Prétendants solides, les films de Justine Triet et Thomas Cailley se sont largement imposés durant la cérémonie, par ailleurs marquée par la prise de parole de Judith Godrèche mettant le cinéma français face à la réalité des violences sexistes et sexuelles qu’il a abrité.
La compétition a battu son plein durant cette 49e cérémonie des César, qui s’est tenu vendredi 23 février depuis l’Olympia, alors que Le Règne animal et Anatomie d’une chute constituaient des prétendants solides pour rafler la mise. Justine Triet et son film auront finalement tiré leur épingle du jeu avec six récompenses, dont celles du meilleur film et de la meilleure réalisation, devenant ainsi la seconde femme lauréate de ce prix, après Toni Marshall en 2000. Fer de lance du Pacte, Anatomie d’une chute repart également avec le César de la meilleure actrice (Sandra Hüller), du meilleur acteur dans un second rôle (Swann Arlaud), du meilleur scénario original et du meilleur montage.
L’épopée animalière de Thomas Cailley ne demeure pas en reste avec cinq statuettes sur 12 nominations ; la quasi totalité dans les catégories techniques (meilleurs effets visuels, meilleure photo, meilleur son et meilleurs costumes). Andrea Laszlo De Simone complète le palmarès du Règne animal avec le César de la meilleure musique originale. Studiocanal peut également compter le César de la meilleure actrice dans un second rôle d’Adèle Exarchopoulos pour Je verrai toujours vos visages.
Parmi les autres événements de la soirée, la victoire d’Arieh Worthalter dans la catégorie meilleur acteur pour son rôle dans Le Procès Goldman, le huis clos judiciaire au 380 000 entrées distribué par Ad Vitam. Ella Rumpf et Raphaël Quenard sont pour leur part repartis avec les César des meilleures révélations féminine et masculine, respectivement pour leur rôle dans Le Théorème de Marguerite et Chien de la casse. Par ailleurs, le film de Jean-Baptiste Durand a remporté le César du meilleur premier film, tandis que Les Filles d’Olfa de Kaouther Ben Hania, déjà récompensé de l’Œil d’or au Festival de Cannes, s’est illustré dans la catégorie meilleur documentaire Côté animation, le long métrage Linda veut du poulet ! a été préféré par l’Académie. S’il avait été plébiscité par la critique, le long métrage de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach n’avait rassemblé que 126 000 spectateurs.
« Où êtes-vous ? »
La cérémonie a été jalonnée par des prises de paroles d’acteurs et actrices, la remise des César d’honneur à Agnès Jaoui et Christopher Nolan et un discours puissant de Judith Godrèche à la suite de ses plaintes pour viol contre les réalisateurs Jacques Doillon et Benoît Jacquot : « Pourquoi accepter que cet art que nous aimons tant, cet art qui nous lie soit utilisé comme une couverture pour un trafic illicite de jeunes filles ? », a-t-elle déclaré, prenant à partie la « curieuse famille » du cinéma français. Je parle, mais je ne vous entends pas, ou à peine. Où êtes-vous ? »
Dans le sillage de ces déclarations, Justine Triet a prolongé son discours en recevant le prix du meilleur film : « Je voudrais dédier ce César à toutes les femmes, celles qui se sentent coincées dans leurs choix, dans leur solitude, celles qui existent trop et celles qui n’existent pas assez, à celles qui réussissent et à celles qui ratent, et enfin celles qu’on a blessées et qui se sont libérées en parlant », a-t-elle lancé en fin de cérémonie.
Le palmarès :
- César du meilleur film : Anatomie d’une chute de Justine Triet (Le Pacte)
- César de la meilleure réalisation : Justine Triet pour Anatomie d’une chute (Le Pacte)
- César du meilleur acteur : Arieh Worthalter dans Le Procès Goldman (Ad Vitam)
- César de la meilleure actrice : Sandra Hüller dans Anatomie d’une chute (Le Pacte)
- César du meilleur acteur dans un second rôle : Swann Arlaud dans Anatomie d’une chute (Le Pacte)
- César de la meilleure actrice dans un second rôle : Adèle Exarchopoulos dans Je verrai toujours vos visages (Studiocanal)
- César de la meilleure révélation masculine : Raphaël Quenard dans Chien de la casse (Bac Films)
- César de la meilleure révélation féminine : Ella Rumpf dans Le Théorème de Marguerite (Pyramide)
- César du meilleur premier film : Jean-Baptiste Durand pour Chien de la casse (Bac Films)
- César du meilleur scénario original : Justine Triet pour Anatomie d’une chute (Le Pacte)
- César de la meilleure adaptation : Valérie Donzelli et Audrey Diwan pour L’Amour et les Forêts (Diaphana)
- César du meilleur documentaire : Les Filles d’Olfa de Kaouther Ben Hania (Jour2Fête)
- César du meilleur film de long métrage d’animation : Linda veut du poulet ! de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach (Gebeka)
- César du meilleur film de court métrage de fiction : L’Attente de Alice Douard
- César du meilleur court métrage d’animation : Été 96 par Mathilde Bédouet (Miyu Distribution)
- César du meilleur montage : Laurent Sénéchal pour Anatomie d’une chute (Le Pacte)
- César de la meilleure photo : David Cailley pour Le Règne animal (Studiocanal)
- César des meilleurs décors : Stéphane Taillasson pour Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan et Milady (Pathé)
- César des meilleurs costumes : Ariane Daurat pour Le Règne animal (Studiocanal)
- César du meilleur son : Fabrice Osinski, Raphaël Sohier, Matthieu Fichet et Niels Barletta pour Le Règne animal (Studiocanal)
- César de la meilleure musique originale : Andrea Laszlo De Simone pour Le Règne animal (Studiocanal)
- César des meilleurs effets visuels : Cyrille Bonjean, Bruno Sommier et Jean-Louis Autret pour Le Règne animal (Studiocanal)
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