Chine, l’année du dragon essoufflé

Yolo, le plus gros succès dans cinémas chinois, en 2024, de et avec Jia Ling (photo), a suscité un engouement national pour la boxe, le fitness… et l'émancipation féminine ! © Alibaba Pictures Group

Entre ralentissement économique et mutation des pratiques, le marché cinématographique de l’Empire du Milieu a régressé en 2024, mais réserve toujours de belles surprises et perspectives. 

Contrairement au parcours français, l’année avait bien commencé pour les cinémas chinois, de nombreux titres locaux affichant de solides performances durant les vacances du Nouvel an, en février, grand temps fort habituel de la fréquentation. Toutefois, l’élan est brisé dès l’été – où le box-office chute de 44 % par rapport à la même saison en 2023 –, et ni la “Golden Week” autour de la Fête nationale en octobre, ni les sorties de fin d’année ne parviendront à rattraper la mise.

Avec 42,5 milliards de yuans (environ 5,7 milliards d’euros) comptabilisés par la China Film Administration en 2024, le box-office chinois affiche donc un recul de 23 % de ses recettes par rapport à l’année précédente – et de 34 % par rapport à son année 2019 record. En termes de fréquentation, les cinémas ont attiré 1,01 milliard de spectateurs, contre près de 1,3 milliard en 2023. La faute à la production locale – passée de 792 à 612 longs-métrages d’une année sur l’autre – et son éventuelle inadéquation avec le public chinois ? Ou à des changements plus profonds et inquiétants, où la crise économique se conjugue avec les bascules d’un public de plus en plus accaparé par les contenus courts du web, face à un  parc de salles et des conditions d’accueil qui se dégradent ?

Toujours est-il que les titres chinois occupent les 8 premiers rangs du top 10 annuel, tandis que Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire décroche la neuvième place, et Le Garçon et le Héron d’Hayao Miyazaki la dixième – là où, en 2023, l’intégralité du top 10 était dominé par le cinéma national. De fait, les films étrangers, qui ont tant de peine à décrocher le sésame du visa d’exploitation en Chine, étaient plus nombreux qu’à l’accoutumée, dont Alien : Romulus de Fede Alvarez qui y a réalisé ses meilleures recettes mondiales, et The Pig, the Snake and the Pigeon, film de genre…. taïwanais, qui a su conquérir un marché sino-continental, qui ne perd rien de sa primauté. En cette année 2025 du serpent, le dragon pourrait bien reprendre du poil de la bête.

[Article initialement par dans le Boxoffice Pro du 22 janvier 2024]

Yolo, le plus gros succès dans cinémas chinois, en 2024, de et avec Jia Ling (photo), a suscité un engouement national pour la boxe, le fitness… et l'émancipation féminine ! © Alibaba Pictures Group

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