De la pédagogie, de l’entrain… et La Grosse Bande-Annonce 2021 !

Carole Scotta, coprésidente du DIRE et directrice de Haut et Court, et Isabelle Gibbal-Hardy, vice-présidente de l’AFCAE et directrice du cinéma Le Grand Action étaient les invitées de L’Émission Boxoffice Pro du 17 décembre.

Après un message de Pierre Niney plaidant pour l’économie de la Culture et la réouverture des cinémas, nos deux invitées, dont les organisations ont saisi le Conseil d’État pour contester la décision du gouvernement de ne pas rouvrir les salles, ont commenté le sens de ce recours. Pour Carole Scotta, il s’agit d’abord d’un « signal très fort pour dire au gouvernement que l’on n’est pas d’accord et faire de la pédagogie, expliquer comment on fonctionne ». Même avis du côté de l’AFCAE qui a décidé de se joindre au référé surtout pour amorcer une concertation pour l’avenir. « La décision du gouvernement est inadmissible : cela ne doit plus jamais se reproduire dans l’histoire de l’exploitation et de la distribution. Roselyne Bachelot a été combative mais n’a elle-même pas été entendue au sein du gouvernement, qui ne sait pas comment nous travaillons », estime Isabelle Gibbal-Hardy.

La ministre de la Culture a reçu les organisations représentatives du cinéma il y a deux jours, auxquelles elle va permettre de rencontrer le conseil scientifique. « Il est en effet très important pour nous d’expliquer qu’il nous faut au moins entre deux et trois semaines pour préparer la sortie et la reprise de nos films. Mais il faut aussi absolument évaluer les bénéfices/risques d’une réouverture des salles. On sait que le risque sanitaire en salle est très faible voire nul et que les bénéfices seraient immenses, à un moment où les admissions en hôpital psychiatrique et les suicides augmentent », note la présidente du DIRE. « Il faut allumer les lumières pour lutter contre l’obscurantisme et redéfinir le monde de demain. »
Comme elle, Isabelle Gibbal-Hardy estime que la date de réouverture ne doit pas être soumise à condition, et que le stop and go est fatal. Un premier signe a été donné ce matin par la ministre de la Culture, qui sur les ondes de France Inter, a envisagé une réouverture des salles décorrélée de la situation sanitaire. 

Besoin de visibilité

L’enjeu d’une réouverture le 15 décembre était d’avoir une semaine blanche permettant de reprendre en salles les films arrêtés, « ce que ne permet pas la clause de revoyure du 7 janvier avec un objectif de réouverture le 20 janvier », estime Carole Scotta. Elle rappelle que pour les distributeurs, l’objectif est d’organiser un calendrier des sorties avant le prochain rendez-vous cannois. « Au rythme de 10 à 15 nouveaux films par semaine, il ne sera pas possible de sortir tous les films que nous avons en attente et de faire rentrer huit mois d’exploitation dans les cinq mois qui nous séparent de Cannes ». Dès lors, y a-t-il une tentation chez les indépendants de diffuser certaines œuvres sur les plateformes ? Pour la présidente du DIRE, cela dépend avant tout des films eux-mêmes, « qui n’intéressent pas tous les plateformes ». Et dans le cas de Drunk par exemple, que Haut et Court a sorti le 14 octobre, « l’expérience collective était extraordinaire, les spectateurs applaudissaient dans les salles et cela n’aurait rien à voir avec le fait de le regarder seul chez soi. »
Concernant la chronologie des médias qui devrait évoluer avec l’arrivée de nouveaux investisseurs, les distributeurs craignent surtout que la fenêtre VOD à l’acte et DVD disparaisse, « alors qu’elle est une étape très importante pour amortir la sortie de nos films. Même si les plateformes qui investissent doivent avoir des avantages, il faut préserver les fondamentaux »Quant à la fenêtre salle, impensable d’y toucher à nouveau pour la vice-présidente de l’AFCAE : « c’est l’exposition naturelle d’un film, ce n’est pas une fenêtre ! »

Interrogée sur les aides mises en place pour le secteur, Carole Scotta reconnaît que « le CNC a été au rendez-vous, et doit nous entendre à nouveau sur les frais de promotion perdus. Mais les aides ne compenseront pas les pertes subies ni celles à venir. Aujourd’hui il est nécessaire de penser sur le long terme, car ce virus ne sera pas le dernier. » Du côté des salles art et essai, la situation économique est excessivement tendue tant pour les salles privées, qui doivent négocier avec leurs banquiers, que municipales, soumises aux arbitrages des élus. « Les deux millions de plus prévus pour l’art et essai vont permettre d’éviter l’écrêtement sur les subventions, et d’avoir des aides supplémentaires  pour l’éducation à l’image, qui est le nerf de la guerre. » Isabelle Gibbal Hardy alerte aussi sur le fait que beaucoup de salles n’ont pas encore fait la demande pour les mesures phares que sont le fond de compensation des pertes et le soutien automatique renforcé. 

La Grosse Bande Annonce 2021 

Enfin, L’Émission de ce jeudi 17 décembre a été l’occasion de dévoiler aux professionnels la soirée événement AlloCiné : un live longue durée dans lequel tous les talents du cinéma français sont invités à venir présenter leurs films à voir en salles en 2021. « En gros, l’équivalent de la journée distributeurs du Congrès des exploitants, mais pour les spectateurs », a résumé Yoann Sardet, le rédacteur en chef d’AlloCiné. Date visée : vendredi 15 janvier, avec toutes celles et ceux qui feront le cinéma en 2021 !

Et retrouvez l’intégralité de L’Émission de ce jeudi par ici :