« Aline s’est éteinte à l’issue d’un ultime combat face à un mal très agressif », a annoncé ce jour sa famille dans un communiqué. Elle s’était récemment retirée du métier, en cédant le Caméo Commanderie et Caméo Saint-Sébastien, « très fière que ce soit un duo de jeunes exploitantes, Flore Tournois et Charline Tabaraud, qui prenne sa relève », souligne sa famille.
L’exploitante a mené ses batailles jusqu’à son dernier souffle, « avec force et virulence » selon ses proches, notamment au sein de Scare, où elle est administratrice de 2011 à 2023 et qu’elle co-préside de 2015 et 2018. La concurrence féroce des circuits face aux salles art et essai de centre-ville, les effets nocifs des cartes illimitées sur les salles indépendantes qui y auront souscrit, ou encore les punaises de lit sont autant de « combats sur lesquels elle regrettera toujours d’être trop peu écoutée », indiquent ses proches. « Sa voix discordante, sa pugnacité, ses coups de gueule, vont manquer à la profession. Son enthousiasme, sa générosité, sa fougue, vont manquer à ses très nombreux.ses ami.e.s. »
Laurent Geissmann connaissait Aline Rolland depuis ses années de projectionniste et programmatrice au Ciné Poche au Mans, qu’elle contribue à transformer en « place forte de l’art et essai ». Le programmateur du GPCI, à l’époque distributeur de dessins animés japonais, se remémore qu’elle a été « parmi les premières à passer les cycles ciné mangas, de Goldorak à Akira », et décrit « quelqu’un d’entier… qui avait un “sale caractère”, capable de fâcheries solides, mais avant tout battante ».
Après une formation en 1984 à l’école Louis Lumière et un apprentissage aux 400 coups d’Angers, Aline Rolland a fait ses classes à Quimper, au Festival Premiers Plans, et aux Rencontres Henri Langlois de Poitiers. Elle laissera une trace forte au Ciné Poche au Mans, ainsi qu’à l’Association des cinémas de l’Ouest pour la recherche (Acor) dont elle devient déléguée. Repérée par son PDG de l’époque Alain Van Gennep, elle intègre les Cinémas UGC, où elle s’occupera notamment des sites de Noisy-Le-Grand, d’Apollo à Nantes (le premier “cinéma à 10 francs”) et le Ciné Cité Atlantis (premier multiplexe de province à proposer de la VO et de l’art et essai).
En 2008, elle commence l’acquisition progressive, auprès de Michel Humbert, des historiques Caméo Commanderie et Saint Sébastien de Nancy. Dès sa première année de pleine activité, en 2014, elle recevra le Trophée de l’exploitante décerné par Le Film français et son jury de professionnels, « récompensant à la fois son esprit entrepreneurial et sa programmation ».
Aline Rolland nous a quittés le 26 juin ; elle avait 60 ans.
Toutes nos pensées pour sa mère, ses sœurs… et ses chats, Lino et Orson.
Partager cet article