’ pour ses propres sorties à venir. À commencer par Amel et les fauves, le 26 avril, la tournée du réalisateur tunisien Mehdi Hmili et de l’actrice Zeineb Sawen, optimisée sur une dizaine de jours, se clôturant avec une séance partagée avec le plus grand nombre de salles à travers la France. Parmi les accompagnements de la sortie, le 10 mai, de 99 Moons de Jan Gassmann (Acid Cannes 2022), la compositrice de la musique du film, Michelle Gurevich, proposera un showcase durant une projection-débat partagée. Enfin, toujours grâce au dispositif Cuult’, la réalisatrice russe Marusya Syroechkovskaya, très sollicitée dans différents festivals internationaux, pourra optimiser les avant-premières de son documentaire How to Save a Dead Friend daté au 28 juin (le documentaire, qui faisait lui aussi partie de la sélection Acid Cannes 2022, a récemment obtenu le Label Oh My Doc!).

*avec un estimatif de 1,8 spectateurs par connexion

Séance Cuult' de Seule la Terre est éternelle au Grand Rex de Paris, en bien au-delà, en novembre dernier © La Vingt-Cinquième Heure